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La Prison d'Édimbourg

La Prison d'Édimbourg

Titel: La Prison d'Édimbourg Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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jetèrent l’un sur l’autre un regard significatif. Si le destin de la ville d’Édimbourg eût dépendu de la connaissance que le digne magistrat pourrait acquérir de ses traits et de ses vêtemens, il n’aurait pu faire des questions plus multipliées ; mais Butler ne pouvait le satisfaire, car la figure de ce personnage était barbouillée de rouge et de noir comme celle d’un sauvage marchant au combat, et sa tête était couverte d’un chapeau de femme. Il déclara même qu’il ne pourrait le reconnaître s’il le revoyait, à moins que ce fût à la voix, encore ne put-il l’assurer.
    – Par quelle porte êtes-vous sorti de la ville ? lui demanda le magistrat.
    – Par celle de Cowgate.
    – Était-ce le chemin le plus court pour vous rendre à Libberton ?
    – Non, répondit Butler avec embarras ; mais c’était par là que je pouvais plus facilement me retirer de la foule.
    Le clerc et le magistrat se regardèrent encore d’un air d’intelligence.
    – La porte de Bristo-Port ne vous aurait-elle pas conduit plus directement de Grassmarket à Libberton que celle de Cowgate ?
    – Il est vrai ; mais je n’allais pas à Libberton : je voulais aller voir un de mes amis à Saint-Léonard.
    – Sans doute pour lui apprendre ce dont vous veniez d’être témoin ?
    – Je ne lui en ai pas même ouvert la bouche.
    – Vous aviez donc quelque raison pour garder le silence à cet égard ?
    – J’avais à lui parler d’affaires personnelles plus importantes pour lui.
    – Par quelle route êtes-vous allé à Saint-Léonard ?
    – Par les rochers de Salisbury.
    – En vérité ! il paraît que vous n’aimez pas à prendre les chemins les plus courts. Et avez-vous rencontré du monde en sortant de la ville ?
    Butler lui fit la description des groupes qu’il avait rencontrés, comme nous l’avons déjà dit, et lui parla même de l’étranger mystérieux qu’il avait trouvé dans la vallée de Salisbury. Il désirait ne pas donner de grands détails à ce sujet ; mais le magistrat ne l’eut pas plus tôt entendu parler de cette circonstance, qu’il résolut de connaître toutes les particularités de cette entrevue.
    – Écoutez-moi, M. Butler, lui dit-il, vous êtes un jeune homme qui jouissez d’une excellente réputation ; moi-même je rendrai témoignage en votre faveur ; mais il se trouve parmi les gens de votre robe des hommes irréprochables sous tout autre rapport, mais mal disposés pour le gouvernement, et qui ne se font pas scrupule de protéger les infractions aux lois. Je veux vous parler franchement… je ne suis pas très content de vos réponses. Vous sortez deux fois d’Édimbourg par la même porte, pour aller à deux endroits différens, et toujours par une route qui vous fait faire un long circuit : pas un de ceux que nous avons interrogés sur cette malheureuse affaire n’a vu dans votre conduite la moindre chose qui pût lui faire croire qu’on vous retenait contre votre gré. Les gardiens de la porte de Cowgate vous ont vu entrer en tête du rassemblement, derrière le tambour, et ils ont déclaré en outre que vous leur avez ordonné le premier de rouvrir la porte, lors de votre seconde sortie, avec un ton d’autorité, comme si vous aviez encore été à la tête d’une troupe de factieux.
    – Que Dieu leur pardonne ! s’écria Butler ; ils se sont grossièrement trompés, s’ils n’ont pas eu intention de me calomnier.
    – Eh bien ! je suis très disposé, M. Butler, à interpréter favorablement vos motifs et votre conduite ; je désire pouvoir le faire ; mais il faut que vous soyez franc avec moi. Vous m’avez parlé très légèrement de l’individu que vous avez rencontré près des rochers de Salisbury, il faut que je sache tout ce qui s’est passé entre vous.
    Pressé de cette manière, Butler, qui n’avait d’autre raison pour en faire un mystère que parce que Jeanie y était intéressée, crut que le mieux était de dire la vérité tout entière.
    – Et croyez-vous, lui demanda le magistrat, que cette jeune fille accepte un rendez-vous si mystérieux ?
    – Je le crains, répondit Butler.
    – Pourquoi dites-vous que vous le craignez ?
    –  Parce que je crois qu’il n’est pas prudent à elle d’aller joindre, à une pareille heure et dans un pareil lieu, un homme dont le ton, les manières, et le mystère dont il se couvre, doivent inspirer la méfiance.
    – On veillera à sa sûreté, dit le

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