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La pierre et le sabre

La pierre et le sabre

Titel: La pierre et le sabre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eiji Yoshikawa
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d’une arrière-salle.
Eclairée par la lanterne de papier qu’elle tenait à la main, sa face ridée
pâlit à la vue de son visiteur.
    — Toi ! cria-t-elle.
    — J’ai quelque chose d’important
à vous dire, se hâta d’annoncer Takezō. Matahachi n’est pas mort ; il
est bien vivant, et en bonne santé. Il vit avec une femme. Dans une autre province.
Je ne puis vous en dire davantage, car je n’en sais pas davantage. Vous seriez
bien aimable de tâcher d’annoncer la nouvelle à Otsū de ma part. J’en
serais moi-même incapable.
    Immensément soulagé d’avoir
délivré ce message, il se disposait à repartir, mais la vieille le rappela.
    — Où as-tu l’intention d’aller
ensuite ?
    — Je dois m’introduire dans
la palanque de Hinagura pour délivrer Ogin, répondit-il avec tristesse. Après
ça, je m’en irai n’importe où. Je tenais seulement à vous dire, à vous et à
votre famille ainsi qu’à Otsū, que je n’ai pas laissé Matahachi mourir. En
dehors de cela, je n’ai aucune raison de rester ici.
    — Je vois.
    Osugi faisait passer sa lanterne d’une
main à l’autre en vue de gagner du temps. Puis elle lui fit signe d’entrer.
    — ... J’imagine que tu as
faim, non ?
    — Voilà des jours que je n’ai
pas eu de véritable repas.
    — Pauvre garçon !
Attends ! Je suis justement en train de faire la cuisine, et je peux te
donner un bon dîner chaud en un rien de temps. Ce sera mon cadeau de départ. Et
n’aimerais-tu pas prendre un bain pendant que je te prépare ton dîner ?
    Takezō en restait sans voix.
    — ... Ne prends pas cet air
étonné. Takezō, ta famille et la nôtre sont liées depuis l’époque du clan
d’Akamatsu. Je ne crois pas que tu devrais t’en aller du tout, mais je ne te
laisserai sûrement pas partir sans te donner un bon et solide repas !
    Takezō fut à nouveau dans l’incapacité
de répondre. Il leva le bras pour s’essuyer les yeux. Cela faisait longtemps,
longtemps que nul n’avait été aussi bon pour lui. Il en était venu à considérer
tout le monde avec suspicion et méfiance ; or, il se rappelait soudain
quel effet cela faisait d’être traité en être humain.
    — ... Et maintenant,
dépêche-toi d’aller te baigner, lui dit Osugi d’un ton de grand-mère. C’est
trop dangereux de rester ici : quelqu’un pourrait te voir. Je te porterai
un gant de toilette, et pendant que tu te laveras je te sortirai le kimono de
Matahachi et des sous-vêtements. Va, prends ton temps et décrasse-toi bien.
    Elle lui tendit la lanterne, et
disparut à l’intérieur de la maison. Presque Aussitôt, sa bru quitta la
demeure, traversa le jardin en courant, et s’enfonça dans la nuit.
    De la maison de bains, où se
balançait la lanterne, venait un bruit d’eau.
    — Ça va ? cria d’un ton
jovial Osugi. Assez chaud ?
    — Juste à point ! Je me
sens ressuscité ! cria Takezō en réponse.
    — Prends ton temps et
réchauffe-toi bien. Le riz n’est pas encore prêt.
    — Merci. Si j’avais su que ce
serait comme ça, je serais venu plus tôt.
    Il parla encore deux ou trois fois
mais le bruit de l’eau couvrait sa voix, et Osugi ne répondit pas.
    La bru ne fut pas longue à
reparaître au portail, tout essoufflée. Elle était suivie d’une troupe de
samouraïs et de patrouilleurs. Osugi sortit de la maison, et leur parla bas.
    — Ah ! vous lui avez
fait prendre un bain. Très adroit, dit l’un des hommes avec admiration. Oui, c’est
parfait ! Cette fois, nous le tenons, c’est sûr !
    S’étant scindés en deux groupes,
les hommes rampèrent prudemment comme autant de crapauds vers le feu qui
flambait sous le bain. Quelque chose – quelque chose d’indéfinissable – mit
la puce à l’oreille de Takezō ; il regarda par une fente de la porte.
Ses cheveux se dressèrent sur sa tête.
    — Je suis pris au piège !
s’écria-t-il.
    Il se trouvait nu comme un ver, la
maison de bains était minuscule, et il n’avait pas le temps de réfléchir. De l’autre
côté de la porte il avait aperçu ce qui lui semblait être une foule d’hommes
armés de gourdins, de lances et de matraques.
    — ... Très bien, espèces de
salauds, vous allez voir ce que vous allez voir, gronda-t-il.
    Peu lui importait de savoir
combien ils étaient. Ici comme ailleurs, la seule chose qu’il savait faire
était d’attaquer plutôt que d’être attaqué. Tandis que ceux qui voulaient le
capturer s’avançaient

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