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La reine de Saba

La reine de Saba

Titel: La reine de Saba Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Halter,Marek
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gémissaient et les chameaux, que l’on avait commencé à
débarquer des barcasses, tanguaient sur les planches en barétant de crainte.
    Makéda
s’était vue contrainte de se montrer, d’annoncer qui elle était dans un hébreu
parfait. Avec le mépris qui convenait à cette humiliation, elle avait levé la
lettre de Salomon, loin des yeux de l’officier, qui pourtant avait pu y
distinguer le sceau du roi de Juda et Israël.
    Après
quoi, la rudesse avait fait place à un peu d’empressement. L’opulence des
nouveaux-venus, ou peut-être bien la seule beauté de la reine de Saba, avait
achevé de rendre l’officier de Salomon serviable. Sur-le-champ, des messagers
avaient quitté le port pour filer à Jérusalem annoncer sa venue.
    Makéda
avait songé à ne plus bouger d’Ezion-Guézert. Cependant la cité n’était qu’un
enfer de feux et de vacarme. Le bruit des forges et des masses ne s’apaisait
pas même la nuit. L’architecture particulière des murs et des bâtiments
permettait aux vents de s’engouffrer en permanence dans les foyers, y soulevant
un feulement rauque qui laissait penser qu’étaient grandes ouvertes les portes
des antres démoniaques. L’incandescence du fer dans les braises atteignait la
couleur de l’or. Il éblouissait dans l’obscurité comme mille torches. Les
mules, les charrois remplis de minerais ou de lames, de piques ou pointes
cliquetantes, allaient et venaient sans le moindre repos. Les cris des ouvriers,
des maîtres, des esclaves et des gardes emplissaient la nuit d’un monstrueux
tapage et interdisaient le sommeil.
    Dès
l’aube, Makéda avait donné l’ordre du départ. L’officier de Salomon avait
désigné deux guides pour conduire leur caravane.
    Au premier
jour, la reine de Saba s’était vêtue d’une tunique d’apparat, pour découvrir
bientôt que seuls les lézards et les mangoustes d’un désert blanchâtre
aveuglant pouvaient l’admirer.
    Était-ce
là le pays chanté par Zacharias ? Ce Canaan de miel où le dieu unique
avait poussé le peuple d’Abraham ?
    Elle
s’était retenue d’en accabler Elihoreph. Frappé de stupeur lui-même, le vieux
scribe n’en croyait pas ses yeux. Il fermait ses paupières fripées et
répétait :
    — Il
faut aller plus loin. Moïse a tourné longtemps dans le désert de Juda avant de
trouver la porte de Canaan.
    — Ne
m’as-tu pas raconté qu’il n’y était même jamais parvenu ? avait-elle tout
de même grincé.
    Et à
présent, après avoir épuisé cinq longues journées d’ennui et d’inconfort,
enveloppée dans un manteau de laine, elle scrutait l’horizon de poussière où se
levait le soleil sans discerner une seule présence.
    Makéda
rentra sous sa tente, l’humeur mauvaise. Elle houspilla les servantes pour une
boisson. Elle, la reine de Saba, se comportait comme ces filles les plus sottes
qui ne savaient distinguer le rêve de la réalité et couraient derrière leurs
illusions.
    Salomon
n’avait pas le moindre égard pour elle. Il n’avait pas placé un messager
spécial pour l’attendre. Pas un homme de rang, pas un Zacharias pour satisfaire
ses besoins, lui montrer cette prévenance que l’on a envers ceux que l’on
accueille avec amitié. Tamrin lui-même ne l’attendait pas à Ezion-Guézert pour
la saluer. Pourtant, n’avait-elle pas, à Maryab, renvoyé les messagers de
Jérusalem avec toutes les indications possibles sur sa venue ?
    Salomon se
moquait d’elle.
    Il était
temps encore de retourner sur ses pas, d’effacer ce ridicule dans lequel elle
se fourvoyait.
    Les
servantes, les yeux baissés et la main tremblante, lui tendaient le gobelet de
lait aigre lorsque des cris franchirent l’épais tissage de la tente.
    *
    **
    A’hia,
Zacharias et Tamrin étaient couverts de poussière. Leurs mules suantes tiraient
la langue jusqu’à terre.
    Tamrin et
Zacharias se jetèrent aux pieds de Makéda. Elle lut sur leurs traits un plaisir
de la revoir et un empressement qui la soulagèrent plus encore que leur
apparition. A’hia voulut en faire autant. Il n’en eut pas le temps.
    Agrippé
par son père en larmes, il se trouva enlacé avec tant d’effusions qu’il en
perdait le souffle.
    — Ma
reine, pardonne-moi d’être à tes pieds si tard ! s’exclama Tamrin. Nous
avons accouru dès que nous avons appris ton arrivée à Ezion-Guézert.
    — Salomon
m’envoie à ta rencontre, puissante reine, annonça en même temps Zacharias. Il
te souhaite la

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