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La Prison d'Édimbourg

La Prison d'Édimbourg

Titel: La Prison d'Édimbourg Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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M. Butler en retour des bontés qu’il avait eues pour elle ; que quant à elle, elle savait que sa destinée ne pouvait être heureuse, mais que c’était sa propre faute, et qu’elle ne demandait pas qu’on la plaignît. Que cependant elle voulait apprendre à leurs amis, pour leur satisfaction, qu’ils n’auraient pas à rougir d’elle à l’avenir ; que celui qui lui avait fait le plus de tort était disposé à lui faire la seule réparation qui était en son pouvoir ; et qu’en conséquence elle serait, sous certains rapports, plus heureuse qu’elle ne le méritait ; mais qu’elle priait sa famille de se contenter de cette assurance, et de ne faire aucunes démarches pour savoir ce qu’elle serait devenue.
    Cette lettre n’apporta pas une grande consolation à David Deans ni à Butler ; car que pouvait-on espérer d’une malheureuse fille qui allait unir sa destinée à celle d’un homme comme Robertson ? Pouvait-on interpréter autrement la dernière phrase de sa lettre ? N’était-il pas vraisemblable qu’elle deviendrait la complice et la victime de tous ses crimes ? Jeanie, qui connaissait le rang et le nom de celui qu’on lui désignait sous le nom de Robertson, n’était pas sans une lueur d’espérance : elle augurait bien de la promptitude avec laquelle il était venu réclamer celle qu’il regardait comme son épouse, et elle se flattait qu’elle en avait déjà le titre. Si cela était, il ne lui paraissait pas probable qu’avec la fortune qu’il devait posséder un jour, et appartenant à une famille respectable, il reprît le cours de sa vie criminelle ; il devait sentir d’ailleurs qu’il y allait de sa vie qu’on ne pût jamais reconnaître l’audacieux, le coupable Robertson, dans l’héritier présomptif de la famille Willingham, et il ne pouvait être sûr que ce secret important serait gardé, qu’en changeant entièrement toutes ses habitudes, et en évitant toute liaison avec ceux qui l’avaient connu sous ce nom emprunté.
    Jeanie pensa donc qu’il était vraisemblable que Georges Staunton passerait avec son épouse sur le continent, et qu’ils y resteraient jusqu’à ce que le temps eût fait entièrement oublier l’affaire de Porteous ; et il en résultait qu’elle avait plus d’espoir pour sa sœur que son père et Butler n’en pouvaient concevoir. Elle n’osait pas cependant leur faire part de la consolation qu’elle éprouvait en songeant qu’Effie serait à l’abri des rigueurs de la pauvreté, et qu’il n’y avait guère d’apparence que son mari cherchât à l’entraîner dans les sentiers du crime ; il aurait fallu pour cela qu’elle leur fît connaître l’identité de Staunton avec Robertson ; et, malgré sa confiance en l’un et l’autre, c’était un secret qu’elle ne se croyait autorisée à révéler à qui que ce fût. Après tout, il n’était guère moins effrayant de songer que sa sœur était mariée à un homme condamné à mort pour vol à main armée, et qu’on cherchait partout pour lui faire son procès comme assassin. Ce n’était pas sans chagrin qu’elle réfléchissait aussi que, comme elle était en possession de ce dangereux secret, il était vraisemblable que, tant par un sentiment de honte que par crainte pour sa propre sûreté, il ne permettrait jamais à la pauvre Effie de la revoir.
    Après avoir lu et relu la lettre de sa sœur, elle se soulagea par un déluge de larmes, que Butler s’efforça en vain d’arrêter. Elle fut pourtant enfin obligée de s’essuyer les yeux et de retenir ses pleurs, car son père, pensant avoir laissé aux deux amans tout le temps de s’entretenir, arrivait du château avec le capitaine Duncan de Knockdunder, que ses amis se contentaient d’appeler Duncan, par abréviation, et dont Deans avait déjà parlé à sa fille sous le nom du laird de Knocktarlity.
    C’était un personnage de la première importance dans l’île de Roseneath, et même dans les paroisses du comté de Dumbarton voisines de la mer. On voit encore les ruines de la tour de Knockdunder sur un roc situé sur le bord de Holy-Loch. Duncan jurait qu’elle avait été un château royal ; si le fait est vrai, c’était un des plus petits qui eussent jamais existé, car l’intérieur-de la tour ne contenait qu’un espace de seize pieds carrés, édifice assez ridicule, vu l’épaisseur des murs, qui était de dix pieds. Quoi qu’il en soit, ce château avait donné depuis

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