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La règle de quatre

La règle de quatre

Titel: La règle de quatre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ian Caldwell
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en me suivant, de l’autre par l’envieux et le faux dévot, qui espèrent tirer profit de ma perte.
    Mais toi, lecteur, tu as foi en ce que je crois. Sinon, tu n’aurais pas trouvé ce que j’ai caché ici. Tu ne fais pas partie de ceux qui détruisent au nom de Dieu, car mon texte est leur adversaire et ils sont mes ennemis. J’ai voyagé à la recherche d’un réceptacle où enfouir mon secret, le mettre à l’abri du temps. Romain de naissance, j’ai grandi dans une cité édifiée pour l’éternité. Les murs et les ponts des empereurs s’y dressent depuis mille ans ; les mots de mes anciens concitoyens se sont multipliés et sont aujourd’hui réimprimés par Manuce et ses pairs. Inspiré par ces créateurs de l’ancien monde, j’ai choisi les mêmes réceptacles qu’eux : un livre et une grande œuvre de pierre. Tous deux recèlent ce que je souhaite te donner, lecteur, si tu parviens à comprendre le sens de mon message.
    Pour savoir ce que je souhaite te dire, tu dois connaître le monde tel que nous l’avons connu, nous qui l’avons étudié plus que tous les hommes de notre époque. Tu dois te comporter en amoureux de la sagesse et des potentialités de l’homme. Ainsi, je saurai que tu n’es pas un ennemi. Car le mal est partout et même nous, princes de notre temps, le redoutons.
    Continue, lecteur, à traquer le sens de mes paroles. Le voyage de Poliphile devient plus difficile, tout comme le mien, mais j’ai plus encore à te dire.
     
    Je retournai la page, cherchant la suite.
    — Où est le reste ?
    — C’est tout ce que j’ai, répondit Paul. Pour en savoir plus, il faut résoudre d’autres énigmes.
    Je contemplai le texte, avant de dévisager Paul avec stupéfaction. Un souvenir lointain me revint tout d’un coup en mémoire : dans ses moments de grande excitation, mon père se mettait, sur la première surface qu’il trouvait, à pianoter avec furie le Concerto de Noël de Corelli. En cet instant de grâce, j’entendis distinctement le tambourinement de ses doigts, au rythme plus rapide que n’importe quel allegro.
    — Que vas-tu faire, maintenant ? demandai-je.
    Je tentai de reprendre mes esprits, de revenir à l’instant présent. Arcangelo Corelli avait achevé son concerto plus de cent ans avant la Neuvième Symphonie de Beethoven. En ce temps-là, le message de Colonna attendait son lecteur depuis plus de deux siècles.
    — La même chose que toi, me répondit Paul. Nous allons trouver la prochaine énigme de Francesco.

Chapitre 13
    Les couloirs de Dod Hall sont déserts quand Gil et moi regagnons notre chambre, transis après notre longue marche dans le froid depuis le parking. Le silence règne dans l’immeuble. Entre les JO nus et les festivités pascales, tout le campus s’affaire.
    J’allume la télévision, à l’affût des nouvelles. La chaîne locale diffuse son reportage sur les JO nus en ouverture du journal. Au milieu de la cour de Holder, des coureurs flottent dans une sorte de brouillard blanc, clignant des yeux derrière l’écran de verre comme des lucioles prisonnières d’un bocal.
    Enfin, la présentatrice réapparaît.
    — Une information de dernière minute vient de nous parvenir.
    Gil sort de sa chambre pour écouter.
    — Un incident s’est produit ce soir sur le campus de Princeton. Il semblerait que l’accident de Dickinson Hall, décrit par de nombreux étudiants comme une blague de potache qui aurait dérapé, ait pris un tour tragique. En effet, les autorités du centre médical de Princeton viennent de nous confirmer le décès de la victime, un étudiant de l’université, nous dit-on. Dans un communiqué, le chef de la police, Daniel Stout, confirme que les enquêteurs continueront à examiner la possibilité que, je cite, « des facteurs non accidentels aient joué un rôle dans ce drame ». Par ailleurs, les administrateurs de Princeton demandent aux étudiants de rester dans leur chambre ou de se déplacer en groupe s’ils doivent sortir ce soir.
    La présentatrice se tourne vers son collègue.
    — Une situation difficile, notamment après ce que nous avons vu récemment à Holder Hall.
    Puis, le visage face à la caméra, elle ajoute :
    — Nous reviendrons sur cette affaire à la fin du journal.
    — Il est mort ? répète Gil, incapable d’y croire. Je croyais que Charlie…
    Un étudiant de Princeton, dis-je.
    Après un long silence, Gil lève les yeux vers moi.
    — Pas ça, Tom. Charlie

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