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La Prison d'Édimbourg

La Prison d'Édimbourg

Titel: La Prison d'Édimbourg Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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troublé les gens de la maison ; mais, comme elle ne pouvait supposer qu’on l’eût tout-à-fait oubliée, elle pensa qu’il était convenable qu’elle attendît dans l’appartement où elle était que quelqu’un vînt faire attention à elle.
    La première personne qui entra fut, à son grand contentement, une personne de son sexe, une espèce de femme de charge d’un âge mûr. Jeanie lui expliqua sa situation en peu de mots, et réclama son assistance.
    La dignité de la femme de charge ne lui permettait pas de montrer trop de familiarité à une personne qui était dans le rectorat pour une affaire de police et dont le caractère pouvait bien lui paraître douteux ; mais elle fut polie, quoique réservée.
    Elle lui apprit que son jeune maître avait eu le malheur de tomber de cheval il y avait peu de jours, et que cet accident lui occasionait de fréquentes faiblesses ; qu’il venait d’en éprouver une qui avait alarmé toute la maison, et qu’il était impossible que Sa Révérence vît Jeanie avant quelque temps, mais qu’elle pouvait être sûre que le recteur ferait pour elle tout ce qui serait juste et convenable, dès qu’il pourrait s’occuper de son affaire. Elle conclut cette déclaration en offrant de conduire Jeanie dans une chambre où elle pourrait attendre le loisir de Sa Révérence.
    Notre héroïne profita de cette occasion pour demander à changer et ajuster ses vêtemens.
    La femme de charge, qui mettait la propreté au nombre des premières vertus d’une femme, entendit cette demande avec plaisir, et en prit une idée plus favorable de la jeune personne contre laquelle elle avait d’abord conçu quelque prévention ; quand elle la revit une heure après, à peine put-elle reconnaître la voyageuse aux vêtemens sales et chiffonnés, dans la petite Écossaise propre, fraîche et de bonne mine, qu’elle avait devant les yeux. Flattée d’un changement qui lui plaisait, mistress Dalton l’engagea à dîner avec elle, et ne fut pas moins charmée de son maintien honnête et décent pendant le dîner.
    – Sais-tu lire dans ce livre, jeune fille ? lui dit mistress Dalton après le dîner en mettant la main sur une grande Bible.
    – Je l’espère ainsi, madame, répondit Jeanie ; mon père aurait préféré manquer de bien des choses plutôt que de souffrir que je manquasse de cette leçon.
    – C’est faire son éloge, mon enfant. Il y a trop de-gens qui ne voudraient pas se priver de leur part d’un pluvier de Leicester (ce qui n’est autre chose qu’un pouding) quand il ne s’agirait que de jeûner pendant trois heures pour mettre leurs pauvres enfans en état de lire la Bible d’un bout à l’autre. Mais prends le livre, ma fille, car j’ai les yeux bien fatigués, et lis au hasard, c’est le seul livre où tu ne puisses pas mal tomber {102} .
    Jeanie était d’abord tentée de choisir la parabole du bon Samaritain ; mais elle se reprocha cette idée. Sa conscience lui dit que ce serait vouloir faire servir les saintes Écritures non pas à sa propre édification, mais à engager les autres à lui accorder les secours dont elle avait besoin. Elle lut donc un chapitre du prophète Isaïe ; et, malgré son accent écossais, elle mit dans sa lecture tant d’onction et de ferveur, que mistress Dalton en fut enchantée.
    – Ah ! si toutes les Écossaises vous ressemblaient ! lui dit-elle. Mais notre malheur a voulu qu’il ne nous vînt de ce pays que des diablesses incarnées plus méchantes les unes que les autres. Si vous connaissiez quelque brave fille comme vous, qui cherchât à se placer, eût une bonne réputation, ne voulût pas courir toutes les foires et les veillées, et consentît à porter tous les jours des bas et des souliers, je pourrais trouver à l’occuper ici. Auriez-vous une cousine, une sœur à qui cette place pourrait convenir ?
    Une pareille demande rouvrit toutes les blessures du cœur de Jeanie. Heureusement l’arrivée du même domestique qu’elle avait déjà vu la dispensa d’y répondre.
    – Mon maître désire voir la jeune fille d’Écosse, dit-il en entrant.
    – Rendez-vous auprès de Sa Révérence, ma chère enfant, dit mistress Dalton ; contez-lui toute votre histoire, et ayez confiance en lui. En attendant je vais vous préparer du thé, avec un petit pain bien beurré ; c’est ce que vous voyez rarement en Écosse.
    – Mon maître attend ! dit Thomas d’un ton d’impatience.
    – Mon maître !

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