La Prophétie des papes
leur prochaine promotion revenait régulièrement sur le tapis. Depuis quâElisabetta et Marco se fréquentaient, ils devaient toujours se voir chez elle quand ils voulaient être un peu seuls.
« Je suis désolé que tu aies eu une mauvaise journée, dit-il.
â Tu ne peux pas imaginer à quel point elle a été mauvaise.
â Je suis sûre que ça va sâarranger. »
Elle étouffa un rire amer.
« Tu nâas pas pu leur faire changer dâavis ?
â Non.
â Tu veux que je descende le vieux schnock ? »
Elisabetta rit.
« Tu pourrais peut-être lâestropier légèrementâ¦Â »
Le feu nâétait pas de la bonne couleur, mais ils traversèrent la grande Viale Regina Elena en courant, malgré tout.
« Où est Cristina ce soir ? demanda Marco quand ils arrivèrent de lâautre côté.
â à lâhôpital. Elle a une garde de vingt-quatre heures.
â Bien. Est-ce que tu veux que je reste ? »
Elle serra sa main.
« Bien sûr que je le veux.
â Est-ce quâil manque quelque chose ?
â Il y a ce quâil faut pour bricoler un repas, dit-elle. Rentrons. »
Devant eux sâétendait le quartier étudiant de la via Ippocrate. Si la soirée avait été chaude, il aurait été envahi de jeunes gens fumant aux terrasses des cafés et flânant dans les petites boutiques, mais ce soir, il était presque désert.
Il y avait une petite portion de rue qui, parfois, faisait hésiter Elisabetta quand elle lâabordait seule, la nuit. Câétait une zone mal éclairée, flanquée dâun côté par un mur en béton barbouillé de graffitis et de voitures garées en épi de lâautre. Mais, avec Marco, elle ne craignait rien. Rien de fâcheux ne pouvait lui arriver tant quâil était à ses côtés.
Une cabine téléphonique se dressait devant eux. Un homme de grande taille était à lâintérieur. Le bout de sa cigarette sâilluminait chaque fois quâil tirait une bouffée.
Elisabetta entendit un bruit de pas qui sâapprochait rapidement par-derrière, puis un gémissement étrange, profond, sortit de la bouche de Marco. Elle sentit sa main glisser de la sienne.
Lâhomme sortit de la cabine téléphonique et sâapprocha à grands pas.
Tout à coup, surgissant derrière elle, un bras puissant sâenroula autour de la poitrine dâElisabetta et, lorsquâelle essaya de se retourner, il remonta autour de son cou et lâimmobilisa. Lâhomme de la cabine téléphonique était presque devant elle. Il tenait un couteau.
Un coup de feu éclata, la détonation fut si forte quâelle brisa net lâatmosphère presque onirique de lâattaque.
Le bras disparut. Elisabetta se tourna et vit Marco sur le trottoir en train de lutter pour lever son arme de service et tirer une seconde fois. Lâhomme qui sâétait jeté sur elle pivota vers Marco. Elle voyait du sang couler de lâépaule de lâhomme et tacher son manteau en poil de chameau.
Sans un mot, lâhomme de la cabine partit en trombe, délaissant Elisabetta pour sâoccuper de la menace immédiate. Lâhomme blessé et lui tombèrent sur Marco à bras raccourcis, leurs poings le martelant comme des pistons.
« Non ! » hurla-t-elle et elle saisit un des bras en plein mouvement, essayant de faire cesser le massacre, mais lâhomme de la cabine la repoussa violemment de sa main tenant le couteau. Elle sentit la lame lui entailler la paume.
Ils reprirent leur boucherie et, cette fois, Elisabetta se jeta aveuglément dans les jambes de lâhomme de la cabine, essayant de lâéloigner du corps de Marco. Quelque chose céda, mais ce nâétait pas lui, câétait son pantalon, qui se mit à descendre.
Il se redressa et donna à Elisabetta un grand coup au visage.
Elle tomba sur le trottoir et sentit le sang, celui de Marco, qui coulait dans sa direction. Elle vit lâhomme sur lequel Marco avait tiré, accroupi, le souffle court, dans son manteau taché.
Il y eut des cris au loin. Quelquâun hurla dâun balcon en hauteur, à quelques mètres de là .
Lâhomme de la cabine sâapprocha et sâaccroupit posément à côté
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