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La pierre et le sabre

La pierre et le sabre

Titel: La pierre et le sabre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eiji Yoshikawa
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es-tu certain qu’elle vienne de sa chambre ? Elle doit se
sentir bien seule. Tu dois aller dormir.
    Jōtarō commençait à
comprendre dans quel dilemme se trouvait Musashi ; pourtant, il avait l’air
un peu renfrogné tandis qu’il se tenait là, tournant le dos à son maître. Il se
rendait compte qu’il ne pouvait insister davantage. Levant son visage baigné de
larmes, il s’accrocha à l’ultime et faible espoir :
    — Quand vous aurez fini vos
études, verrez-vous Otsū, lui ferez-vous la cour ? Oui, n’est-ce pas ?
Quand vous croirez avoir étudié suffisamment longtemps...
    — Oui, ce jour-là.
    — Ça sera quand ?
    — C’est difficile à dire.
    — Deux ans, peut-être ?
    Musashi ne répondit pas.
    — Trois ans ?
    — La voie de la discipline
est sans fin.
    — Vous ne reverrez jamais Otsū
de votre vie ?
    — Si les talents avec
lesquels je suis né sont les bons, peut-être un jour atteindrai-je mon but.
Sinon, il se peut que je sois toute ma vie aussi stupide que je le suis
maintenant. Mais il est possible que je meure bientôt. Comment un homme qui a
cette perspective pourrait-il s’engager pour l’avenir auprès d’une femme aussi
jeune qu’Otsū ?
    Il en avait dit plus qu’il ne
voulait. Jōtarō parut déconcerté puis déclara triomphalement :
    — Inutile de promettre à Otsū
quoi que ce soit. Je vous demande seulement de la voir.
    — Ce n’est pas aussi simple. Otsū
est une jeune femme. Je suis un jeune homme. Il m’est désagréable de te l’avouer,
mais si je la rencontrais je serais vaincu par ses larmes, je le crains. Je
serais incapable de m’en tenir à ma décision.
    Musashi n’était plus l’impétueux
adolescent qui avait repoussé Otsū au pont de Hanada. Il était moins
égocentrique, moins désinvolte, plus patient et beaucoup plus doux. Peut-être
le charme de Yoshino eût-il réveillé les flammes de la passion si Musashi n’avait
rejeté l’amour à la façon dont l’eau éteint le feu. Toutefois, quand la femme
était Otsū, Musashi manquait de confiance en sa maîtrise de soi. Il savait
qu’il ne devait point penser à cette jeune fille sans envisager l’effet qu’il
risquait d’avoir sur sa vie à elle.
    Jōtarō entendit la voix
de Musashi près de son oreille :
    — ... Tu comprends, maintenant ?
    L’enfant s’essuya les yeux mais
lorsqu’il écarta la main de son visage et regarda autour de lui, il ne vit qu’un
épais brouillard sombre.
    —  Sensei  !
cria-t-il.
    Il eut beau courir jusqu’à l’angle
du long mur de terre, il savait bien que ses cris ne ramèneraient jamais le
jeune homme. Il appuya son visage contre le mur ; les larmes jaillirent à
nouveau. Il se sentait complètement vaincu, une nouvelle fois, par le
raisonnement d’un adulte. Il pleura jusqu’à ce que sa gorge se serrât au point
que nul son n’en sortît ; mais des sanglots convulsifs continuèrent à lui
secouer les épaules.
    Remarquant une femme devant la
porte des domestiques, il pensa qu’il devait s’agir d’une des filles de cuisine
qui rentrait d’une course tardive, et se demanda si elle l’avait entendu pleurer.
La silhouette obscure leva son voile et s’avança lentement vers lui.
    — Jōtarō ? C’est
toi, Jōtarō ?
    — Otsū ! Que
faites-vous ici, dehors ? Dans votre état !
    — Je m’inquiétais à ton
sujet. Pourquoi es-tu parti sans rien dire à personne ? Où donc étais-tu
pendant tout ce temps ? On a allumé les lampes, on a fermé le portail, et
tu n’étais toujours pas rentré. Je ne peux te dire à quel point j’étais
inquiète.
    — Vous êtes folle. Et si
votre fièvre remonte ? Retournez vous coucher tout de suite !
    — Pourquoi pleurais-tu ?
    — Je vous le dirai plus tard.
    — Je veux le savoir
maintenant. Pour te bouleverser à ce point, il doit s’être passé quelque chose.
Tu as couru après Takuan, n’est-ce pas ?
    — Euh... oui.
    — As-tu découvert où se
trouve Musashi ?
    — Takuan est mauvais. Je le
déteste !
    — Il ne te l’a pas dit ?
    — Euh... non.
    — Tu me caches quelque chose.
    — Oh ! vous êtes
impossibles, tous les deux ! gémit Jōtarō. Vous et mon imbécile
de maître. Je ne peux rien vous dire avant que vous ne vous couchiez et que je
ne vous mette une serviette froide sur la tête. Si vous ne rentrez pas tout de
suite, je vous fais rentrer de force.
    La saisissant d’une main par le
poignet et tambourinant de l’autre à la

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