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La Prophétie des papes

La Prophétie des papes

Titel: La Prophétie des papes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Glenn Cooper
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d’Elisabetta. Son visage dur était totalement inexpressif. Il leva son couteau au-dessus de sa tête.
    Il y eut un autre cri, plus près. Quelqu’un hurla : « Hé ! »
    L’homme se retourna vers l’endroit d’où venait le cri.
    Dans les secondes qui s’écoulèrent avant qu’il ne revienne à Elisabetta et écrase sa poitrine d’un coup de poing, juste avant qu’elle ne perde connaissance, elle remarqua la présence d’un détail étrange, troublant. Elle ne pouvait pas en être certaine – elle n’en serait jamais certaine –, mais elle crut voir quelque chose dépasser dans le dos de l’homme, juste au-dessus de la ceinture lâche du pantalon. C’était quelque chose qui n’aurait pas dû être là, quelque chose d’épais, de charnu et de répugnant, qui émergeait au milieu d’une multitude de petits tatouages noirs.

2
    L E VATICAN, AUJOURD’HUI
    L a douleur était sa compagne permanente, son bourreau particulier et, parce qu’elle était devenue si intimement inscrite dans son corps et dans son esprit, d’une manière perverse, elle était aussi devenue son amie.
    Lorsqu’elle s’emparait de lui avec violence, raidissant sa colonne dans une souffrance atroce, il devait s’interdire de laisser échapper les jurons de son enfance, de la langue des rues de Naples. Il avait un bouton qu’il pouvait presser pour injecter une dose de morphine dans ses veines, mais, au-delà d’accès occasionnels de faiblesse, généralement au milieu de la nuit, lorsque le sommeil lui paraissait si précieux, il évitait d’y recourir. Le Christ aurait-il usé de la morphine pour alléger ses souffrances sur la Croix ?
    Mais, lorsque le paroxysme de la douleur s’estompait, son passage laissait place à un vide plaisant. Il était reconnaissant des enseignements que ce tourment lui procurait : que la normalité était précieuse, et une valeur simple à chérir. Il regrettait d’avoir méconnu cette idée durant sa longue vie.
    Il y eut un léger tapotement à sa porte et il répondit de la voix la plus forte possible. Une sœur silésienne vêtue d’un habit gris effleurant à peine le sol entra dans la pièce au plafond haut en traînant les pieds.
    Â«Â Votre Sainteté, dit-elle. Comment vous sentez-vous ?
    âˆ’ À peu près comme il y a une heure », dit le pape, esquissant un sourire.
    Sœur Emilia, une femme qui n’était pas beaucoup plus jeune que le souverain pontife, s’approcha et s’empressa de débarrasser les objets posés sur la table de nuit.
    Â«Â Vous n’avez pas bu votre jus d’orange, le réprimanda-t-elle. Est-ce que vous préféreriez un jus de pomme ?
    âˆ’ Je préférerais être jeune et en bonne santé. »
    Elle secoua la tête et poursuivit son rangement.
    Â«Â Laissez-moi vous redresser un peu. »
    Son lit avait été remplacé par un lit d’hôpital inclinable. Sœur Emilia manipula la télécommande pour en relever la tête et, lorsqu’il fut en position presque assise, elle approcha la paille de ses lèvres sèches et le regarda d’un air sévère jusqu’à ce qu’il consente à boire quelques gorgées.
    Â«Â Bien, dit-elle. Zarilli attend pour vous voir.
    âˆ’ Et si je ne veux pas le voir ? »
    Le pape savait que la vieille religieuse n’avait pas une once d’humour, alors il laissa le silence s’installer pendant quelques secondes avant de lui dire que son visiteur était le bienvenu.
    Le docteur Zarilli, le médecin privé du souverain pontife, attendait dans l’antichambre devant les appartements pontificaux au troisième étage, accompagné d’un autre médecin venu de l’hôpital Gemelli. Sœur Emilia les fit entrer dans la chambre à coucher et ouvrit les longs rideaux couleur ivoire de la fenêtre qui donnait sur la place Saint-Pierre, afin de laisser entrer les derniers rayons de soleil de cette belle journée de printemps.
    Le pape leva un bras faible et adressa aux deux hommes un court salut officiel. Il était vêtu d’un simple pyjama blanc. Sa dernière thérapie lui avait fait perdre tous ses cheveux. Pour avoir chaud, il portait un

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