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La Prison d'Édimbourg

La Prison d'Édimbourg

Titel: La Prison d'Édimbourg Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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essentiel à sa gloire. Un soldat des gardes du roi, nommé Francis Gordon, avait pourchassé, étant ivre, six ou sept whigs persécutés parmi lesquels était notre ami David, et après les avoir forcés de s’arrêter il allait se prendre de paroles avec eux, lorsqu’il y en eut un qui fit feu sur lui avec un pistolet et l’étendit mort. David avait coutume de rire en hochant la tête lorsqu’on lui demandait si c’était lui qui avait été l’instrument dont le ciel s’était servi pour enlever ce perfide persécuteur de la face de la terre. En effet, le mérite de cet acte était douteux entre lui et son ami Patrick Walker le colporteur, dont il aimait tant à citer les ouvrages. Ni l’un ni l’autre ne se souciait de réclamer directement le mérite d’avoir réduit au silence M. Francis Gordon, parce qu’il y avait non loin d’Édimbourg quelques cousins du garde-du-corps qui auraient pu avoir conservé encore le désir de la vengeance ; mais aucun d’eux ne voulait désavouer ou céder à l’autre l’honneur de cette défense énergique de leur culte. David disait que « s’il avait tiré un coup de pistolet ce jour-là, c’était la première et la dernière fois de sa vie ; » et quant à M. Patrick Walker, il nous a dit dans un de ses livres, « que sa grande surprise fut de voir un si petit pistolet tuer un homme si grand. » Tels sont les termes de ce vénérable biographe, dont le métier n’avait pu lui apprendre par expérience « qu’un pouce vaut une aune {127}  : » – « Il (Francis Gordon) attrapa dans la tête une balle sortie d’un pistolet de poche plutôt fait pour amuser un enfant que pour tuer un homme si furieux et si fort, et qui cependant le tua raide. »
    S’appuyant sur la base étendue que lui offrait l’histoire de l’Église pendant son court triomphe et ses longues tribulations, David aurait étourdi tout autre homme que l’amant de sa fille, lorsque, infatigable dans ses discours, il se mit à exposer ses propres règles pour guider la conscience de son ami, considéré comme aspirant au ministère. Là-dessus le brave homme trouva, en vrai casuiste, une telle variété de problèmes délicats, il supposa tant de cas extrêmes, fit des distinctions si critiques et si pointilleuses entre la droite et la gauche, entre la condescendance et la défection, – les pas rétrogrades et les déviations, – les faux pas et les chutes, – les piéges et les erreurs, – qu’enfin, après avoir borné le chemin de la vérité à la ligne mathématique, il fut conduit à admettre que la conscience de chacun, après avoir apprécié les écueils de sa navigation, devait être sa meilleure boussole. Il cita les exemples et les argumens pour et contre l’acceptation d’une église sur le modèle de la révolution actuelle, avec plus d’impartialité pour Butler qu’il n’avait pu le déduire pour lui-même ; puis il conclut qu’il devait méditer les choses et en croire la voix de sa conscience, pour savoir s’il pouvait se charger d’une fonction aussi redoutable que celle de la charge des âmes, sans faire tort à sa conviction intérieure sur ce qui était mal ou bien.
    Quand David eut terminé sa longue harangue, interrompue seulement par quelques monosyllabes de la part de Butler, l’orateur lui-même fut grandement étonné de trouver que la conclusion à laquelle il désirait naturellement arriver semblait bien moins facile à être obtenue que lorsqu’il avait discuté la question dans son esprit.
    Dans cette occasion, David, par le contraste de sa pensée et de ses paroles, ne fit que donner une nouvelle preuve de ce qu’on a dit souvent de l’excellence d’une discussion publique ; car sous l’influence de l’esprit de parti, il est certain que la plupart des hommes sont plus facilement convaincus dans le secret de leur cœur sur l’opportunité d’une mesure, que lorsque, obligés d’en vanter le mérite à un tiers parti, la nécessité de paraître impartial leur fait donner aux argumens contraires plus de latitude qu’ils ne leur en accordaient tacitement. Ayant ainsi dit tout ce qu’il avait à dire, David se crut obligé d’être plus explicite et de déclarer que ce n’était pas un cas hypothétique dont il s’agissait ; mais une question sur laquelle (grâce à son influence et à celle du duc d’Argyle), Reuben Butler serait bientôt appelé à décider.
    Ce ne fut même pas sans un sentiment

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