Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La pierre et le sabre

La pierre et le sabre

Titel: La pierre et le sabre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eiji Yoshikawa
Vom Netzwerk:
plaisirs.
    Quand la lettre était arrivée à
Kyoto, certains des disciples les plus sûrs, écœurés par la vie déréglée du
Jeune Maître, avaient grommelé devant son absence en un moment aussi crucial.
Exaspérés par l’insulte de ce rōnin isolé, ils se lamentaient sur la mort
de Kempō. Après en avoir beaucoup discuté, ils avaient convenu d’informer Seijūrō
de la situation, et de veiller à ce qu’il regagnât Kyoto sans délai. Or,
maintenant que la lettre lui avait été remise, Seijūrō se contenta de
la poser sur ses genoux sans l’ouvrir.
    Avec une irritation visible, Ryōhei
lui demanda :
    — ... Vous ne croyez pas que
vous devriez la lire ?
    — Quoi donc ? Ah !
ça ? dit Seijūrō d’un air absent.
    Il déroula la lettre, et la lut.
Ses doigts se mirent à trembler malgré lui – trouble provoqué non par
la force du langage et du ton de Musashi mais par son propre sentiment de
faiblesse et de vulnérabilité. Les dures paroles de rejet d’Akemi avaient déjà
détruit son calme et blessé son amour-propre de samouraï. Jamais il ne s’était
senti aussi désemparé.
    Le message de Musashi était simple
et sans détours :
     
    Vous portez-vous bien depuis ma dernière lettre ?
Conformément à ma promesse antérieure, je vous écris pour vous demander où,
quel jour et à quelle heure nous nous rencontrerons. Je n’ai pas de préférence
particulière, et j’accepte que notre rencontre promise ait lieu à l’heure et à
l’endroit que vous m’indiquerez. Je vous prie d’afficher votre réponse près du
pont de l’avenue Gojō, un peu avant le septième jour de la nouvelle année.
    Je suis persuadé que vous avez perfectionné votre escrime,
comme d’habitude. J’ai moi-même le sentiment d’avoir fait quelques légers
progrès.
    Shimmen Miyamoto Musashi.
     
    Seijūrō fourra la lettre
dans son kimono, et se leva.
    — Je rentre tout de suite à
Kyoto, déclara-t-il.
    Il disait cela moins par
détermination que parce que ses émotions confuses l’empêchaient de rester un
instant de plus là où il se trouvait. Il lui fallait s’en aller, tourner le dos
le plus tôt possible à toute cette affreuse journée.
    A grand fracas, l’aubergiste fut
convoqué et prié de prendre soin d’Akemi, tâche qu’il n’accepta qu’à contrecœur
malgré l’argent que Seijūrō  lui glissa.
    — Je me servirai de ton
cheval, dit-il sommairement à Ryōhei.
    Comme un bandit en fuite, il sauta
en selle et s’éloigna rapidement à travers les sombres rangées d’arbres,
laissant Ryōhei le suivre comme il pouvait.
     
     
     
« La perche de séchage »
     
    — Un homme avec un singe ?
Oui, il est passé par ici voilà un moment.
    — Avez-vous remarqué de quel
côté il allait ?
    — Par là, vers le pont de Nōjin.
Mais il ne l’a pas traversé... il m’a semblé qu’il entrait dans la boutique de
l’armurier, là-bas.
    Après un bref conciliabule, les
élèves de l’école Yoshioka s’éloignèrent en trombe, laissant leur informateur
bouche bée, se demandant ce que signifiait toute cette histoire.
    Bien que l’heure de la fermeture
vînt de sonner pour les boutiques qui longeaient le fossé est, l’armurerie
était encore ouverte. L’un des hommes entra, interrogea l’apprenti, et ressortit
en criant :
    — Temma ! Il est parti
dans la direction de Temma !
    Et les voilà qui s’élancent.
    L’apprenti avait dit qu’au moment
précis où il allait fermer les volets pour la nuit, un samouraï à longue mèche
sur le devant avait mis à terre un singe auprès de la porte, s’était assis sur
un tabouret, et avait demandé à voir le maître. Apprenant qu’il était sorti, le
samouraï avait déclaré qu’il voulait faire aiguiser son épée, mais qu’elle
était beaucoup trop précieuse pour la confier à quelqu’un d’autre que le maître
en personne. Il avait aussi insisté pour voir des échantillons du travail de l’armurier.
    L’apprenti lui avait montré bien
poliment quelques lames ; mais le samouraï, après les avoir examinées, n’avait
manifesté que réprobation.
    — Il semble qu’ici vous ne
vous occupiez que d’armes ordinaires, dit-il sans ménagement. Je ne crois pas
que je doive vous confier la mienne. Elle est bien trop belle ; c’est l’œuvre
d’un maître de Bizen. On la nomme « la Perche de séchage ». Regardez !
C’est la perfection même.
    L’apprenti, amusé par la
vantardise du jeune homme,

Weitere Kostenlose Bücher