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La reine du Yangzi

La reine du Yangzi

Titel: La reine du Yangzi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jacques Baudouin
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lancés par Joseph à sa poursuite ont perdu sa trace et qu’ils ne réussiront pas à le retrouver. Au lieu de prendre directement la route principale qui mène à Nankin, il a eu l’idée de piquer plus à l’ouest par la route de Hangzhou pour brouiller sa piste, puis de bifurquer vers le nord et Wuxi. Il distingue au loin les murs fortifiés de la petite ville et est à peu près sûr d’y trouver une auberge pour la nuit. Le poids rassurant du revolver paternel qu’il porte dans son étui en bandoulière lui donne toutes les audaces. Il sait que la région est infestée de brigands mais ne les craint pas. Il connaît la stupeur et le respect qu’il provoque chez les Hans quand ils l’entendent, lui le jeune Long Nez, parler leur langue mieux qu’eux. Surtout, il y a cette présence qu’il sent autour de lui et qui le protège. Son père, peut-être, à moins que ce ne soit l’esprit de la Chine, Grand Dragon céleste, qui veille sur lui.
     
    *
     
    — Louis n’aurait jamais dû faire ça ! s’exclame Laure. Il nous a trahis. Je ne le lui pardonnerai pas.
    Dans le jardin des Liu où elle l’a rejoint, elle tourne autour de Marc comme un bourdon. Furieuse contre son frère, elle ne cesse d’entortiller ses cheveux noirs avec ses doigts, elle qui les peigne toujours avec le plus grand soin.
    — Il a fait ce qu’il devait faire, répond Marc Liu d’une voix qui se veut apaisante. C’est parfois plus important que tout le reste.
    Laure s’arrête net et se plante devant lui. Elle n’a que quinze ans mais le dépasse déjà de quelques centimètres, lui qui en a dix-huit.
    — Plus important que nous ? Et notre serment au pied de la vieille pagode il y a un an, qu’en fais-tu ? Nous nousétions juré de ne jamais nous quitter, tu te rappelles ? De rester unis pour la vie. Ce jour-là, il a affirmé qu’il ne partirait pas sans nous. Les aventures, nous devions les vivre ensemble. Il nous a menti et toi, tu lui trouves encore des excuses !
    — C’est son aventure, Laure, pas la nôtre. Il reviendra un jour. Quand il aura trouvé ce qu’il cherche.
    — Et que cherche-t-il ?
    — S’il le savait, il ne serait pas parti sur un coup de tête. Et il reviendra, j’en suis sûr, ne serait-ce que pour toi, et peut-être aussi pour moi.
    — Tu l’aimes donc tellement que tu es prêt à lui pardonner sa trahison ?
    — C’est mon ami, le seul que j’aie vraiment. Et toi aussi, tu l’aimes, non ?
    — Évidemment, c’est mon frère, mais…
    — Mais ?
    — Mais moins que toi, chuchote-t-elle en lui passant les bras autour du cou.
    Marc se raidit et esquisse un pas en arrière. Lorsque Laure se montre trop démonstrative avec lui, il a toujours un mouvement de recul. Moins que la jeune fille qu’il a vue grandir, c’est lui-même et cette ébauche de désir qu’il fuit. Il ne peut ni ne veut être amoureux d’elle, l’Église l’interdit, la morale l’interdit, la différence des races l’interdit et toutes ces choses encore qu’il peine tant à démêler.
    — Tu ne veux pas m’embrasser ? murmure Laure en approchant sa bouche de la sienne.
    Tout son corps se rétracte pour ne pas la frôler.
    — Non, murmure-t-il.
    — Pourquoi ? Je te dégoûte ? Tu ne m’aimes pas ?
    — Si, mais comme une sœur.
    — Tu me trouves trop jeune, c’est ça ?
    —Je ne peux pas, Laure, ma mère nous regarde, répond-il à bout d’argument.
    — Et alors ? Nous ne faisons rien de mal. Et puis Tante Marie-Thérèse m’aime bien. Elle serait heureuse de nous voir fiancés.
    — Tu divagues !
    — Nous n’avons que trois ans de différence. Ce n’est rien et j’ai vu qu’ici, les filles se mariaient très jeunes. On pourrait très bien le faire, nous aussi. C’est courant qu’un garçon ait quelques années de plus qu’une fille. Je t’aime, Marc, et je t’aimerai toute ma vie. Mais pourquoi attendre ? Nos familles sont alliées depuis plus de vingt ans, nous avons été élevés de la même façon, on est faits pour vivre ensemble. Et je suis sûre que ton père et ma mère accepteraient que nous nous mariions.
    — Tais-toi, tu dis n’importe quoi. On ne va pas se marier, retire-toi cette idée de la tête. Je ne sais même pas ce que je vais faire plus tard et je suis loin de songer à me marier.
    — Ce n’est pas grave, j’attendrai.
    — Arrête, Laure, tu délires ! crie Marc qui se demande comment faire cesser ce fantasme amoureux.
    C’est elle qui, maintenant,

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