Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

La Régente noire

Titel: La Régente noire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Franck Ferrand
Vom Netzwerk:
supplications.

    Le lendemain, lors d’un bal de la Cour, le chancelier Duprat s’approcha des Brézé ; affichant une mine attristée, il leur fit part de l’agacement du roi devant des initiatives jugées aussi pénibles qu’inutiles. Dans l’esprit de Diane, ce fut comme si une lourde porte s’était refermé d’un coup, sous l’effet du vent.
    Paris.
    L e 15 février, le chancelier s’était rendu devant le Parlement de Paris, pour exiger, au nom du roi, l’exécution du traître Saint-Vallier. Ces messieurs l’avaient reçu fraîchement, car ils étendaient au malheureux complice l’indulgence que leur inspirait le cas du connétable lui-même... Seulement ils n’avaient guère le choix.
    Le surlendemain, leur premier huissier se fit annoncer de bon matin à la Conciergerie, dans la cellule du condamné. Le « gentil seigneur » n’avait quasiment pas dormi, du reste, la terreur d’une issue fatale lui laissant peu de répit. Le gardien fit allumer des torches, pour que le visiteur fût à même de juger de l’état du captif. Ses fièvres avaient redoublé encore, et le pauvre homme tremblait maintenant sans arrêt. Il toussait constamment, se plaignait des dents, des yeux, s’alimentait fort mal, venait de passer des jours à soupirer et des nuits à nourrir l’écho des geôles de longs cris d’angoisse.
    — Comment êtes-vous ? lui demanda l’huissier du Parlement.
    — Oh, monsieur, je vous en supplie ! Allez dire au roi, notre sire, que je suis innocent. Tout cela m’est tombé dessus, je n’ai rien voulu...
    — Je ne suis pas ici pour cela.
    — Dites, je vous en conjure à genoux, dites bien à ma fille que je regrette amèrement...
    — Je suis venu seulement pour constater votre état, et voir s’il y a moyen de vous faire subir la torture.
    — Oh non ! Mon Dieu, non ! Pitié, monsieur, je vous en supplie !
    Ce prisonnier pleurait comme un enfant, hoquetait comme un vieillard. L’huissier ne fut pas difficile à convaincre ; il déclara d’emblée que la maladie et la faiblesse du condamné ne permettaient pas, sauf à mettre sa vie en péril, qu’on le soumît à la question. Il le dit à Saint-Vallier qui prétendit alors baiser le bas de son manteau.
    — Grand merci, monsieur, soyez béni... Oh, monsieur, l’on m’a dit que monseigneur Duprat était dans vos murs. Est-il bien vrai ?
    L’huissier le dévisagea d’un air de commisération.
    — Le chancelier est venu entendre l’arrêt que l’on prononce en ce moment devant notre Cour assemblée.
    — C’est donc pour aujourd’hui...
    L’homme de justice ne répondit pas, et laissa le malheureux à ses fièvres. Quelque temps plus tard, dans la matinée, du bruit se fit entendre à nouveau dans le couloir. Paniqué, Saint-Vallier se rencogna malgré lui dans un enfoncement de la muraille. Déjà le comte de Roussy, accompagné de plusieurs magistrats, entrait pour lui donner lecture de l’arrêt. Apeuré, aux abois, le père de Diane réentendit les mots « condamné », « transporté », « place de Grève », « décapité »...
    — Non, murmurait-il. Oh, mon Dieu ! Mais quelle malchance ! Quelle injustice, au fond !
    « Tous ses biens seront confisqués, ajoutait l’arrêt, et mis en la main du roi. »
    Jean de Saint-Vallier se tut ; il se sentait vide, à présent. Et la confirmation de ses pires craintes lui donnait l’étrange sentiment d’être libéré d’un poids. Une voix étouffée, en lui, susurrait à sa conscience que, tout bien pesé, cette exécution allait le délivrer. Mais encore fallait-il subir la honte et l’effroi du supplice – et cela, pour l’heure, lui paraissait insurmontable.

    On l’avait tiré vers le centre de la cellule. Un archer venait de lui passer au cou sa plus haute décoration : le collier de l’ordre de saint Michel. Le comte de Roussy s’avança et, tout en lui signifiant que la Cour l’avait privé de ses commandements et capitainerie, d’un geste sec et brutal, arracha la chaîne en faisant vaciller le patient. Messire Jean avait souvent, en songe, vécu ce moment infâme ; il avait imaginé que cela lui causerait une douleur très vive ; quelle ne fut pas sa surprise de constater qu’au réel, cela n’était pas si pénible. Peut-être son esprit, déjà, se détachait-il des vanités de ce monde.
    Pour le préparer à mourir, on fit entrer le curé de la Madeleine. Commença sans tarder une confession bien contrite. Elle

Weitere Kostenlose Bücher