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La pierre et le sabre

La pierre et le sabre

Titel: La pierre et le sabre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eiji Yoshikawa
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elle-même tournée
contre lui. Comme il semblait que tous les habitants de son propre village le
considéraient comme un ennemi, il se trouvait dans une impasse.
    Il pensa : « Il serait
trop difficile de dire à Otsū la véritable raison pour laquelle son fiancé
n’est pas revenu. Peut-être que je ferais mieux de la dire à la vieille... C’est
ça ! Si je lui explique tout, elle pourra l’annoncer doucement à Otsū.
Alors, je n’aurai plus aucune raison de traîner par ici. »
    Sa décision prise, Takezō se
remit en route, mais il savait qu’il ne fallait pas s’approcher du village avant
la nuit. Avec une grosse pierre il en cassa une autre en petits morceaux, et en
lança un à un oiseau en vol. L’animal étant tombé, Takezō prit à peine le
temps de le plumer avant de mordre dans la chair chaude et crue, tant il avait
faim. Tout en dévorant sa proie, il se remit en marche ; mais soudain, il
entendit un cri étouffé. L’inconnu qui l’avait aperçu détalait comme un fou à travers
bois. Irrité de penser qu’on le haïssait et qu’on le craignait – qu’on le
persécutait – sans raison, il cria : « Attendez ! »,
et se mit à courir comme une panthère après la silhouette du fugitif.
    L’homme ne courait pas aussi vite
que Takezō qui le rattrapa sans peine. Il se révéla être un des villageois
qui venait dans les montagnes faire du charbon de bois, et Takezō le
connaissait de vue. L’ayant saisi au collet, il le ramena dans une petite clairière.
    — Pourquoi vous enfuyez-vous ?
Ne me connaissez-vous pas ? Je suis l’un d’entre vous, Shimmen Takezō
de Miyamoto. Je ne vais pas vous manger. Vous savez, c’est très mal élevé de
fuir les gens sans même leur dire bonjour !
    — Ou-ou-ou-ou-i, monsieur !
    — Asseyez-vous !
    Takezō relâcha son étreinte
sur le bras de l’homme, mais le pitoyable personnage reprit la fuite, obligeant
Takezō à lui botter le derrière et à faire comme s’il allait le frapper de
son sabre de bois. L’homme se recroquevillait par terre en gémissant comme un
chien, les mains sur la tête.
    — Ne me tuez pas !
criait-il d’un ton pathétique.
    — Alors, répondez à mes
questions.
    — Je vous dirai ce que vous
voudrez... Mais ne me tuez pas ! J’ai une femme et une famille.
    — Personne ne songe à vous
tuer. Je suppose que les collines fourmillent de soldats, hein ?
    — Oui.
    — Est-ce qu’ils surveillent
de près le Shippōji ?
    — Oui.
    — Est-ce que les hommes du
village me recherchent encore, aujourd’hui ?
    Pas de réponse.
    — ... Etes-vous l’un d’entre
eux ?
    L’homme se leva d’un bond,
secouant la tête à la façon d’un sourd-muet.
    — Non, non, non !
    — Assez ! cria Takezō.
    Empoignant fermement le cou de l’homme,
il demanda :
    — ... Et ma sœur ?
    — Quelle sœur ?
    —  Ma sœur, Ogin, de la
Maison de Shimmen. Ne fais pas l’imbécile. Tu as promis de répondre à mes
questions. Je ne blâme pas vraiment les villageois d’essayer de me capturer :
les samouraïs les y forcent ; mais je suis certain qu’ils ne lui feraient
jamais de mal, à elle. Je me trompe ?
    L’homme répondit avec trop d’innocence :
    — Je ne sais rien de tout ça.
Absolument rien.
    Takezō leva prestement son
sabre au-dessus de la tête de l’homme, comme pour frapper.
    — Attention ! Je doute
beaucoup de ce que tu me chantes là. Il est arrivé quelque chose, hein ?
Accouche, ou je te défonce le crâne !
    — Attendez ! Arrêtez !
Je vais parler ! Je vais tout vous dire !
    En joignant des mains suppliantes,
tout tremblant, le fabricant de charbon de bois raconta comment on avait emmené
Ogin prisonnière, et comment il avait été signifié au village que quiconque
nourrirait ou abriterait Takezō serait considéré automatiquement comme un
complice. Chaque jour, rapportait-il, les soldats conduisaient des villageois
dans les montagnes, et tous les deux jours, chaque famille devait fournir un
jeune homme à cet effet.
    Ces renseignements donnèrent la
chair de poule à Takezō. Ce n’était pas de la peur, mais de la rage. Pour
s’assurer qu’il avait bien entendu, il demanda :
    — De quel crime accuse-t-on
ma sœur ?
    Ses yeux brillaient de larmes.
    — Aucun de nous n’en sait
rien. Nous avons peur du seigneur du district. Nous ne faisons que ce qu’on
nous dit de faire, voilà tout.
    — Où ont-ils emmené ma sœur ?
    — Le bruit court

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