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La Prison d'Édimbourg

La Prison d'Édimbourg

Titel: La Prison d'Édimbourg Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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vous avez un bel exemple aujourd’hui ! qu’il vous serve de leçon ! ne songez pas tant à vos rubans et à vos falbalas !
    Laissons la bonne dame déclamer contre les vanités du monde, et transportons-nous dans la nouvelle chambre où Effie venait d’être enfermée ; car les prisonniers condamnés sont toujours resserrés plus étroitement que lorsqu’ils n’étaient qu’accusés.
    Elle était plongée depuis une heure dans cet état de stupeur et d’anéantissement si naturel à sa situation, quand elle en fut retirée par le bruit des verrous de sa porte qui s’ouvraient.
    Ratcliffe entra. – C’est votre sœur qui vient vous voir, lui dit-il.
    – Je ne veux voir personne, s’écria Effie avec aigreur, et ma sœur moins que personne. Dites-lui qu’elle prenne soin de son père. Je ne suis rien pour eux maintenant, et ils ne sont rien pour moi.
    – Elle dit pourtant qu’il faut qu’elle vous voie, répondit Ratcliffe.
    Et au même instant Jeanie, se précipitant dans la chambre, courut embrasser sa sœur en fondant en larmes, tandis que celle-ci cherchait à se soustraire à ses embrassemens.
    – À quoi bon ces pleurs ? dit Effie. N’est-ce pas vous qui êtes cause de ma mort, puisqu’un seul mot de votre bouche pouvait me sauver ? moi qui suis innocente ! innocente du crime dont on m’accuse au moins ! moi qui aurais donné ma vie pour vous sauver un doigt de la main !
    – Vous ne mourrez point ! s’écria Jeanie avec enthousiasme. Dites de moi, pensez de moi ce qu’il vous plaira, mais promettez-moi que vous n’attenterez pas à vos jours, car je connais votre cœur fier, et je crains votre désespoir. Non ! vous ne mourrez point de cette mort honteuse !
    – Non, Jeanie, je ne mourrai pas de cette mort honteuse. Je l’ai bien résolu. Je n’attendrai pas qu’on me conduise sur un échafaud. J’ai mangé ma dernière bouchée de pain.
    – Oh ! c’est là ce que je craignais ! s’écria Jeanie.
    – Laissez donc ! laissez donc ! dit Ratcliffe à Jeanie : vous ne connaissez rien à tout cela. Il n’y a personne qui, après avoir été condamné à mort, ne forme une pareille résolution, et il n’y a personne qui l’exécute. On y songe à deux fois. Je sais cela par expérience. J’ai entendu lire trois fois ma sentence de mort, et cependant vous me voyez ici, moi, James Ratcliffe. Si, dès la première fois, et il ne s’agissait que d’une vache rousse qui ne valait pas dix livres sterling, j’avais serré trop fort le nœud de ma cravate comme j’en avais envie, où en serais-je à présent ?
    – Et comment vous êtes-vous échappé ? lui demanda Jeanie ; le destin de cet homme, qui lui était d’abord si odieux, prenant un nouvel intérêt à ses yeux, depuis qu’elle y trouvait quelque conformité avec celui de sa sœur.
    – Comment je me suis échappé ? répondit-il en clignant l’œil d’un air malin : – ah ! d’une manière qui ne réussira jamais à personne dans cette prison tant que j’en aurai les clefs.
    – Ma sœur en sortira à la face du soleil, dit Jeanie. Je vais aller à Londres. Je vais demander son pardon au roi et à la reine. Puisqu’ils avaient fait grâce à Porteous, ils peuvent bien l’accorder à Effie. Quand une sœur leur demandera à genoux la vie de sa sœur, ils ne la lui refuseront pas ; ils ne pourront la lui refuser, et ils gagneront mille cœurs par cet acte de clémence.
    Effie l’écoutait avec surprise. Elle voyait tant d’assurance dans l’enthousiasme de Jeanie, qu’un rayon d’espoir se glissa malgré elle dans son cœur, mais la réflexion le fit bientôt évanouir.
    – Le roi et la reine demeurent à Londres, Jeanie, bien loin d’ici, bien loin au-delà de la mer ! – Je serai morte avant que vous y soyez seulement arrivée.
    – Non, non, ma sœur, ce n’est pas si loin que vous le croyez, et je sais qu’on y va par terre. Reuben Butler m’en a parlé plusieurs fois.
    – Ah ! Jeanie, vous êtes bien heureuse ! vous n’avez jamais eu que des amis qui vous ont donné de bons conseils, tandis que moi… et elle se couvrit le visage des deux mains en pleurant amèrement.
    – Ne pensez point à cela maintenant, ma sœur : vous en aurez le temps, si la vie vous est accordée. Adieu ; à moins que je ne meure en route, je verrai celui qui peut pardonner. – Ô monsieur, dit-elle à Ratcliffe, ayez de l’humanité pour elle, protégez-la ! hélas ! c’est la

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