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La Régente noire

Titel: La Régente noire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Franck Ferrand
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main de sa sœur, demandons-la pour vous-même... Charles Quint n’y verra que des avantages.
    — Vous voulez que j’épouse la veuve du roi de Portugal ?
    — L’infante Éléonore est bien plus que cela...
    Le roi tournait à présent dans la chambre, à la manière d’un lion dans sa cage. Le maréchal tenta de le calmer.
    — Vous devriez...
    — Il suffit !
    D’un ton brusque, François I er fit taire Montmorency. La colère l’avait gagné d’un coup. Il prit à deux mains une table couverte d’objets et la renversa dans un soudain vacarme. Des sentinelles, aussitôt, accoururent.
    — Ce n’est rien, les rassura le maréchal. Un meuble qui est tombé...
    Mais les soldats en armes voulurent des explications ; ils appelèrent du renfort et prévinrent leurs chefs. La soirée promettait de manquer d’intimité.
    Excédé, livide, François reprit sa place à la fenêtre, tandis que la soldatesque fouillait sa chambre. Le regard droit, les traits figés, le roi impuissant contemplait, au loin, les rayons du soir illuminant Pavie et caressant les Alpes – ces Alpes enneigées qui s’obstinaient à lui cacher la France.
    Lyon, abbaye de Saint-Just.
    C haque après-dînée depuis le drame, Louise de Savoie montait sur la plus haute terrasse du couvent. Indifférente au froid, au vent, à la pluie parfois... Depuis ce poste de vigie, son regard, invariablement, scrutait au loin, derrière la ville vieille et ses cours d’eau, le bleuté des sommets alpestres. Les dames qui l’accompagnaient parfois respectaient son recueillement.
    Ce jour-là, la compagnie se limitait à une demoiselle d’honneur : la petite Anne d’Heilly, fine et perfide. La régente finit par émerger d’une interminable rêverie.
    — Mon petit, vous souvient-il de notre conversation de Blois sur la vacuité de ces guerres milanaises ?
    — Fort bien, madame.
    — Et vous rappelez-vous ce que je disais à propos du rêve italien ?
    — Que c’était assurément la plus sotte et la plus coûteuse des chimères.
    Réprimant un sourire, Louise voulut bien décocher à la jeune fille un regard débordant de complicité. Anne d’Heilly s’autorisa dès lors une effronterie.
    — Je me souviens aussi, ajouta-t-elle, de ce que disait Madame à propos du maréchal de Lautrec, et des moyens qui viendraient à lui manquer...
    — Vraiment ? Voyez l’ironie de toute chose : j’ai dû nommer Lautrec à la tête de ce qu’il nous reste d’armée.
    La régente retomba dans sa méditation. Mais à son air assombri, la demoiselle d’honneur comprit qu’elle songeait aux conséquences de sa politique. Après tout, si les armées françaises d’Italie avaient été mieux soutenues, si les fonds destinés à les solder n’avaient pas disparu dans ses propres coffres, si même elle n’avait pas tout fait pour humilier Charles de Bourbon par esprit de rapine ou d’envie, le roi, à cette heure, n’eût sans doute pas été prisonnier de l’empereur...
    Louise de Savoie saisit d’une main nerveuse le bras de sa suivante.
    — Je regrette une chose, admit-elle.
    Anne d’Heilly se fit toute ouïe.
    — Et qu’est-ce donc, madame ?
    — Eh bien, je regrette de n’avoir pas été plus ferme, et de n’avoir su dissuader mon fils de se jeter dans cette absurde campagne !
    La demoiselle s’était attendue à de tout autres remords.
    — Madame, s’enhardit-elle, vous êtes merveilleuse. Oui, je vous admire infiniment !

    Louise s’accrochait, pour marcher, au bras de sa demoiselle d’honneur.
    — Chère Anne, écoutez bien ce que je vais vous dire : mon fils reviendra, tôt ou tard. Il rentrera sain et sauf et retrouvera son royaume. Or ce jour-là, il aura grand besoin, à ses côtés, d’une jeune fille saine et forte. Et belle... Et douce...
    L’autre écoutait, un sourire forcé aux lèvres. La régente conclut.
    — Eh bien, cette jeune personne, j’entends que ce soit vous.
    — Moi, madame ?
    La régente n’alla pas jusqu’à répéter ses propos. Elle observait de loin Antoine Duprat qui approchait.
    — Ne me dites pas qu’il s’en vient me relancer jusqu’ici...
    Le chancelier de France, de plus en plus ventripotent, peinait à gravir, face au vent, le sentier menant à la terrasse. Sa couperose, échauffée par l’air vif, lui conférait un teint de betterave.
    — Madame ! dit-il essoufflé, sans se donner le temps de seulement reprendre haleine. Madame, le duc d’Alençon...
    — Eh bien ?
    Le

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