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La reine de Saba

La reine de Saba

Titel: La reine de Saba Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Halter,Marek
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trop vétuste, avait cédé. Les lames
furieuses de la mer avaient retourné les barques et barcasses aux fragiles
amarres. Les bateaux tirés sur la grève avaient été brisés les uns contre les
autres, les mâts rompus, les coques éventrées comme s’ils n’avaient été que des
fétus.
    La tempête
avait duré un jour et une nuit. Les habitants de Sabas et des villages côtiers
avaient passé la nuit dans les sanctuaires à implorer la clémence d’Almaqah. En
vain. À l’aube, ils découvraient la ruine de leurs maisons, les récoltes
détruites, les troupeaux éparpillés et, ici ou là, les cadavres des plus vieux
et des plus faibles qui n’avaient pu se protéger de la fureur du ciel.
    À présent,
ayant charrié sa colère, le vent dispersait les pleurs et les lamentations.
    Makéda
frissonna, les lèvres durcies, les poings crispés sur les plis de son manteau.
La voix de Tan’Amar la fit se retourner.
    Il
approchait avec, à son côté, un petit homme au visage buriné, les yeux noyés de
fatigue. Sa tunique et son manteau, qui avaient été de bonne qualité, étaient
souillés et détrempés. Une rafale tourbillonnante l’ébranla, l’obligea à faire
un pas en arrière, Tan’Amar lui soutint l’épaule pour qu’il retrouve son
équilibre.
    Quand ils
furent à quatre pas de Makéda, il inclina le buste avec humilité.
    — Longue
vie à toi, ma reine. Que Râ et Almaqah te gardent sous leurs paumes !
    — Leurs
paumes sont aussi rudes que le poing de mon père dans ses colères, répliqua
Makéda avec une grimace, la voix impatiente. Longue vie à toi, Abo-aliah . Donne-moi vite des nouvelles. La
tempête a-t-elle tout détruit là-bas aussi ?
    Makéda
désigna le promontoire naturel qui dissimulait au regard l’autre partie du
port. Là, dans une crique naturelle plus étroite que celle du port de
marchandises, on avait édifié de vastes ateliers. Une digue nouvelle y
protégeait un bassin d’eau profonde. Depuis l’automne, huit cents hommes y
construisaient des birèmes de combat. De longs navires à l’étrave en forme de
dard et doublée de bronze. Deux ponts accueilleraient des chiourmes de
quatre-vingts rameurs. Un troisième, aux plats-bords doublés de boucliers,
permettrait d’embarquer une centaine d’archers et de combattants d’accostage.
    Près de la
proue se dressait un mât trapu, aussi large que le torse d’un homme et capable
de soutenir une voile carrée, manœuvrée à la bouline.
    Après
avoir été consacrée reine de Saba devant le peuple d’Axoum, Makéda avait
aussitôt cherché à convaincre son père : le massacre des servants d’Arwé
n’était que le signe avant-coureur d’une guerre. Shobwa et les mukaribs de
Kamna et Kharibat ne renonceraient pas, par orgueil autant que par cupidité.
    Et puisque
la mer Pourpre était un glaive qui tranchait l’unité du royaume de Saba, il
fallait s’emparer de ce glaive. Il fallait régner sur la mer Pourpre afin
d’aller porter des coups mortels aux traîtres de Maryab sur le sol même qu’ils
avaient souillé.
    Tan’Amar
approuva aussitôt. Si Himyam pensa que le désir de vengeance de Makéda
conduisait à la guerre tout aussi sûrement que l’orgueil et la sottise de
Shobwa, il ne le dit pas.
    Myangabo
convint avec calme qu’il s’agissait d’une bonne politique et que la dépense
serait raisonnable. Guerre ou pas guerre, des bateaux de combat permettraient,
le jour venu, de défendre les convois de marchandises. Une occasion de
commercer avec les pays du Nord sans passer par le Nil de Pharaon… N’était-ce
pas ce qu’ils souhaitaient tous ?
    Akébo le
Grand avait tourné vers sa fille des yeux amusés.
    — C’est
ta décision. Tu ordonnes et tu décides, ma fille, reine de Saba par le sang et
la justice.
    Moins
d’une lune plus tard, le chantier avait bouleversé le port de Sabas. Il fallait
profiter de l’hiver, alors que la navigation n’était pas aisée, pour construire
les premiers bateaux. Au printemps, ceux de Maryab auraient une mauvaise
surprise. La mer Pourpre ne leur appartiendrait plus.
    Bon nombre
des hommes qui avaient élevé le temple de Râ reçurent l’ordre de se transporter
à Sabas pour y édifier les digues nécessaires. À leur grande surprise, Makéda
les accompagna. Elle fit venir tous les hommes capables de travailler à la
charpente des navires. Pour salaire, elle offrit à chacun un poids d’or
équivalant à une bille d’ambre et la dispense de toute

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