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La Prison d'Édimbourg

La Prison d'Édimbourg

Titel: La Prison d'Édimbourg Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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menottes qu’on lui apporta étant trop étroites pour les poignets d’un homme aussi puissant que Wilson, Porteous employa toutes ses forces pour les serrer, et ne parvint à les faire servir qu’en soumettant le malheureux condamné à une espèce de torture. Wilson se récria contre cette barbarie, et lui représenta que la douleur qu’il lui faisait souffrir l’empêchait de selivrer aux réflexions sérieuses qu’exigeait sa situation.
    – C’est bon, c’est bon ! répondit le capitaine ; vos souffrances ne dureront pas long-temps.
    – Vous êtes bien cruel, répondit Wilson ; vous ne savez pas si un jour vous n’aurez point à réclamer vous-même la pitié que vous me refusez. Que Dieu vous pardonne !
    Ce peu de mots, qu’on répéta bien des fois par la suite, furent la seule conversation qui eut lieu entre le capitaine et son prisonnier pendant tout le chemin. Mais ils avaient été entendus ; ils se répandirent parmi le peuple, augmentèrent l’intérêt qu’on prenait à Wilson, et excitèrent une indignation générale contre Porteous, qui, remplissant toujours avec rigueur et dureté les fonctions dont il était chargé, s’était déjà attiré la haine universelle, quelquefois à juste titre, plus souvent par suite des préventions conçues contre lui pour des torts imaginaires.
    Lorsque cette marche pénible fut terminée, et que Wilson, avec l’escorte qui le conduisait, fut arrivé au pied de l’échafaud, dans Grassmarket, aucun symptôme d’insurrection ne se manifesta. Le peuple voyait ce spectacle avec plus d’intérêt qu’à l’ordinaire ; on pouvait remarquer sur plusieurs visages cette expression farouche d’indignation qui devait animer les anciens Cameroniens témoins du supplice de leurs frères exécutés sur la même place en glorifiant le Covenant. Cependant on ne tenta aucune violence ; Wilson lui-même paraissait disposé à franchir au plus tôt l’espace qui séparait pour lui le temps de l’éternité. À peine les prières d’usage furent-elles finies, qu’il se soumit à son sort, et la sentence de la loi fut accomplie.
    Il était suspendu au gibet depuis plus d’une demi-heure, et ne donnait plus depuis long-temps aucun signe de vie, quand tout-à-coup une agitation soudaine se manifesta parmi le peuple, comme s’il venait de recevoir une nouvelle impulsion. On jeta des pierres contre Porteous et ses soldats, dont quelques uns furent blessés, et la populace les entoura, avec des cris, des sifflets, des hurlemens et des exclamations. Au même instant un jeune homme, portant un bonnet de matelot qui lui couvrait la moitié du visage, s’élança sur l’échafaud, et coupa la corde à laquelle Wilson était encore suspendu. Plusieurs autres le suivirent, et s’emparèrent de son corps pour l’enterrer décemment, ou peut-être pour chercher à le rappeler à la vie. Cette espèce de rébellion contre l’autorité du capitaine Porteous le transporta d’une telle rage, qu’il oublia que, n’ayant été chargé que de veiller à l’exécution de la sentence, et cette sentence ayant été exécutée, il ne lui restait qu’à se retirer avec sa troupe, sans en venir à des hostilités contre le peuple. Aveuglé par la fureur, il commanda à ses soldats de faire feu, et saisissant le fusil de l’un d’eux, il leur donna en même temps l’ordre et l’exemple, et tua un homme sur la place. Une décharge générale s’ensuivit ; six ou sept hommes furent tués, et un grand nombre blessés plus ou moins dangereusement.
    Après cet acte de violence, le capitaine donna ordre à sa troupe de se retirer vers le corps-de-garde dans High-Street, et comme la populace le suivait en lui jetant de la boue et des pierres, et en le chargeant d’exécrations, la troupe fit une seconde décharge qui dispersa la multitude. Il n’est pas bien certain qu’il eût donné l’ordre de faire feu une seconde fois ; mais on le supposa, et tout l’odieux en retomba encore sur lui. En arrivant au corps-de-garde, il renvoya ses soldats, et se rendit à l’Hôtel-de-Ville, pour faire aux magistrats le rapport des tristes évènemens du jour.
    Il avait eu le temps de réfléchir chemin faisant sur sa conduite, et il avait probablement reconnu que rien ne pouvait la justifier. Il s’en convainquit encore mieux par l’accueil qu’il reçut des magistrats. Il nia qu’il eût donné l’ordre de faire feu, et qu’il eût tiré lui-même sur le peuple ; et

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