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La reine de Saba

La reine de Saba

Titel: La reine de Saba Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Halter,Marek
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avec un regard aimable.
    Et
s’adressant aux capitaines elle demanda :
    — Sont-ils
capables de naviguer de nuit ?
    — Les
marins de Makka’h sont habiles. Ils savent se diriger avec les étoiles. Cette
nuit le ciel sera clair…
    Un autre
intervint avec vigueur :
    — Nous
connaissons leurs manœuvres, ma reine. À la toute première lueur de l’aube prochaine,
ils seront là devant nous, les voiles tendues et les rames levées. Les birèmes
se jetteront sur nos ports, l’ancien et le nouveau. Avec la plus grande
vitesse, afin de nous empêcher toute manœuvre. Peut-être garderont-ils une
birème de réserve pour protéger les cinq barcasses transportant les guerriers.
Ils n’attendront pas que le port soit pris pour déverser leurs hommes sur les
digues. Ils fonceront dans la grande crique, au nord. L’accostage y est
possible et elle n’est qu’à quatre ou cinq cents coudées des portes de
l’enceinte. Ainsi, ils pourraient nous prendre en tenaille entre la terre et la
mer.
    Makéda
approuva avec un sourire.
    — Alors
voici ce que nous allons faire. Longuement, en donnant beaucoup de précisions,
elle parla, tandis que dans leur dos le soleil immense et rouge s’enfonçait
dans la terre de Saba.
    D’abord,
ils froncèrent les sourcils. Puis un sourire étira leurs lèvres. Le caquètement
amusé d’Himyam retentit. L’inquiétude qui avait crispé leur front tout au long
du jour s’effaça.
    Quand
Makéda se tut, l’ombre de la nuit rampait déjà tel un fauve sur la mer vide.
Ils n’y jetèrent un regard que pour s’en assurer. Tan’Amar posa quelques
questions. Les capitaines des birèmes ajoutèrent quelques avis et suggestions
bienvenus. Abo-aliah montra une belle assurance face à la tâche imposante qui
l’attendait pour la nuit.
    — Ce
sera fait, ma reine. Les charpentiers auront terminé avant l’aube.
    Et quand
il fallut désigner le chef de la mission la plus dangereuse, Tamrin se proposa
sans hésiter. Les autres opinèrent.
    — Alors
qu’il en soit ainsi, conclut Makéda. Les traîtres de Maryab auront demain une
jolie surprise. Qu’Almaqah étende sa paume sur nous, et nous ouvrirons bientôt
les portes de Maryab et du temple de ma mère Bilqîs ! Il est un chant qui
dit :
    Il est
un temps pour aimer un temps pour haïr.
    Il est
un temps de guerre un temps de paix, une
saison pour tous les désirs, et un seul souffle pour nous tous qui
sommes le fruit de nos promesses !
    L’instant
suivant, quand les hommes quittèrent la terrasse d’un pas pressé, un frisson
les parcourait encore d’avoir entendu ce chant sortir de la poitrine de leur
reine.
    Dans
l’heure qui suivit, l’interdiction d’allumer des torches fut levée. De loin,
dans l’obscurité nocturne, on pouvait croire que Sabas reprenait le cours
ordinaire de ses nuits et s’en faisait, en toute inconscience, une fête.
    En vérité,
une activité intense animait les plages, le port et les ateliers. Chacun
travaillait si bien à sa besogne que très peu se rendirent compte que les trois
birèmes en état de combat quittaient l’abri de leur digue. Mues par le seul
effort des rameurs, elles se perdirent dans l’obscurité.
    Dans le
même temps, Himyam prenait l’ordre du temple sous son autorité. Il ordonnait
d’allumer les vasques de sacrifices autour du petit autel d’Almaqah et d’y
jeter sans compter les encens qui plaisaient tant aux dieux. Bientôt, tandis
que la fumée odorante sinuait dans les ruelles et jusqu’aux feux du port,
guerriers et officiers de Tan’Amar vinrent lancer ces prières ferventes qui
précédaient les combats.
    Loin du
tohu-bohu, Makéda demeura dans les hautes pièces de sa petite maison
transformée en palais. Avec autant de calme que si une promenade l’attendait à
l’aube, elle prit son bain du soir. Elle se fit délasser les épaules par les
servantes et parfumer d’huile d’ambre et de benjoin. Enfin, revêtue d’une
tunique chaude dont elle recouvrit la broderie de poitrine d’un collier de
lamelles d’or, elle demanda qu’on amène devant elle Zacharias, Élihoreph et
A’hia.
    Les trois
Hébreux apparurent dans un triste état. La course depuis Axoum leur avait
creusé les joues, la fatigue leur gonflait les paupières. Plus que jamais, dans
la lumière ondoyante des lanternes et des mèches des lampes, leur teint
paraissait terriblement livide. De ses mains osseuses et tavelées, Élihoreph
serrait sa barbe immense contre sa poitrine. Mais

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