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La Prison d'Édimbourg

La Prison d'Édimbourg

Titel: La Prison d'Édimbourg Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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aurait seule été présente à la mémoire du peuple ?
    Sir Georges Staunton pouvait donc parcourir le théâtre de ses anciens exploits, où il avait montré tant de courage et d’audace, sans craindre d’être poursuivi par la loi, ni même d’être découvert ou soupçonné. Mais quels sentimens devaient faire tressaillir son cœur ? C’est ce que je laisse à deviner au lecteur ; il suffira de lui apprendre quel motif avait pu être assez puissant pour lui faire affronter tant de pénibles souvenirs.
    En conséquence de la lettre écrite par Jeanie à lady Staunton, et dans laquelle elle avait transmis les aveux de Meg Murdockson et de sa fille Madge, sir Georges s’était rendu dans la ville de Carlisle, et avait trouvé encore vivant l’archidiacre Fleming, le prêtre qui avait reçu ses aveux. Ce respectable vieillard jouissait de la considération publique, et la méritait. Sir Georges crut pouvoir s’ouvrir à lui jusqu’à oser avouer qu’il était père du malheureux enfant qui avait été enlevé par Madge Wildfire, et il représenta son intrigue comme une extravagance de jeunesse de sa part, qu’il brûlait à présent d’expier, en faisant tous ses efforts pour découvrir, s’il était possible, ce que l’enfant était devenu.
    En rassemblant les idées confuses qui lui restaient à ce sujet, le vieux prêtre parvint à se rappeler que Meg Murdockson lui avait remis une lettre pour M. Georges Staunton, le jeune, au rectorat de Willingham, par Grantham ; qu’il avait fait parvenir la lettre à son adresse, et qu’elle lui avait été renvoyée avec un billet du révérend M. Staunton, recteur de Willingham, disant qu’il ne connaissait pas la personne à qui la lettre était adressée. Comme cela était arrivé précisément à l’époque où Georges avait quitté pour la dernière fois la maison de son père pour enlever Effie, il lui était facile de concevoir la cause du ressentiment qui avait porté son père à le désavouer ; c’était encore une occasion dans laquelle son caractère indomptable avait causé son malheur. S’il fut resté seulement quelques jours de plus à Willingham, il eût reçu la lettre de Meg Murdockson, dans laquelle elle décrivait exactement la personne et la retraite d’Annaple Baïlzou, la femme à laquelle elle avait remis l’enfant.
    Il paraît que ce qui avait engagé Meg Murdockson à faire ces aveux, c’était moins un sentiment de repentir, que le désir d’obtenir, par l’entremise de Georges Staunton ou de son père, des secours pour sa fille Madge. Elle disait dans sa lettre à Georges Staunton, que tant qu’elle eût vécu, sa fille n’aurait eu besoin du secours de personne ; et que, pour elle, elle ne se serait jamais mêlée de toutes ces affaires, si ce n’eût été pour se venger du mal que Georges lui avait fait à elle et aux siens. Mais elle devait mourir, et sa fille se trouverait alors sans ressource, sans avoir même la raison pour la guider. Elle avait vécu assez long-temps dans ce monde pour savoir qu’ici-bas on ne faisait rien pour rien ; voilà pourquoi elle écrivait à Georges Staunton tout ce qu’il pouvait désirer de savoir relativement à son fils, dans l’espoir qu’il ne voudrait pas voir la pauvre créature qu’il avait ruinée périr de misère et de besoin. Quant à ses motifs pour ne pas avoir tout révélé plus tôt, elle avait un long compte à rendre dans l’autre monde, et ils y figureraient.
    Le prêtre dit que Meg était morte dans des sentimens à peu près semblables, exprimant souvent quelques regrets à l’égard de l’enfant qui était perdu, mais regrettant plus souvent encore que la mère n’eût pas été pendue ; que son âme était un chaos où se confondaient les remords du crime, la soif de la vengeance, et la crainte de ce que deviendrait sa fille après elle. Cet instinct de sollicitude maternelle, qu’elle avait en commun avec la louve et la lionne, était la dernière ombre de sentiment qui survécût dans ce cœur sauvage.
    La triste catastrophe qui termina la vie de Madge Wildfire provint de ce qu’elle profita de la confusion occasionée par l’exécution de sa mère, pour quitter la maison de travail dans laquelle le prêtre l’avait fait entrer, et pour se présenter à la populace furieuse, imprudence dont elle fut la victime, ainsi que nous l’avons déjà vu. Quand le docteur Fleming vit revenir du comté de Lincoln la lettre qu’il y avait

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