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La Régente noire

Titel: La Régente noire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Franck Ferrand
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outre qu’il était propice à la défense de côtes menacées par l’Anglais, le grand sénéchal jouissait à la Cour d’un crédit considérable. Quant à sa jeune épouse, elle avait eu l’heur de se rendre utile à Madame et presque indispensable à la reine. Aussi le sort des Brézé avait-il été dissocié de celui du seigneur de Poitiers.
    Dans un premier temps, Diane, meurtrie d’avoir été jetée dans l’abîme par l’inconséquence de son père, manifesta plus de colère envers lui que de pitié. Elle prit la dure résolution de n’intercéder en rien. Puis, là aussi, le temps fit son œuvre... Surmontant dès lors et sa honte et sa peur, elle osa timidement évoquer l’affaire devant la reine, et finit, un soir, par en toucher un mot à la mère du roi. Celle-ci, égale à elle-même, ne lui laissa guère d’espérance.
    — Votre père, mon enfant, s’est mis lui-même en un piège dont je ne vois pas que l’on sorte vivant. Il y faudrait la grâce du roi ; et pour tout vous dire, j’ai beau être sa mère, je ne me sens pas le courage d’aller l’affronter là-dessus.
    — Madame...
    — C’est qu’il est très irrité, ma chère. Non sans raison, d’ailleurs.
    — En punissant le père, madame, c’est la famille que l’on flétrit. Sans compter tous ces biens qui nous seront confisqués...
    Louise elle-même fut surprise d’une idée qu’elle ne put se défendre de trouver quelque peu mesquine.
    — Cela n’entre pas en compte, trancha-t-elle.
    Diane en conclut que seule une intervention de son époux auprès du souverain en personne aurait une chance – d’ailleurs mince – de réussir. Mais elle n’ignorait pas que l’affaire serait délicate à conduire, et qu’à ses habituels talents de diplomate, le vieux guerrier devrait, cette fois, joindre tout son courage.

    De son côté, François I er ne facilita pas la tâche au grand sénéchal. Il s’ingéniait, imité en cela par la Cour, à ne faire aucune allusion au drame qui se nouait ; et même, deux ou trois jours après la condamnation à mort, il poussa l’ambiguïté jusqu’à faire adresser à Brézé, de sa part, vingt-cinq pièces de vin ! Le vieux courtisan y vit la permission de s’enhardir. Et un matin qu’il venait, dans le particulier, de présenter au roi de nouvelles cartes du Cotentin, il profita de cette privauté pour soumettre son humble requête.
    — Sire, je m’en voudrais d’importuner Votre Majesté, mais je ne serais ni bon mari, ni digne gendre, si je ne tentais de lui faire valoir, dans un moment grave, certains arguments que tout le monde, ici, lui cache à dessein.
    — Vous me parlez de Saint-Vallier ?
    — Sire, Votre Majesté doit savoir que dans cette odieuse affaire de félonie, les vrais coupables courent, et que l’on s’apprête à faire payer celui qui, certainement, l’est le moins.
    — Allons donc !
    — J’aurais garde, sire, de chercher des excuses au condamné, si tant est qu’il en ait... Mais je puis vous assurer fermement qu’en le vouant à la mort, le Parlement ne rend aucun service à la Couronne. L’on sait trop, en effet, combien ce gentilhomme blâmait la folle initiative du connétable, pour ne pas juger la sentence plus injuste que nécessaire.
    — Mon cher Brézé, dit le roi, votre discours est bien rodé... Seulement, ce parent que vous défendez a couvert, par son silence, le plus grand des crimes contre ma personne, mes enfants, mes sujets et mon royaume ! Je ne vois dès lors ni cause ni fondement qui doive m’amener à réviser ladite sentence.
    — Sire...
    — Je le regrette, monsieur, mais je ne serais pas juste envers de bons et loyaux sujets – comme vous-même – si je laissais impunis les crimes de sujets déloyaux et mauvais comme il a pu l’être. Je crains qu’en cette affaire, la justice ne doive suivre son cours.
    La tentative aurait dû en rester là ; mais Louis de Brézé, comte de Maulevrier, grand sénéchal de Normandie, n’hésita pas à s’abaisser jusqu’à mettre un genou à terre. François le releva d’un geste vif et, sur un ton qui n’admettait pas de réplique, mit un terme à leur entretien.
    Deux jours plus tard, ce fut au tour de Diane de s’agenouiller devant le roi, en présence de la reine Claude qui, tout éperdue, paraissait plus troublée qu’elle-même. François la releva plus doucement que son époux, et lui souriant avec bonté, n’en opposa pas moins de rigueur à ses

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