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La Prison d'Édimbourg

La Prison d'Édimbourg

Titel: La Prison d'Édimbourg Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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sonnettes, dont l’œil fascine l’oiseau qu’il veut dévorer, et qui se contente de fixer ses regards sur lui en le suivant dans ses détours, certain que la terreur et le trouble de sa victime l’amèneront enfin dans sa gueule vorace. L’entrevue de Ratcliffe avec Sharpitlaw eut pourtant un autre caractère ; ils restèrent assis pendant cinq minutes en face l’un de l’autre, devant une petite table, silencieux, mais se regardant d’un air de défiance, mêlé d’un sourire sardonique, comme deux chiens, entre lesquels un os se trouve placé, s’arrêtent à deux pas, s’accroupissent, chacun attendant que l’autre cherche à s’en emparer pour commencer le combat.
    – Eh bien, M. Ratcliffe, dit l’officier de police, jugeant qu’il était de sa dignité de parler le premier, on m’assure que vous voulez quitter les affaires.
    – Oui, dit Ratcliffe d’un air important, je ne veux plus m’en mêler, et je crois que cela épargnera quelque embarras à vos gens, M. Sharpitlaw.
    – Jean Dalgleish, reprit le procureur fiscal, saurait bien le leur épargner.
    Jean Dalgleish était alors exécuteur des hautes œuvres d’Édimbourg.
    – Oui, si je voulais attendre en prison qu’il vînt arranger ma cravate. Mais ce sont là des paroles inutiles, M. Sharpitlaw.
    – Je présume que vous n’avez pas oublié que vous avez contre vous une sentence de mort, M. Ratcliffe ?
    – C’est le sort commun de tous les hommes, comme le disait ce digne ministre dans l’église de la prison, le jour que Robertson s’est échappé ; mais personne ne sait quand la sentence sera exécutée. Il ne se doutait guère de parler si juste ce jour-là.
    – Connaissez-vous ce Robertson ? dit Sharpitlaw en baissant la voix, et d’un ton presque confidentiel, c’est-à-dire, pourriez-vous m’informer où l’on pourrait en avoir des nouvelles ?
    – Je serai franc avec vous, M. Sharpitlaw. Ce Robertson est un cran au-dessus de moi ; c’est un luron : il a joué plus d’un bon tour ; mais, excepté l’affaire du collecteur, dont il ne s’était mêlé que par complaisance pour Wilson, et quelques petites disputes avec les douaniers, il ne faisait rien dans notre trafic.
    – Cela est bien singulier, attendu la compagnie qu’il fréquentait.
    – C’est pourtant le fait, sur mon honneur, dit gravement Ratcliffe : il ne se mêlait pas de notre genre d’affaires. Je n’en dirai pas tout-à-fait autant de Wilson ; j’en ai fait plus d’une avec celui-ci. Mais Robertson y viendra, ne craignez rien ! avec la vie qu’il mène il faut qu’on y vienne tôt ou tard.
    – Mais qui est donc ce Robertson ? Vous le savez, je suppose ?
    – Pas trop exactement ; je soupçonne qu’il est de meilleure condition qu’il ne veut le paraître, il a été soldat, il a été comédien… Je ne sais pas ce qu’il n’a pas été, car il a commencé de bonne heure à faire des folies et des sottises.
    – Il a dû jouer plus d’un tour dans son temps, n’est-ce pas, Ratcliffe ?
    – Vous pouvez bien le dire ! Et… c’est un diable pour les fillettes !
    – Je le crois bien. Ah çà, Ratcliffe, ne barguignons point. Vous savez de quelle manière vous pouvez obtenir faveur auprès de moi : il faut vous rendre utile.
    – C’est juste, monsieur, répondit l’ex-déprédateur : rien pour rien ; je connais les règles.
    – Eh bien ! ce qui nous occupe le plus aujourd’hui, c’est cette affaire de Porteous ;… et, si vous pouvez nous donner un coup de main pour la débrouiller,… la place de porte-clefs aujourd’hui, peut-être celle de capitaine de la prison avec le temps… Vous m’entendez ?
    – Fort bien, monsieur ; un coup d’œil est aussi bon qu’un signe de tête pour un cheval aveugle. Mais cette affaire de Porteous !… Pensez donc que j’étais en prison pendant tout ce temps-là. J’avais peine à m’empêcher de rire quand je l’entendais crier merci aux braves garçons qui le tenaient. Ah ! ah ! voisin, pensais-je, tu m’as fait venir la chair de poule plus d’une fois ; mais, à ton tour, tu vas voir ce que c’est que d’être pendu !
    – Allons, allons, Ratcliffe, cela ne prendra pas avec moi ; il faut en venir au fait, si vous voulez que nous soyons amis. Vous savez le proverbe : Donnant donnant, c’est ce qui fait les bons amis.
    – Mais comment puis-je en venir au fait, comme vous le dites, répondit Ratcliffe d’un air de

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