La Prophétie des papes
brandit le livre de manière à ce que tout le monde puisse le voir. « Ce magnifique volume se verra occuper une place de choix dans la bibliothèque de notre université et sera une inspiration pour des générations dâérudits et dâétudiants. Je vais maintenant vous présenter Stephanie Meyer, membre distingué du conseil dâadministration de lâuniversité et la généreuse donatrice qui a rendu possible cet achat. »
Meyer sourit et énonça dans le micro, avec son accent si snob :
« Câest avec une grande satisfaction et un plaisir immense que je donne ce chèque dâun million dâeuros aux sÅurs augustiniennes. »
Elisabetta se réveilla le matin suivant le cÅur léger et comblé, tout au bonheur de retrouver ses rituels du dimanche. Zazo était sorti de lâhôpital et il avait été informé de sa réintégration dans la gendarmerie ; il pourrait reprendre son poste dès que son état de santé le lui permettrait. La famille réunie irait à la messe et déjeunerait chez son père.
Elle prit une douche, enfila un habit quâelle sortit de la housse du pressing et alla à pied à la basilique Sainte-Marie-du-Trastevere sous un soleil resplendissant.
Elisabetta se sentait renaître.
Le virage que sa vie avait pris, ce terrible interlude, avait déclenché un réexamen intérieur qui ressemblait, dâune certaine façon, à celui quâelle avait entrepris une douzaine dâannées auparavant, pendant sa convalescence. Alors elle avait décidé dâabandonner son ancienne vie et de devenir une personne à la foi inébranlable. Maintenant, elle allait se réengager dans cette voie.
Son père, pour sa part, avait usé de toute son influence pour quâelle prenne une autre décision. « Saisis cette occasion, avait-il avancé. Tu es encore jeune et pleine de vie. Tu peux encore être une épouse et une mère. Va à lâéglise tant que tu veux, prie jusquâà en avoir le visage bleu, mais sâil te plaît, quitte le clergé et reviens dans le monde séculier.
â Est-ce que tu laisseras tomber Goldbach ? demanda Elisabetta.
â Non, certainement pas, répondit Carlo. Câest ma passion. Câest ce qui me fait vivre. » Puis il agita son index sous le nez de sa fille. « Ce nâest pas pareil, dit-il.
â Ah bon ? fit-elle. Je ne trouve pas que ce soit si différent. »
Zazo avançait à petits pas prudents, mais il avait bonne mine. Devant lâéglise, Elisabetta lui fit une bise et lui dit quâil avait perdu du poids, mais quâil ne sâinquiète pas, elle allait y remédier avec sa cuisine. Lorenzo lâaccompagnait, en uniforme. Elle voyait bien quâil aurait volontiers passé lâaprès-midi avec la famille, mais il devait prendre son service après la messe. Micaela était avec Arturo. Son père arriva le dernier. Il sentait le tabac à pipe et Elisabetta vit une nouvelle tache dâencre sur ses doigts. Il avait travaillé sur Goldbach, forcément.
Ils entrèrent ensemble dans lâéglise et sâinstallèrent dans un rang au milieu de la nef.
Tandis que les paroissiens remplissaient lâéglise, Micaela se pencha et chuchota dans lâoreille dâElisabetta :
« Tu as vu comme Lorenzo est beau ?
â Pourquoi me dis-tu ça ? répondit Elisabetta à voix basse.
â Il a confié à Zazo quâil tâaimait bien. Je crois quâil est gêné parce que tu es religieuse.
â Il a raison dâêtre gêné, chuchota Elisabetta en riant.
â Etâ¦Â ? fit Micaela malicieusement.
â Il faut que papa et toi, vous me laissiez tranquille », la réprimanda Elisabetta tandis que le père Santoro apparaissait et prenait place devant lâautel.
Elle ne se rappelait pas avoir autant apprécié la messe, particulièrement le moment où le père Santoro ouvrit les bras, leva les mains et entonna le Gloria de sa belle voix claire :
Gloria in excelsis Deo
Et in terra pax hominibus bonae voluntatis.
Laudamus te,
Benedicimus te,
Adoramus te,
Glorificamus te,
Gratias agimus tibi propter magnam gloriam tuam.
Â
« Gloire à Dieu au plus haut des cieux
Et paix sur la Terre aux
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