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La reine de Saba

La reine de Saba

Titel: La reine de Saba Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Halter,Marek
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cette morsure elle l’enlaçait de son désir.
    La
violence du vent, l’humidité et la fatigue s’estompèrent. La puissance de ses
muscles s’évanouit. Il n’eut plus d’autre sensation que la douceur des lèvres
de sa reine et la brûlure de sa marque. Un vertige le saisit, comme s’il allait
basculer, là-bas, tout au loin, dans la mer déchaînée.
    — S’il
était un homme dans ce royaume qui pourrait me conduire à la couche de
l’épouse, c’est toi, murmura encore Makéda. Tu es dans mon cœur une pensée
fraîche et pure. Pas un instant je ne doute de toi. Je sais que nos chemins ont
la même poussière et le même horizon. Et c’est pourquoi tu sais autant que moi
que cela n’est pas possible…
    Une
protestation, une plainte, flottaient déjà sur les lèvres de Tan’Amar. Des
hurlements jaillirent et les firent se détourner.
    Là-bas,
dans le port, des gens couraient sur la vieille digue à demi ruinée par la
tempête. Ils pointaient une tache au large.
    Makéda
libéra la main de Tan’Amar.
    — Regarde,
regarde !
    Elle
désignait les vagues striées d’écume. Il accoutuma sa vision.
    On ne le
discernait qu’à peine. Un trait noir, ballotté par la houle. Qui apparaissait
et disparaissait. À peine la forme reconnaissable d’un bateau. À moins d’une
demi-lieue du port.
    Une coque
sans mât. Les restes d’une hausse de pont, les membrures de la coque dressée
contre le ciel ainsi que des os brisés.
    Pourtant,
on distinguait le mouvement d’une paire de rames. Deux paires peut-être. Et des
hommes qui tentaient de se maintenir debout, agitant le bras au risque de
tomber à l’eau.
    — Les
voilà, les espions de Shobwa ! s’écria Makéda. La tempête les a attrapés
avant qu’ils ne parviennent à la côte !
    Sans
consulter Tan’Amar, tendue par l’excitation, elle ordonna :
    — Surtout,
ne les laisse pas fuir. Secours-les, capture-les. Je les veux vivants !
    Il
grommela des mots que le vent emporta. Déjà il courait vers l’escalier de la
terrasse.

2
Sabas
    La barcasse
déchiquetée par la tempête sombra avant de parvenir au port. Avec un rude
effort et au péril de leur propre vie, les marins envoyés par Tan’Amar
parvinrent à sauver les hommes qui coulaient avec elle. Ils n’étaient pas des
espions de Shobwa et leur bateau venait de bien plus loin que les ports des
mukaribs de Kamna et Kharibat.
    Six
hommes, tous différents quoique de peaux claires. Quatre étaient des marins.
Leurs mains calleuses, leurs bouches édentées et leurs crânes rasés, enveloppés
de longues bandes de tissus usés et rapiécés, décolorés par le soleil et le
sel, en témoignaient.
    Le
cinquième, le bras cassé, souffrait avec la dignité d’un chef. Sa chevelure
attira les regards. Collés par les embruns et le sang d’une blessure, ses
cheveux longs jusqu’aux épaules étaient noués en une centaine de tresses fines.
Certaines enserraient de minuscules effigies d’ivoire, de bronze et même d’or
ou d’argent. Le lobe de son oreille droite était incrusté d’une pierre de roche
transparente. Malgré le froid et la fièvre qui le faisaient trembler, son regard
était net, autoritaire. Lorsqu’on l’aida à prendre pied sur la terre ferme, il
demeura droit comme un piquet. Puis il s’écroula d’un bloc et sombra dans
l’inconscience.
    Le sixième
paraissait moins éprouvé, mais sa peur le rendait volubile, quoique l’on ne
comprît pas un seul des sons qui sortaient de sa bouche.
    Son front
était grand, ainsi que ses yeux aux paupières rondes. Sa bouche, un peu épaisse
mais au dessin ferme, esquissait un sourire qui parlait davantage de crainte
que de plaisir. Comprenant que nul n’entendait sa langue, il agitait follement
les mains. Les marins, épuisés par le sauvetage périlleux, finirent par en rire
gaiement.
    Tan’Amar
ordonna qu’on mène ces étrangers dans le bâtiment de la garde royale. Ils y
trouveraient de quoi se soigner et reprendre des forces.
    Tandis
qu’on les y conduisait, l’officier qui avait dirigé le sauvetage attira
Tan’Amar à l’écart.
    — Ces
hommes transportaient un chargement précieux, seigneur. La cale du bateau était
pleine. Voilà pourquoi il a sombré si vite. J’ai pu sauver deux coffres. Des
coffres comme nous n’en avons jamais vu.
    Il avait
raison. Tan’Amar fut surpris. Ils étaient de petites dimensions, en bois de
cèdre. Le séjour dans la cale inondée les avait noircis sans les déformer

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