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La reine de Saba

La reine de Saba

Titel: La reine de Saba Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Halter,Marek
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d’A’hia.
    — Ainsi
est ton sage roi Salomon, énonça Makéda. Ils perçurent le froid qui se glissait
dans les mots et jusque dans la moue des belles lèvres.
    — Et
toutes ces épouses qui sont les siennes sont heureuses de l’être ?
    Zacharias
hésita.
    — Un
époux qui se divise entre dix, vingt, cent épouses, comme tu allais me le dire,
ne devient-il pas un tout petit morceau d’époux pour celle qui, un jour ou une
nuit, le trouve en face d’elle ?
    Le ton et
la question laissèrent cette fois Zacharias dans un trouble qu’il ne put
dissimuler. Il passa la langue sur ses lèvres, chercha en vain un peu d’aide
auprès d’Elihoreph ou d’A’hia.
    Il baissa
les paupières. Il aurait voulu l’éviter, mais le regard de la reine de Saba
pesait trop lourd.
    — On
dit que oui, avança-t-il avec la plus grande prudence. On raconte qu’elles le
sont au point d’être seulement jalouses du bonheur des autres épouses.
    Le rire de
Makéda cingla les joues de Zacharias. Mais, pour son plus grand réconfort, un
bruit retentit à l’entrée de la salle. Des pas de gardes et la voix du seigneur
Tan’Amar qui s’approchait en disant :
    — Ma
reine, je croyais que tu prenais du repos. Makéda acheva de rire, une pointe
d’ironie dans les yeux. Elle désigna Zacharias et les scribes.
    — Mieux
qu’un repos, Tan’Amar. J’écoutais le conte d’un roi qui sait obtenir la paix
sans faire la guerre. Et, dirait-on, obtenir des épouses sans être un époux.
    Une
grimace d’agacement plissa les paupières de Tan’Amar.
    — Les
charpentiers ont fini leur ouvrage, annonça-t-il. Peut-être voudrais-tu le
voir ?
    Makéda
hésita à peine. Lorsqu’elle se dressa, les trois Hébreux l’imitèrent avec
empressement. Makéda les fit rasseoir d’un geste.
    — Demeurez
assis. Mangez, buvez, prenez des forces. L’aube est encore loin, les bateaux
des traîtres de Maryab aussi, et je n’ai pas fini d’écouter les contes de ce
roi Salomon.
     

8
Sabas
    Conduite
par Tan’Amar, Makéda inspecta les ateliers. On n’y voyait guère, il fallait
réunir des torches. Elle admira l’ouvrage réalisé et félicita les ouvriers aux
traits tirés par l’harassement. Son ton trahissait cependant son agacement.
    D’ordinaire,
elle examinait en détail la moindre nouveauté, aimait entendre de longues
explications, à présent elle les repoussait d’une phrase ou d’un grognement. On
pouvait croire que la fatigue et l’heure très tardive de la nuit en étaient la
cause. Ou que son esprit demeurait concentré sur l’aube et la bataille qui
approchait.
    C’est ce
que pensèrent Abo-aliah et ses compagnons charpentiers. En outre, leur reine
étant satisfaite, elle ne marchanda pas ses félicitations. Sa promptitude les
soulagea. Au moins allaient-ils pouvoir prendre un peu de repos.
    Tan’Amar
connaissait assez sa reine pour deviner que la fatigue n’était nullement en
cause, seulement l’impatience. Lui aussi devait surmonter l’épuisement et ne
pas craindre de voir ses forces lui manquer dans quelques heures, quand il lui
faudrait affronter les armes ennemies. Makéda se montrait seulement moins
attentive qu’il ne le jugeait bon.
    Il fronça
les sourcils. Et plus encore lorsqu’il lui suggéra d’aller ensemble inspecter
les autres ouvrages qu’on achevait dans le port et sur les berges et qu’elle
lui répondit par une moue.
    — As-tu
vraiment besoin de moi ?
    — Je
sais ce que je dois voir, grommela Tan’Amar. Mais Akébo le Grand s’y serait
rendu en personne et en aurait profité pour encourager les hommes.
    Makéda
sourit devant la mauvaise humeur de son compagnon. D’un geste qui devenait
coutumier elle lui saisit la main. La fraîcheur de ses doigts, cette pression
douce sur sa peau le firent frissonner. Chaque fois que leurs chairs se
frôlaient, Tan’Amar se trouvait la poitrine brûlée d’une émotion qui le
laissait sans défense.
    — Tu
as raison, chuchota Makéda. Mon père aurait agi ainsi. Mais une reine doit être
mystérieuse pour être respectée. Ne t’inquiète pas, à l’aube je serai devant
tes guerriers et je saurai leur gonfler le cœur…
    Elle
l’entraînait vers son petit palais tout en parlant. Il suivait, n’osant la
regarder ni retirer sa main de la sienne. Elle dit encore :
    — Tu
es mon général, Tan’Amar. C’est ton jugement qu’ils doivent craindre comme la
foudre d’Almaqah.
    Peut-être,
sous l’affection, se glissait une

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