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La pierre et le sabre

La pierre et le sabre

Titel: La pierre et le sabre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eiji Yoshikawa
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porte, il cria furieusement :
    — ... Ouvrez ! La malade
est ici, dehors. Si vous ne vous dépêchez pas, elle va geler sur place !
     
     
     
Un toast au lendemain
     
    Matahachi fit halte sur la route
caillouteuse, et s’essuya le front. Il avait couru tout le chemin de l’avenue
Gojō à la colline de Sannen. Sa face était fort rouge, mais plus à cause
du saké qu’il avait bu que de son exceptionnel effort physique. Il plongea sous
le portail en ruine et contourna, toujours courant, la maisonnette au-delà du
jardin potager.
    — Mère ! appela-t-il d’un
ton pressant, puis il jeta un coup d’œil à l’intérieur et marmonna :
Est-ce qu’elle dort encore ?
    Après s’être arrêté au puits pour
se laver les mains et les pieds, il entra dans la maison. Osugi cessa de
ronfler, ouvrit un œil et se réveilla.
    — Pourquoi fais-tu un pareil
vacarme ? demanda-t-elle d’un ton rogue.
    — Ah ! tu te réveilles
enfin ?
    — Que veux-tu dire ?
    — Il suffit que je m’asseye
une minute pour que tu commences à ronchonner sur ma paresse, et m’asticotes
pour que je recherche Musashi.
    — Eh bien, répliqua Osugi
indignée, je te prie de me pardonner d’être vieille. Ma santé a besoin de
sommeil, mais tout va bien du côté de l’esprit. Je ne me sens pas bien depuis
la nuit où Otsū est partie. Et mon poignet, à l’endroit où Takuan l’a saisi,
me fait mal encore.
    — Pourquoi faut-il que chaque
fois que je me sens bien tu te mettes à te plaindre de quelque chose ?
    Les yeux d’Osugi lancèrent des
éclairs.
    — Tu ne m’entends pas souvent
me plaindre, en dépit de mon âge. As-tu appris quelque chose, sur Otsū ou
Musashi ?
    — Les seules personnes de la
ville à ne pas avoir appris la nouvelle, ce sont les vieilles femmes qui
dorment du matin au soir.
    — La nouvelle ! Quelle
nouvelle ?
    Aussitôt, Osugi se rapprocha de
son fils.
    — Musashi va se battre pour
la troisième fois contre l’école Yoshioka.
    — Quand ? Où ?
    — Il y a une pancarte, à
Yanagimachi, qui fournit tous les détails. La chose aura lieu demain matin de
bonne heure au village d’Ichijōji.
    — Yanagimachi ! C’est le
quartier réservé.
    Les yeux d’Osugi rétrécirent.
    — ... Que faisais-tu donc à
traîner au milieu de la journée dans un pareil endroit ?
    — Je ne traînais pas,
répondit Matahachi sur la défensive. Tu prends toujours les choses en mauvaise
part. J’étais là parce que c’est un bon endroit pour attraper des nouvelles.
    — Passons ; simple
taquinerie de ma part. Je suis satisfaite que tu te sois rangé, et ne retournes
pas à la mauvaise vie que tu menais. Mais j’ai bien entendu ? Tu dis bien demain
matin ?
    — Oui, à cinq heures.
    Osugi réfléchit.
    — Ne m’as-tu pas dit que tu
connaissais quelqu’un à l’école Yoshioka ?
    — Si, mais je ne l’ai pas
rencontré dans des circonstances très favorables. Pourquoi ?
    — Je veux que tu me conduises
à l’école, immédiatement. Prépare-toi.
    Matahachi fut encore une fois
frappé par l’impétuosité des gens âgés. Sans bouger, il dit froidement :
    — Pourquoi s’exciter ?
Il n’y a pas le feu. Qu’espères-tu, en allant à l’école Yoshioka ?
    — Offrir nos services, bien
sûr.
    — Hein ?
    — Ils vont tuer Musashi
demain. Je leur demanderai de nous laisser nous joindre à eux. Il se peut que
nous ne soyons pas d’un grand secours, mais du moins pourrons-nous sans doute
recevoir un bon coup.
    — Tu plaisantes, mère !
dit en riant Matahachi.
    — Qu’y a-t-il de si drôle ?
    — Tu es si naïve !
    — Comment oses-tu me parler
ainsi ? C’est toi, le naïf.
    — Au lieu de discuter, sors
et regarde autour de toi. Les Yoshiokas sont assoiffés de sang ; c’est
leur dernière chance. Les règles du combat n’auront pour eux aucun sens. Ils ne
pourront sauver la maison de Yoshioka qu’en tuant Musashi... par n’importe quel
moyen. Ce n’est pas un secret qu’ils vont l’attaquer en force.
    — Vraiment ? ronronna
Osugi. Alors, Musashi est perdu... Non ?
    — Je n’en suis pas sûr. Peut-être
amènera-t-il des renforts. En ce cas, il s’agira d’une véritable bataille.
Beaucoup de gens croient que c’est là ce qui se produira.
    — Peut-être ont-ils raison,
mais cela reste ennuyeux. Nous ne pouvons rester les bras croisés à laisser
quelqu’un d’autre le tuer après l’avoir aussi longtemps recherché.
    — Je suis

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