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La Prison d'Édimbourg

La Prison d'Édimbourg

Titel: La Prison d'Édimbourg Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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culottes fussent raccommodées, je pourrais bien y rester toute ma vie : je n’en ai jamais mis que deux fois, quand Sa Grâce amena ici la duchesse ; encore j’empruntai du ministre une paire de culottes pour les deux jours qu’elle passa ici. Mais de par tous les diables, ni pour homme ni pour femme au monde, je ne me remettrai dans une pareille prison, sauf les cas, bien entendu, où Sa Grâce la duchesse reviendrait ici.
    La princesse de la laiterie écouta cette déclaration formelle d’un air très étonné, mais n’y répondit rien, et se mit à prouver autrement que par des paroles que les terreurs qu’elle avait éprouvées la veille n’avaient fait aucun tort à son appétit.
    Après le déjeuner, le capitaine proposa à la compagnie de monter dans sa chaloupe, pour faire voir à mistress Jeanie sa future résidence, car la paroisse de Knocktarlity ne se bornait pas à l’île de Roseneath ; une partie de son territoire était dans le comté de Dumbarton, et c’était là qu’était situé le presbytère. Il voulait aussi, ajouta-t-il, s’assurer par lui-même si l’on y avait fait tous les préparatifs nécessaires pour recevoir ceux qui devaient y habiter.
    La matinée était délicieuse ; l’ombre immense des montagnes dormait immobile sur le miroir des vagues transparentes du Frith, aussi paisibles que celles d’un lac de l’intérieur des terres. Mistress Dutton elle-même ne concevait plus aucune crainte. D’ailleurs Archibald l’avait prévenue qu’il y aurait après le sermon une espèce de banquet ; et cette annonce l’avait mise de belle humeur. – Quant à l’eau, dit-elle, elle était si calme, qu’on croyait faire une partie sur la Tamise.
    Toute la société s’embarqua donc dans une grande chaloupe que le capitaine appelait son équipage à six chevaux, et suivie d’une plus petite, qu’il nommait son gig {130} . Duncan fit gouverner vers la petite tour de l’ancienne église de Knocktarlity, et les efforts de six rameurs vigoureux leur firent faire cette traversée rapidement. À mesure qu’ils s’approchaient du rivage, les hauteurs leur semblaient s’éloigner, et une petite vallée, formée par le cours d’une rivière descendue des montagnes, se développa tout-à-coup à leurs yeux. L’aspect de la contrée était pastoral, et ressemblait, par la simplicité de ses sites, à la description d’un auteur écossais oublié aujourd’hui :
    « L’onde coulait doucement, avec un léger murmure, sur un terrain aplani ; de chaque côté les arbres étendaient leurs vastes rameaux devenus harmonieux par les chants des oiseaux qu’ils recelaient dans leur feuillage ; un épais gazon formait à leurs pieds un tapis des plus frais ; de vertes fougères décoraient la base des monts, où la chèvre et l’agneau bondissans semblaient suspendus, et broutaient les jeunes arbrisseaux. »
    Ils abordèrent dans cette Arcadie écossaise, à l’embouchure de la petite rivière qui arrosait le charmant et paisible vallon. Les habitans de toutes les classes accoururent en foule, autant pour voir les nouveaux arrivés, que pour témoigner leur respect au capitaine, qui ne leur aurait pas facilement pardonné de manquer à ce devoir. Quelques uns d’entre eux étaient des hommes selon le cœur de David Deans, de rigides presbytériens émigrés des comtés de Lennox, d’Ayr et de Lanarck, parce qu’ils étaient persécutés pour avoir pris parti pour le duc d’Argyle, aïeul du duc actuel, dans la rébellion de 1686, et à qui le père de celui-ci avait accordé un asile sur ses terres. C’étaient pour Deans des pains pétris avec le bon levain, et sans cette circonstance, dit-il à ses amis intimes, le capitaine l’aurait fait fuir du pays en vingt-quatre heures, tant il était horrible de l’entendre jurer à la moindre occasion qui venait le tenter.
    Il se trouvait aussi des paroissiens plus sauvages, descendus des lieux plus élevés, qui parlaient le gaëlique, marchaient en armes, et portaient le costume des Highlands. Mais les ordres et les précautions du duc avaient établi un si bon ordre dans ses domaines, qu’ils vivaient dans la meilleure intelligence avec leurs voisins, habitans des basses terres.
    Ils visitèrent d’abord la Manse, nom qu’on donne en Écosse aux presbytères. C’était un ancien bâtiment, mais en bon état. Il était entouré d’un petit bois de sycomores, et avait un jardin fort bien planté, borné par un ruisseau

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