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La Régente noire

Titel: La Régente noire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Franck Ferrand
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de ce dîner, d’une déférence, d’une politesse, irréprochables.

    À présent enfermé dans cette tour, en compagnie seulement d’une quinzaine de proches, François I er méditait amèrement sur cet incroyable revers de fortune. Ses pensées, presque toujours, le ramenaient à sa mère ; tantôt, pour reprocher à Madame d’avoir œuvré sans répit contre le rêve italien et intrigué sans relâche contre les Bourbons ; tantôt – et c’était plus fréquent – pour prier le Ciel de donner à la régente la force et l’habileté qui, seules, pourraient peut-être sauver la Couronne et préserver l’État de plus grands désordres.
    — Sire, ne remâchez pas cette défaite ! Songez aux victoires à venir !
    Ce conseil audacieux sortait de la bouche d’Anne de Montmorency, jovial et positif.
    — Mon cher maréchal, répondit le roi d’un ton ému, je serais bien malheureux si vous n’étiez point à mes côtés dans ce moment...
    — Et cependant, sire, vous avez sous les yeux un homme libre !
    François dévisagea ce gaillard à la barbe châtaine, dont les yeux intelligents semblaient toujours en décalage avec la situation.
    — Un homme libre ? Et comment cela ?
    Le jeune maréchal extirpa de sa manche un pli portant les sceaux de la régente, et qui garantissait la rançon nécessaire à son élargissement. Les pupilles de François se dilatèrent.
    — Seriez-vous disposé à m’abandonner ?
    — Sire, ma place est auprès de Votre Majesté. Simplement, ma nouvelle liberté de mouvement devrait faciliter nos tractations...
    — Parlons-en !
    Il y avait de l’accablement dans la voix du monarque vaincu. Montmorency passa outre pour annoncer une grande nouvelle.
    — M. de Büren, envoyé de l’empereur, patiente dans l’antichambre. Votre Majesté consent-elle à le recevoir ?
    — Büren ici ? Si je consens ? Et comment ! Qu’il entre, bien sûr !

    L’émissaire impérial, tout revêtu de noir à l’image de Charles Quint, fut introduit dans la pièce. Il salua de manière rigide, à l’espagnole, et bredouilla quelques politesses. Puis il tendit au roi prisonnier un document où devaient figurer les exigences du vainqueur.
    François I er , quoique pâle, sut faire bonne figure. Il saisit avec dignité le parchemin et le remit, presque négligemment, au maréchal.
    Montmorency, se hâtant de prendre connaissance du contenu, ne put réprimer une grimace. Alors François, d’un geste poli, mais ferme, congédia l’émissaire. Dès que l’homme fut sorti, le roi harcela son ami de questions.
    — Eh bien ? Que veut-il ? Est-ce raisonnable ? Parlez !
    — Ce n’est pas vraiment raisonnable, estima le maréchal. En vérité, ça ne l’est même pas du tout.
    — La Bourgogne ? demanda François.
    — La Bourgogne pour lui, mais aussi la Flandre, l’Artois, la Somme et la Picardie.
    — Et pour l’Anglais ?
    — Pour l’Anglais la Normandie, l’Anjou, la Gascogne, la Guyenne...
    — Ah, les insensés ! Les monstrueux charognards !
    — Quant au duc de Bourbon...
    — Nous y voilà !
    — L’empereur souhaite le voir réintégrer l’Auvergne et le Bourbonnais, auxquels seraient adjointes la Provence et une partie du Languedoc...
    — Mon Dieu, gémit le roi. Mais qu’allons-nous faire ? Cet empereur a fait serment de me dépecer... Satisfaire à ses exigences conduirait à l’anéantissement du royaume !
    Le maréchal semblait avoir prévu ce cas de figure. En tout cas, il s’efforça d’arborer l’air dégagé, presque souriant, d’un conseiller sur qui les événements n’avaient nulle prise.
    — Avant toute chose, dit-il, il est important que nous sachions où sont nos adversaires véritables.
    Le roi le regarda en coin. Lui poursuivait.
    — Vous pensez peut-être que nos ennemis ont pour nom Charles Quint et Lannoy ? Point du tout ! L’empereur, dans ses exigences, ne fait qu’obéir à son chancelier, l’odieux Gattinara  25 ... Quant à Lannoy, j’ai remarqué qu’il se défiait beaucoup de Bourbon et du marquis de Pessaire. Il les suspecte, l’un et l’autre, de vouloir contrôler la péninsule, avec Votre Majesté pour monnaie d’échange.
    — Je ne vous suis pas...
    — C’est pourtant assez simple. Jouons Lannoy contre Pessaire ! Aidons Charles à se rendre maître de l’Italie ! Demandons le transfert en Espagne de Votre Majesté, ce qui Lui permettra de négocier. Et puisque l’empereur a promis à Bourbon la

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