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La pierre et le sabre

La pierre et le sabre

Titel: La pierre et le sabre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eiji Yoshikawa
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« la
Perche de séchage » fendit d’abord l’air, puis le corps convulsé du plus
proche escrimeur.
    La vue de leur camarade si
facilement tué paralysa l’esprit des autres ; chacun recula tour à tour en
heurtant le suivant comme autant de boules de billard. Profitant de leur
désorganisation manifeste, l’assaillant, d’un revers de son épée, porta un coup
si violent au deuxième qu’il l’envoya rouler dans les joncs en poussant des
cris aigus.
    Le jeune homme considérait de ses
yeux étincelants les cinq restants, qui s’étaient entre-temps disposés autour
de lui comme les pétales d’une fleur. S’assurant l’un l’autre de l’infaillibilité
de leur tactique présente, ils reprirent assez de confiance en eux-mêmes pour
se gausser à nouveau du jeune homme. Mais, cette fois, leurs paroles
tremblantes sonnaient faux.
    Enfin, poussant un violent cri de
guerre, l’un des hommes bondit en avant et frappa. Il était sûr d’avoir touché.
En fait, la pointe de son sabre manqua sa cible de soixante bons centimètres,
et termina sa courbe en heurtant une pierre dans un grand bruit de ferraille. L’homme
tomba en avant, ce qui l’exposa complètement.
    Au lieu de tuer une proie aussi
facile, le jeune homme fit un bond de côté, et s’attaqua au suivant. Les trois
autres n’attendirent pas la fin de son cri d’agonie pour s’enfuir à toutes
jambes.
    Le jeune homme, l’air terrible,
tenait son épée à deux mains.
    — Lâches ! vociférait-il.
Revenez-vous battre ! C’est donc là le fameux style Yoshioka dont vous
êtes si fiers ? Provoquer quelqu’un, et puis prendre la fuite ? Peu
étonnant que la Maison de Yoshioka soit devenue un objet de risée.
    Pour n’importe quel samouraï digne
de ce nom, de telles insultes étaient pires que des crachats ; pourtant,
les ex-poursuivants du jeune homme étaient bien trop occupés à courir pour s’en
inquiéter.
    En cet instant, près de la digue,
on entendit les grelots d’un cheval. Le fleuve et les champs gelés reflétaient
assez de clarté pour que le jeune homme aperçût une silhouette à cheval, et une
autre qui la suivait en courant. Le souffle avait beau geler en jaillissant de
leurs narines, si grande était leur hâte qu’ils paraissaient oublieux du froid.
Les trois samouraïs en fuite faillirent se heurter au cheval, que son cavalier
arrêta brutalement.
    Reconnaissant les trois hommes, Seijūrō
les foudroya du regard.
    — Qu’est-ce que vous
fabriquez ici ? aboya-t-il. Où courez-vous comme ça ?
    — C’est... c’est le Jeune Maître !
bégaya l’un d’eux.
    Ueda Ryōhei, apparaissant
derrière le cheval, leur tomba dessus :
    — Qu’est-ce que cela veut
dire ? Vous êtes censés escorter le Jeune Maître, bande de fous ! Je
suppose que vous étiez trop occupés à vider encore une querelle d’ivrognes.
    Les trois hommes, consternés mais
vertueusement indignés, débitèrent leur histoire : comment, loin de vider
une querelle d’ivrognes, ils avaient défendu l’honneur de l’école Yoshioka et
de son maître, et comment il leur était arrivé malheur aux prises avec un
jeune, mais démoniaque samouraï.
    — Regardez ! s’écria l’un
d’eux. Le voilà qui arrive.
    Des yeux terrifiés regardèrent
approcher l’ennemi.
    — Paix ! ordonna Ryōhei,
écœuré. Vous parlez trop. Vous êtes bien qualifiés pour défendre l’honneur de l’école !
Nous n’arriverons jamais à faire oublier vos exploits. Ecartez-vous ! Je
vais me charger de lui moi-même.
    Il prit une attitude de défi, et
attendit.
    Le jeune homme s’élançait vers
eux.
    — Debout, et battez-vous !
criait-il. La fuite est-elle la version Yoshioka de l’Art de la guerre   ?
Personnellement je ne veux pas vous tuer mais ma « Perche de séchage »
a encore soif. Vous ne pouvez moins faire, lâches que vous êtes, que d’y
laisser votre tête.
    Il courait le long de la digue à
pas de géant, plein de confiance ; on eût dit qu’il allait bondir droit
par-dessus la tête de Ryōhei, lequel cracha dans ses mains et réempoigna
son sabre, la mine résolue.
    A l’instant où le jeune homme
passait en trombe à côté de lui, Ryōhei poussa un cri perçant, leva son
sabre au-dessus du manteau doré de l’adversaire, l’abattit furieusement, et
rata son coup.
    Faisant halte aussitôt, le jeune
homme se retourna et s’exclama :
    — Quoi ? Encore un ?
    Tandis que Ryōhei, emporté
par son élan,

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