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La pierre et le sabre

La pierre et le sabre

Titel: La pierre et le sabre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eiji Yoshikawa
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plus fastidieux, rien qui m’ennuie davantage que de faire une visite
à un daimyō. En outre, si la question de tes activités à Miyamoto venait
par hasard sur le tapis tandis que nous bavarderions en prenant le thé, il me
serait difficile de mentir. Cela se terminerait sans doute pour toi par l’obligation
de te suicider pour incompétence. Dès le début, je t’ai conseillé de cesser de
me menacer, mais vous autres, guerriers, vous êtes tous les mêmes. Vous ne
pensez jamais aux conséquences. Et c’est là votre plus grave défaut.
Maintenant, pose ton sabre, et je te dirai autre chose.
    Atterré, le capitaine obéit.
    — ... Bien entendu, tu n’ignores
rien de L’Art de la guerre, du général Sun-tzu... tu sais, l’ouvrage classique
chinois sur la stratégie militaire ? Je suppose que tout guerrier de ton
rang connaît à fond un livre aussi important. Quoi qu’il en soit, la raison
pour laquelle je le mentionne est que j’aimerais te donner une leçon illustrant
l’un des principes essentiels du livre. Je voudrais te montrer comment capturer
Takezō sans perdre aucun autre de tes propres hommes, ni causer aux
villageois plus d’ennuis que tu ne l’as déjà fait. Or, cela a trait à ton
travail officiel, aussi aurais-tu intérêt à m’écouter avec attention.
    Il se tourna vers la jeune fille.
    — ... Otsū, verse au
capitaine une autre tasse de saké, veux-tu ?
    Le capitaine était un
quadragénaire ; il avait une dizaine d’années de plus que Takuan ; et
pourtant, leurs visages en cet instant indiquaient nettement que la force de
caractère n’est pas une question d’âge. La langue acérée de Takuan avait rendu
humble son aîné dont l’air bravache avait disparu. Doux comme un mouton, il
répondit :
    — Non, je ne veux plus de
saké. J’espère que vous me pardonnerez. Je ne me doutais pas que vous étiez un
ami du seigneur Terumasa. J’ai bien peur d’avoir été très grossier.
    Il était abject au point d’en être
comique, mais Takuan se retint d’insister.
    — Oublions cela. Ce dont je
veux discuter, c’est du moyen de capturer Takezō. C’est là ce que vous
devez faire pour exécuter vos ordres et conserver votre honneur de samouraï, n’est-ce
pas ?
    — Oui.
    — Bien entendu, je sais aussi
qu’il vous est égal de mettre du temps à attraper l’homme. Après tout, plus
cela prend de temps, plus vous pouvez rester au temple à manger, boire et faire
les yeux doux à Otsū.
    — Je vous en prie, ne parlez
plus de ça. Surtout devant Sa Seigneurie.
    Le soldat ressemblait à un enfant
prêt à fondre en larmes.
    — Je suis disposé à tenir
toute l’affaire secrète. Mais si ces courses de toute la journée dans les
montagnes continuent, les cultivateurs connaîtront des ennuis sérieux. Non
seulement les cultivateurs, mais aussi tous les autres. Tous les habitants de
ce village sont trop bouleversés, trop effrayés pour se concentrer sur leur
travail normal. Or, selon moi, vous n’avez pas utilisé la bonne stratégie. En
fait, je ne crois pas que vous ayez utilisé de stratégie du tout. Si je
comprends bien, vous ne connaissez pas L’Art de la guerre  ?
    — J’avoue à ma honte que non.
    — Eh bien, vous avez raison d’avoir
honte ! Et il ne faut pas vous étonner que je vous traite de benêt. Vous
avez beau être un personnage officiel, vous êtes d’une inculture lamentable et
d’une totale inefficacité. Mais à quoi bon vous répéter une évidence ? Je
me bornerai à vous faire une proposition. J’offre personnellement de capturer
pour vous Takezō avant trois jours.
    —  Vous , le capturer ?
    — Vous croyez que je
plaisante ?
    — Non, mais...
    — Mais quoi ?
    — Mais en comptant les
renforts venus de Himeji, tous les paysans et les simples soldats, voilà près
de trois semaines que plus de deux cents hommes battent les montagnes.
    — Je ne l’ignore pas.
    — Et comme c’est le
printemps, Takezō a l’avantage. A cette époque de l’année, la nourriture
ne manque pas là-haut.
    — Dans ce cas, attendrez-vous
qu’il neige ? Encore environ huit mois ?
    — Euh... non, je ne crois pas
que nous puissions nous le permettre.
    — Certes non. Voilà
précisément pourquoi j’offre de le capturer pour vous. Je n’ai besoin d’aucune
aide ; je peux le faire seul. Pourtant, à la réflexion, je devrais
peut-être emmener Otsū avec moi. Oui, à nous deux nous suffirons.
    — Vous ne parlez

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