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La pierre et le sabre

La pierre et le sabre

Titel: La pierre et le sabre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eiji Yoshikawa
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siècle environ, avaient renoncé
à toute ambition militaire ; ils s’étaient tournés vers le commerce et l’artisanat.
On les reconnaissait maintenant comme une classe à part, et dans l’ensemble
conservatrice.
    Le peuple comprenait aussi de
nombreux samouraïs qui ménageaient la chèvre et le chou en attendant de voir si
les Toyotomis renverseraient les Tokugawas, ainsi qu’un certain nombre de chefs
militaires parvenus qui, bien que manquant de noblesse, réussissaient à
posséder des armées personnelles d’une importance considérable. Il y avait
aussi nombre de rōnins  pareils à ceux de Nara.
    Hédonistes et débauchés abondaient
dans toutes les classes, en sorte que la quantité des débits de boissons et des
bordels était disproportionnée par rapport à la dimension de la ville.
    Plutôt que les convictions
politiques, l’opportunisme avait tendance à déterminer le loyalisme d’une
partie substantielle de la population. L’on nageait dans le sens du courant ;
l’on saisissait toutes les occasions qui semblaient favorables.
    Une histoire qui circulait en
ville à l’époque de la nomination d’Itakura, en 1601, disait qu’avant d’accepter,
il demanda à Ieyasu l’autorisation de consulter son épouse. De retour chez lui,
il lui déclara : « Depuis la nuit des temps, d’innombrables hommes, à
des postes honorifiques, ont accompli des actions remarquables, mais ont fini
par attirer l’opprobre sur eux-mêmes et leur famille. Le plus souvent, leur
épouse ou leur famille sont à l’origine de leur échec. C’est pourquoi j’estime
capital de discuter avec toi de cette nomination. Si tu me jures de ne pas te
mêler de mes activités de magistrat, j’accepte le poste. »
    L’épouse accepta volontiers,
avouant que « les femmes n’ont pas à intervenir dans ce genre d’affaire ».
Puis, le lendemain matin, comme Itakura partait pour le château d’Edo, elle
constata que le col du sous-vêtement de son époux était de travers. A peine l’eut-elle
touché qu’il l’admonesta : « Tu as déjà oublié ton serment. » Il
lui fit jurer de nouveau qu’elle n’interviendrait pas. De façon générale, on s’accordait
sur le fait qu’Itakura était un fonctionnaire efficace, sévère, mais juste, et
que Ieyasu avait été sage de le choisir.
    A la mention de son nom, les
samouraïs détournèrent les yeux de Musashi. Les hommes d’Itakura patrouillaient
de façon régulière dans le quartier, et chacun s’écartait à distance respectueuse.
Un jeune homme se fraya un chemin jusque dans l’espace libre, devant Musashi.
    — Attendez ! cria-t-il
de la voix de stentor qui avait donné l’alerte.
    Avec un sourire affecté, Sasaki Kojirō
déclara :
    — ... Je descendais de mon
palanquin lorsque j’ai appris qu’une bataille allait éclater. Depuis quelque
temps, je craignais que cela ne se produisît. Je suis consterné de voir qu’elle
a lieu ici et maintenant. Je ne suis pas un partisan de l’école Yoshioka. De
Musashi moins encore. Toutefois, en ma qualité de guerrier et d’homme d’épée de
passage, je me crois qualifié pour lancer un appel au nom du code du guerrier
et de la classe des guerriers dans son ensemble.
    Il s’exprimait avec force, avec
éloquence, mais d’un ton protecteur et parfaitement arrogant.
    — ... Laissez-moi vous
demander ce que vous allez faire à l’arrivée de la police. N’auriez-vous pas
honte d’être pris dans une vulgaire bagarre de rue ? Si vous forcez l’attention
des autorités, elles ne traiteront pas cela comme une rixe ordinaire entre
bourgeois. Mais la question n’est pas là... L’heure est mal choisie. Le lieu
aussi. Quand des samouraïs troublent l’ordre public, la honte en rejaillit sur
la classe militaire tout entière. En tant que l’un des vôtres, je vous enjoins
de mettre immédiatement fin à ce comportement indécent. S’il faut que vous
croisiez le fer pour vider votre querelle, alors, au nom du ciel, respectez les
règles de l’art. Choisissez un temps et un lieu !
    — Très juste ! dit Jūrōzaemon.
Mais si nous fixons un temps et un lieu, pouvez-vous nous garantir que Musashi
s’y présentera ?
    — Je le ferais volontiers,
mais...
    — Pouvez-vous le garantir ?
    — Que répondre ?
Demandez à Musashi !
    — Peut-être avez-vous en tête
de l’aider à s’échapper !
    — Ne soyez pas stupide !
Si je devais me montrer partial envers lui, vous me provoqueriez

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