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La Prison d'Édimbourg

La Prison d'Édimbourg

Titel: La Prison d'Édimbourg Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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pour prouver ce dernier point, il fit examiner son fusil qui était encore chargé ; on fit entrer un mouchoir blanc dans le canon, et on l’en retira sans qu’il fût noirci ; mais des témoins déposèrent qu’il avait tiré avec le fusil d’un soldat à qui il l’avait rendu ensuite, et tous les soldats déclarèrent qu’ils n’avaient pas fait feu sans ordre. Parmi les personnes tuées ou blessées, il s’en trouvait qui n’appartenaient pas aux derniers rangs du peuple ; car quelques soldats, par humanité, ayant voulu tirer par-dessus les têtes des mutins, leurs coups avaient porté dans les fenêtres du premier étage, où se trouvaient des citoyens paisibles ; les réclamations devinrent donc générales, et le capitaine Porteous fut renvoyé devant la haute cour de justice criminelle.
    La fermentation était encore au plus haut degré quand le procès commença, et le jury eut la tâche difficile de prononcer dans une affaire où il s’agissait de la vie d’un homme, sur des témoignages entièrement contradictoires. Des témoins respectables déposaient qu’ils avaient entendu le capitaine donner à ses soldats l’ordre de faire feu, qu’ils l’avaient vu prendre le fusil d’un de ses soldats, et tirer sur un homme qu’ils avaient vu tomber ; d’autres attestaient qu’ils étaient placés de manière à pouvoir entendre et voir le capitaine, qu’ils ne l’avaient ni entendu donner l’ordre de faire feu, ni vu tirer lui-même, et que le premier coup avait été tiré par un soldat qui était à côté de lui. Une partie de sa défense roulait sur l’attitude menaçante de la populace, et sur ce point les dépositions ne variaient pas moins. Suivant les uns, l’insurrection avait pris un caractère alarmant qu’on ne pouvait trop tôt réprimer ; suivant les autres, ce n’était qu’un tumulte sans conséquence, tel qu’on en voyait tous les jours d’exécution, où l’exécuteur des hautes-œuvres et tous ceux qui étaient chargés de prêter main-forte à la justice, toujours assaillis par les cris et les imprécations de la populace, étaient même exposés à recevoir quelques coups de pierres. Le verdict des jurés prouve comment ils apprécièrent tous ces témoignages. Ils déclarèrent que le capitaine Porteous était convaincu d’avoir donné l’ordre de faire feu et tiré lui-même sur le peuple, mais qu’il avait été provoqué par les pierres lancées contre lui et sa troupe. Sur cette déclaration, les lords de la cour le condamnèrent à être pendu à un gibet sur la place ordinaire des exécutions, en arrêtant que tous ses biens-meubles seraient confisqués au profit du roi conformément aux lois d’Écosse, en cas de meurtre volontaire.

CHAPITRE IV.
 
    « L’heure est sonnée, où donc est le coupable ? »
    KELPIE.
    Le jour que le malheureux Porteous devait subir sa sentence, le lieu de l’exécution, quelque spacieux qu’il fût, était rempli au point qu’on y étouffait. Il n’existait pas une fenêtre qui ne fût garnie d’un triple rang de spectateurs, dans tous les bâtimens qui en forment la circonférence, et dans ceux de la rue étroite de Bow, par laquelle la procession fatale devait passer en descendant de High-Street. L’élévation et la forme antique de ces maisons, dont quelques unes, ayant appartenu aux Templiers et aux chevaliers de Saint-Jean, offraient encore sur leur façade et leurs pignons la croix de fer de ces ordres, ajoutaient un nouvel effet à une scène si frappante par elle-même. La place de Grassmarket ressemblait à un grand lac couvert de têtes humaines, au milieu duquel s’élevait le long poteau noir et sinistre d’où pendait la corde fatale. L’intérêt qu’inspire un objet est proportionné à l’usage qu’il doit avoir et aux idées qu’il rappelle : une pièce de bois élevée en l’air et un bout de corde, choses si simples en elles-mêmes, étaient en cette occasion les causes d’une espèce de terreur solennelle.
    Le plus grand silence régnait dans une assemblée si nombreuse : si quelqu’un parlait, c’était à voix basse. La soif de la vengeance était devenue moins ardente par la certitude qu’on croyait avoir qu’elle allait être apaisée. La populace même, sans cesser d’être implacable, s’abstenait de toutes clameurs, et semblait disposée à jouir en silence et avec plus de modération que de coutume de la vue des terribles représailles qui allaient être

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