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La Prison d'Édimbourg

La Prison d'Édimbourg

Titel: La Prison d'Édimbourg Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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qu’il accordait rarement aux choses étrangères à ses occupations habituelles et aux affaires religieuses. Cette circonstance fut heureuse pour l’amitié que le capitaine de Knockdunder paraissait avoir conçue pour lui, et que Deans attribuait à son mérite et à ses talens, tandis qu’il la devait réellement à la recommandation que le duc avait faite à Duncan d’avoir tous les égards possibles pour lui et pour sa famille.
    – Maintenant, messieurs, dit Duncan d’un air imposant, je suis venu pour vous inviter à souper au château. J’y ai laissé M. Archibald à demi affamé, et une femme saxonne dont les yeux semblent sortir de la tête, de surprise et d’effroi, comme si elle n’avait jamais vu un gentilhomme en philabeg.
    – Mais, dit David, Reuben Butler désire sans doute se retirer chez lui pour se préparer par la méditation à l’affaire sérieuse qui doit l’occuper, et se rendre digne de paraître devant les respectables ministres qui…
    – Ta, ta, ta, vous n’y entendez rien ! s’écria Duncan, il n’y en a pas un parmi eux dont le nez ne fût assez fin pour sentir d’ici le pâté de venaison qui nous attend, et qui n’abandonnât pour lui toutes les méditations du monde, quoi que M. Butler et vous puissiez en dire.
    David soupira ; mais comme il avait affaire à un Gallio {129} , il jugea que ce serait perdre son temps que de lui répondre. Ils suivirent donc le capitaine, et s’assirent en grande cérémonie autour d’une bonne table. La seule circonstance de toute la soirée qui mérite d’être remarquée, c’est que Butler prononça le bénédicité, que le capitaine le trouva trop long, et que Deans jugea qu’il était trop court, d’où le charitable lecteur conclura probablement qu’il était exactement de la longueur convenable.

CHAPITRE XLV.
 
    « Du roi David entonnez les cantiques,
    » Et commencez votre sabbat mystique ;
    » Chantez-nous donc les versets, les répons,
    » Et de Bangor les pieuses chansons, »
    BURNS.
    Nous voici arrivés au jour important où, suivant les formes et le rituel de l’église écossaise, Butler devait être ordonné ministre de Knocktarlity, par le presbytère de… L’attente de cet événement intéressant éveilla chacun de très grand matin, excepté pourtant la souveraine de basse-cour, mistress Dutton, qui ne devait partir pour Inverrary que dans quelques jours.
    Le capitaine, dont l’appétit était aussi aiguisé que son caractère était absolu, ne manqua pas d’avertir de bonne heure toute la compagnie de venir partager un déjeuner substantiel, composé de laitage préparé d’une douzaine de manières différentes, de viandes froides, d’œufs frais et d’œufs durs, de beurre, de fromage, d’un demi-baril de harengs bouillis et grillés, – enfin, de thé et de café pour ceux qui en voudraient, dit Duncan en ajoutant que ces deux denrées ne lui coûtaient presque que la peine de les envoyer prendre sur le bord de la mer, en montrant en même temps avec un signe expressif un petit lougre qu’on voyait à l’ancre près du rivage.
    – Est-ce que la contrebande se fait ici d’une manière si publique ? demanda Butler. Cela ne me donnerait pas bonne opinion de la morale des habitans.
    – Le duc, M. Butler, ne m’a pas donné ordre de l’empêcher, – répliqua le capitaine, convaincu que cette réponse ne pouvait rien laisser à désirer.
    Butler était prudent. Il savait que les remontrances ne sont utiles que lorsqu’elles sont faites en temps convenable, et il crut ne devoir rien dire en ce moment sur ce sujet.
    Le déjeuner était à moitié fini quand mistress Dutton arriva, aussi belle qu’une robe bleue et des rubans roses pouvaient la rendre.
    – Bonjour, madame, dit le maître des cérémonies ; j’espère que vous ne serez pas malade pour vous être levée trop tôt.
    La dame fit ses excuses au capitaine : – Mais en vérité, ajouta-t-elle, j’étais comme le maire d’Altringham, qui reste couché pendant qu’on raccommode ses culottes : la fille avait oublié de monter ma malle dans ma chambre. Eh bien ! je suppose que nous allons tous à l’église aujourd’hui ? Capitaine, oserais-je vous demander si vous comptez y aller en jupon ? Est-ce la mode dans ce pays du nord ?
    – Oui, madame, j’irai à l’église comme vous me voyez, et fort à votre service ; car si je devais rester au lit, comme votre maire je ne sais qui, jusqu’à ce que mes

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