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La Prison d'Édimbourg

La Prison d'Édimbourg

Titel: La Prison d'Édimbourg Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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équipage à six chevaux. Jeanie réfléchit alors de nouveau si elle devait communiquer à son mari la lettre de sa sœur. Elle ne pouvait le faire sans le mettre dans la pleine et entière confidence de la situation d’Effie. Butler ne pouvait douter qu’elle ne fût partie avec ce Robertson qui avait été le principal auteur de la mort de Porteous, et qui même, avant cet événement, était sous le coup d’une condamnation à mort pour vol ; mais il ignorait que ce Robertson ne fût autre que Georges Staunton, homme de qualité, qui avait repris son rang dans le monde. Jeanie savait qu’elle pouvait compter sur la discrétion de son mari, mais le secret qu’il s’agissait de lui découvrir ne lui appartenait point, et elle se détermina à garder le silence.
    En relisant cette lettre, elle ne put s’empêcher de remarquer combien est glissante la situation précaire de ceux qui s’étant élevés par des voies obliques, ne peuvent se maintenir qu’à force de subterfuges et de mensonges dans l’élévation où ils sont parvenus, et ont toujours à craindre d’en être précipités. À la place de sa sœur, elle aurait préféré la retraite à la dissipation du monde ; mais peut-être n’était-elle pas libre du choix. Elle ne pouvait lui renvoyer le billet de cinquante livres sans paraître coupable d’une fierté déplacée ; elle résolut donc de le garder, et d’employer le montant pour donner à ses enfans une éducation plus soignée que ses propres moyens ne lui auraient permis de le faire. C’était le superflu de sa sœur, il était naturel qu’elle trouvât du plaisir à lui en faire part ; Jeanie en aurait fait autant à sa place ; un refus déguisé sous le nom de délicatesse ne serait donc qu’un véritable mouvement d’orgueil.
    Elle répondit à Effie pour lui annoncer qu’elle avait reçu sa lettre, et la pria de lui envoyer de ses nouvelles le plus souvent possible. En lui donnant des détails sur ses affaires domestiques, elle éprouvait une singulière vacillation dans ses idées, car tantôt elle pensait qu’elle lui parlait de choses peu dignes d’occuper l’attention d’une grande dame, et tantôt il lui semblait que tout ce qui la concernait devait avoir de l’intérêt pour sa sœur. Sa lettre, adressée au révérend M. Witherose, fut mise à la poste à Glascow par un habitant de la paroisse qui avait affaire en cette ville.
    La semaine suivante vit arriver le duc d’Argyle à Roseneath, et il ne tarda pas à annoncer son intention d’aller coucher à la manse après avoir chassé dans les environs, honneur qu’il avait déjà fait une ou deux fois à M. et à mistress Butler.
    Effie ne s’était pas trompée dans ses conjectures. À peine le duc fut-il assis à la droite de mistress Butler, et eut-il commencé à découper lui-même une volaille, choisie pour lui dans toute la basse-cour, qu’il se mit à parler de lady Staunton de Willingham dans le Lincolnshire, et du bruit que son esprit et sa beauté faisaient à Londres depuis quelques mois.
    Ce discours n’était pas tout-à-fait imprévu pour Jeanie ; mais l’esprit d’Effie ! c’est ce qui ne serait jamais entré dans son imagination. Elle ignorait combien il est facile à une femme jeune et jolie d’obtenir dans le grand monde une réputation d’esprit avec des manières qu’on trouverait impertinentes dans un rang inférieur.
    – Elle à été tout l’hiver la beauté à la mode, dit le duc, l’astre qui éclipsait tous les autres, l’objet de tous les hommages. C’était réellement la plus jolie femme qui fût à la cour le jour anniversaire de la naissance de Sa Majesté.
    Effie à la cour, et le jour de la naissance de Sa Majesté ! Jeanie était anéantie en se rappelant les circonstances extraordinaires de sa présentation à la reine, et la cause qui y avait donné lieu.
    – Je vous parle de cette dame, mistress Butler, continua le duc, parce que je trouve dans le son de sa voix, dans son air, dans l’ensemble de sa physionomie, quelque chose qui rappelle votre souvenir. Non pas lorsque vous êtes pâle comme en ce moment… Vous vous serez trop fatiguée ce matin. Il faut que vous me fassiez raison de ce verre de vin.
    Elle accepta le verre qu’il lui offrait, et Butler remarqua, en souriant, que dire à la femme d’un pauvre ministre qu’elle ressemblait à une beauté de la cour, c’était une flatterie dangereuse.
    – Oh ! oh ! M. Butler, s’écria le

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