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La règle de quatre

La règle de quatre

Titel: La règle de quatre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ian Caldwell
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ma resucée de la chanson scoute : Les vieux amis ont toujours tort.

Chapitre 17
    À 9 h 30, la sonnerie du téléphone me tire du lit. Je me précipite pour attraper le sans-fil avant qu’il ne réveille Paul. Je reconnais la voix de Katie.
    — Tu dormais ?
    — Plus ou moins.
    — Je n’arrive pas à croire que c’était Bill Stein.
    — Moi non plus. Quoi de neuf ?
    — Je suis au journal. Tu peux venir ?
    — Maintenant ?
    — Tu es occupé ?
    Quelque chose me heurte dans son intonation : une distance que je suis assez éveillé pour percevoir.
    — Je fonce sous la douche. Je serai là dans un quart d’heure.
    Quand elle raccroche, je suis déjà en train de me déshabiller.
    Pendant que je me prépare, mes pensées sautent de Katie à Stein et de Stein à Katie, comme si quelqu’un triturait un interrupteur pour vérifier l’état d’une ampoule. Quand elle est allumée, je vois Katie, mais dans l’obscurité, je devine la cour sous la neige, dans le silence qui a suivi le départ de l’ambulance.
    Je m’habille dans le salon pour ne pas déranger Paul. En cherchant ma montre, je me rends compte que la pièce est encore mieux rangée que la veille. Quelqu’un a secoué les tapis et vidé les cendriers. Aïe : Charlie a dû veiller toute la nuit.
    J’aperçois le message laissé sur le tableau blanc :
     
    Tom
    Je n’arrive pas à dormir. Je file à l’Ivy Club. Appelle-moi dès que tu te seras levé.
    P.
     
    Je retourne dans ma chambre. Le lit de Paul est vide. Un nouveau coup d’œil au tableau me permet de repérer une indication qui m’avait échappé : 2 h 15. Il a passé la nuit dehors.
    Au moment où je soulève le combiné pour composer le numéro de l’Ivy Club, une tonalité me signale un message sur le répondeur.
    —  Vendredi, ânonne la voix automatisée du service téléphonique. Vingt-trois heures, cinquante-quatre minutes.
    J’ai raté un appel. Sans doute lorsque Paul et moi étions au musée.
    —  Tom, c’est Katie…
    Silence.
    —  Je ne sais pas très bien où tu es. Tu es peut-être déjà en route. Karen et Trish voudraient servir mon gâteau d’anniversaire maintenant. Je leur ai dit qu’on allait t’attendre.
    Nouveau silence.
    —  À tout de suite.
    Dans ma paume, le récepteur est brûlant. La photo en noir et blanc que je voulais offrir à Katie a triste mine dans son cadre et me paraît encore plus consternante qu’hier. En matière de grands photographes, ma culture est nulle. Et je me ne suis pas assez intéressé au passe-temps de mon amie pour connaître ses goûts. Je décide de laisser mon cadeau où il est.
     
    Je marche d’un bon pas vers les locaux du Prince. Katie me retrouve à l’entrée et me précède aussitôt en direction de la chambre noire, verrouillant et déverrouillant des portes au passage. Vêtue de son habituel tee-shirt et de son vieux blue-jean, elle a noué ses cheveux de travers. Son col bâille sur une chaîne en or qui s’étire sur sa clavicule. Vraisemblablement, elle ne s’attendait pas, aujourd’hui, à croiser qui que ce soit. Mon regard s’arrête un instant sur un petit trou dans son jean, fenêtre minuscule sur la peau blanche de sa cuisse.
    — Tom, dit-elle en désignant une fille assise dans un coin de la salle de rédaction devant un ordinateur, je te présente Sam Felton.
    Sam me sourit, comme si elle me connaissait. Elle porte un jogging aux couleurs d’une équipe de hockey sur gazon et un sweat-shirt sur lequel est écrit : SI LE JOURNALISME ÉTAIT UN JEU D ’ ENFANT , NEWSWEEK Y JOUERAIT . Après avoir appuyé sur un bouton du magnétophone posé à côté d’elle, elle retire l’écouteur logé dans son oreille.
    — C’est ton cavalier pour ce soir ?
    Katie hoche la tête, mais n’ajoute pas, comme j’aurais pu m’y attendre : « C’est mon petit ami. »
    — Sam s’occupe du dossier Bill Stein, me précise-t-elle toutefois.
    — Amusez-vous bien au bal, lance Sam avant de remettre son écouteur.
    — Tu ne viens pas ? lui demande Katie.
    — Je ne pense pas.
    Sam retourne à son ordinateur. Des rangées de mots défilent sur l’écran, grouillant comme une fourmilière derrière le verre. Cette fille me rappelle Charlie dans son labo : on la sent inspirée par la somme de travail qui lui reste à accomplir. Il y aura toujours des dépêches à écrire, des hypothèses à étayer, des phénomènes à observer. L’exquise futilité des tâches

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