Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La Prison d'Édimbourg

La Prison d'Édimbourg

Titel: La Prison d'Édimbourg Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
Vom Netzwerk:
n’importe qui fut ou battans ou battus,
    Je sais qu’à Sheriff-Moor la bataille fut bonne.
    – Hé quoi ! s’écria le duc, ma petite Marie est-elle devenue Tory ? voilà une belle nouvelle à envoyer en Écosse par notre jeune compatriote !
    – Nous pouvons bien devenir Torys, pour les remerciemens que nous avons gagnés pour être restés Whigs, dit une de ses sœurs.
    – Taisez-vous, petits singes mécontens, et allez jouer avec vos poupées. Quant à la ballade de Rob de Dumblane :
    S’ils ne sont pas battus encore,
    Bien battus, bien battus, bien battus ;
    Nous saurons bien les battre encore,
    Les battre encore, encore, encore.
    – L’esprit de papa baisse, dit lady Marie ; comme le pauvre homme se répète ! N’est-ce pas là ce que vous chantiez sur le champ de bataille, quand on vint vous annoncer que les Highlanders avaient taillé en pièces votre aile gauche ?
    Le duc ne lui répondit qu’en lui tirant un peu les cheveux.
    – Ces braves Highlanders, s’écria-t-il, je les aimerai toujours, malgré le mal qu’ils m’ont fait alors. Mais allons, petites folles, dites donc un mot de politesse à votre compatriote. Je voudrais que vous eussiez la moitié de son bon sens. J’espère que vous aurez son bon cœur et sa loyauté.
    La duchesse s’avança alors vers Jeanie, et, d’un air aussi bienveillant qu’affable, l’assura de l’estime que lui avaient inspirée la bonté du cœur et la force d’esprit dont elle venait de donner des preuves. – Quand vous serez de retour chez vous, ajouta-t-elle, vous y recevrez de mes nouvelles.
    – Et des nôtres aussi, dirent les trois demoiselles, car vous faites honneur au pays que nous aimons tant.
    Jeanie resta tout interdite en recevant des complimens auxquels elle s’attendait si peu, car elle était loin de s’imaginer que le duc eut fait part à sa famille du malheur d’Effie, et de ce qu’elle avait fait pour la sauver. Elle ne put y répondre que par sa rougeur, en faisant à droite et à gauche des révérences, et en disant : – Bien des remerciemens ! bien des remerciemens !
    – Jeanie, dit le duc, il faut doch an dorroch {116} , sans quoi vous ne seriez pas en état de voyager.
    Il y avait sur un buffet des verres, du vin et un gâteau ; il emplit deux verres, en vida un à la santé de tous les vrais amis d’Écosse, et présenta l’autre à Jeanie.
    – Je vous remercie, monsieur, lui dit-elle, je n’ai jamais goûté de vin dans toute ma vie.
    – Et pourquoi cela, Jeanie ? ne savez-vous pas que le vin réjouit le cœur ?
    – Oui, monsieur, mais mon père est comme Jonabad, fils de Rechab, qui avait enjoint à ses enfans de ne pas boire du vin.
    – J’aurais cru à votre père plus de bon sens, mais peut-être préfère-t-il de l’eau-de-vie. Au surplus, Jeanie, si vous ne voulez pas boire, il faut que vous mangiez pour sauver l’honneur de ma maison.
    Il lui présenta le gâteau, et Jeanie s’apprêtait par obéissance à en casser un petit morceau. – Non, non ! lui dit-il, emportez-le tout entier. Vous serez peut-être bien aise de le trouver en route avant de revoir le clocher de Saint-Giles d’Édimbourg. Je voudrais bien le revoir aussitôt que vous. Adieu, bien des amitiés à tous mes bons amis d’Écosse ; bon voyage.
    Et joignant la franchise d’un soldat à l’affabilité qui lui était naturelle, il serra la main de sa protégée, fit venir Archibald, lui recommanda d’en avoir le plus grand soin, et la vit partir sans inquiétude, bien convaincu que les égards qu’il avait eus pour elle lui assuraient de la part de ses domestiques des attentions soutenues pendant tout son voyage.
    Il ne se trompait point, car les deux compagnons de Jeanie eurent pour elle tous les soins imaginables, et son retour en Écosse fut, de toutes manières, beaucoup plus agréable que le voyage qu’elle avait fait pour en venir.
    Son cœur n’était plus chargé du poids de la honte, de la crainte et du chagrin qui l’accablaient avant son entrevue avec la reine à Richemont ; mais l’esprit humain est si capricieux que, lorsqu’il ne souffre point de véritables malheurs, il s’en crée d’imaginaires. Elle était maintenant surprise et inquiète de n’avoir reçu aucune nouvelle de Butler, quoiqu’il maniât la plume bien plus facilement qu’elle.
    – Cela lui aurait coûté si peu ! pensa-t-elle ; car j’ai vu quelquefois sa plume courir sur le papier aussi vite que

Weitere Kostenlose Bücher