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La Prison d'Édimbourg

La Prison d'Édimbourg

Titel: La Prison d'Édimbourg Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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magistrat. Je suis fâché, M. Butler, de ne pouvoir ordonner sur-le-champ votre mise en liberté ; mais j’espère que vous ne serez pas détenu bien long-temps. – Qu’on reconduise M. Butler en prison, qu’on lui donne un appartement convenable, et qu’il soit traité convenablement sous tous les rapports.
    Butler fut reconduit en prison ; mais il fut logé et nourri conformément à la recommandation du magistrat.

CHAPITRE XIV.
 
    « Lugubre et noire était la nuit,
    » La route était triste et déserte,
    » Lorsque mettant sa mante verte,
    » Jeanne à Miles’Cross se rendit. »
    Ballade écossaise.
    Laissant Butler se livrer aux tristes réflexions que lui inspirait sa situation, et qui roulaient particulièrement sur l’impossibilité où il était réduit par son emprisonnement d’être de quelque utilité à la famille de Saint-Léonard, nous allons retourner auprès de Jeanie, qui l’avait vu partir sans pouvoir avoir avec lui une plus longue explication, et livrée à ces angoisses qui suivent toujours l’adieu que fait le cœur d’une femme aux sensations compliquées, si bien décrites par Coleridge :
    Tendre espérance et crainte non moins tendre,
    Doux sentimens qu’on ne peut définir,
    Désirs charmans qu’on cherche à contenir,
    Et que la bouche enfin nous laisse entendre.
    Le cœur le plus ferme (et Jeanie sous sa mantille brune en avait un qui n’aurait pas fait honte à la fille de Caton) ne peut pas toujours maîtriser ses émotions. Elle pleura amèrement quelques minutes, sans même essayer de retenir ses larmes. Mais ce peu de temps suffit pour qu’elle se reprochât de songer à ses propres chagrins, pendant que son père était plongé dans l’affliction la plus profonde, et que la vie de sa sœur était en danger. Elle tira de sa poche une lettre qui avait été jetée dans sa chambre, dès la pointe du jour, par une fenêtre restée ouverte, et dont le contenu était aussi singulier que le style en était énergique. Si elle voulait, lui disait-on, sauver l’honneur et la vie de sa sœur des coups d’une loi injuste et sanguinaire, il fallait qu’elle vînt sur-le-champ trouver celui qui lui écrivait ; elle seule pouvait sauver sa sœur, et lui seul pouvait lui en indiquer les moyens.
    Elle ne devait ni communiquer cette lettre à son père, ni amener qui que ce fut à cette conférence, sans quoi elle ne pourrait avoir lieu, et la mort de sa sœur serait certaine. La lettre était terminée par les protestations les plus solennelles exprimées en termes incohérens, pour garantir à Jeanie qu’elle ne courait pas le moindre risque.
    Le message dont Butler avait été chargé par l’inconnu qu’il avait rencontré dans le parc se trouvait parfaitement d’accord avec cette lettre, excepté qu’il désignait une autre heure et un autre lieu pour le rendez-vous. Apparemment c’était pour annoncer ce changement, que celui qui l’avait écrite avait été forcé de mettre Butler en partie dans sa confidence.
    Plus d’une fois Jeanie avait été sur le point de montrer à son amant la lettre qu’elle avait reçue, pour écarter les soupçons qu’elle voyait qu’il avait conçus. Mais l’innocence craint souvent de se dégrader en cherchant à se justifier, et l’injonction formelle qui lui était faite de garder le secret était une seconde raison qui l’engageait au silence. Il est cependant probable que, si elle fût restée plus long-temps avec lui, elle se serait décidée à lui faire une confidence entière, et qu’elle se serait laissé guider par ses avis. Ayant perdu, par l’interruption subite de leur entretien, l’occasion de lui donner cette preuve de confiance, elle se regarda comme coupable d’injustice envers un ami sur l’attachement duquel elle pouvait compter, et se reprocha de s’être mal à propos privée des seuls conseils qu’il lui fût possible de demander.
    Il aurait été imprudent de consulter son père en cette occasion. Il ne jugeait jamais des choses que d’après des principes religieux dont elle avait reconnu l’exagération, et elle ne pouvait regarder ses conseils comme devant régler sa conduite dans les affaires de ce monde. Elle aurait bien désiré pouvoir être accompagnée par une personne de son sexe à ce rendez-vous, qui lui inspirait une terreur involontaire : mais on lui disait dans cette lettre que, si elle amenait quelqu’un à cette entrevue, dont on faisait dépendre la vie de sa

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