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La Reine Sanglante

La Reine Sanglante

Titel: La Reine Sanglante Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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dites là, murmura Buridan, qui recula. Je vous en supplie, reprenez vos esprits…
    – Je ne la connais pas, te dis-je ! Elle est ma rivale, voilà tout ! Rivale heureuse, mais que je saurai atteindre, n’en doute pas !… Tu as tort, Buridan, de me rappeler qu’Enguerrand de Marigny est le père de ma fille. Car cela seul suffirait à me forcer de le haïr, de demander au roi, non pas sa grâce, mais sa mort plus prompte ! Et c’est ce que je vais faire. Adieu, Buridan ! Cette fois, pour toujours, adieu… jusqu’à ce que je te tienne en mon pouvoir et que je te fasse expier d’un coup tes dédains et tes insultes ! »
    Buridan se redressa. Il saisit la reine par le poignet, se pencha sur elle.
    « Vous m’y forcez ! dit-il d’une voix sourde. Vous me forcez à menacer alors que je voulais prier, supplier. Oh ! vous êtes bien la mère sans cœur, l’amante sans amour, la femme capable de tous les crimes et de toutes les trahisons, qui est dépeinte dans ces parchemins que voici !… »
    En même temps, il tira de son vêtement le rouleau de parchemins que lui avait remis Tristan.
    « Ces papiers ?… » bégaya Marguerite, qui se sentit mordue au cœur par l’épouvante.
    Buridan lâcha la reine.
    Son attitude prit on ne sait quelle solennité.
    Sa voix devint grave, lente et triste.
    « Ces papiers, madame, racontent l’histoire de mon enfance. Ils disent comment, par un caprice de jalousie, vous avez poignardé ma mère et comment vous avez voulu me faire jeter moi-même dans la Saône par Lancelot Bigorne. Ces papiers, madame, ont été écrits par ma mère elle-même, alors que désespérée, le cœur ulcéré de vengeance, elle s’était faite votre confidente et la servante de vos orgies pour arriver à se venger de vous…
    – Mabel ! prononça Marguerite dans un souffle.
    – Anne de Dramans, madame !… Toute l’histoire de la Tour de Nesle est là ! Et si cette histoire parvient à la postérité, ce qui est raconté là est si terrible qu’on refusera de le croire ! Et qui voudrait croire que Marguerite de Bourgogne, faisant métier de ribaude, attirait en cette tour ses amants d’une nuit, qu’au matin elle faisait jeter à la Seine cousus dans un sac !… Mais je le crois, moi qui ai vu !… Moi qui ai sauvé Philippe et Gautier d’Aulnay attirés ici par vous, jetés à la Seine par le hideux Stragildo, je crois, moi ! D’autres pourront croire, madame !…
    – D’autres ?… bégaya la reine, ivre de terreur.
    – Le roi, par exemple. Car cette histoire a été écrite pour lui et chacun des récits qu’elle contient est accompagné de preuves ! Le roi pourra retrouver la trace et la preuve de chacune de vos orgies, de chacun de vos meurtres… Un mot, madame, un seul ! Si, dans deux jours, Enguerrand de Marigny n’est pas libre, je vous jure, sur mon âme, que je me rends au Louvre et que moi-même je remets ces parchemins au roi !… »
    Marguerite couvrit son visage de ses mains crispées.
    « Malheureuse ! oh ! malheureuse ! »
    Dans le même instant, Buridan laissa échapper une sorte de cri de détresse.
    La reine se découvrit le visage et le regarda.
    Elle le vit pâle, pétrifié, les yeux fixes sur quelque chose qui devait être sans doute formidable.
    Et elle vit le roi !…
    *
    * *
    Louis venait d’entrer.
    Son regard était infiniment triste, son teint était plombé, il souffrait atrocement.
    Il marcha sur Buridan à petits pas vacillants, sans regarder la reine.
    Et, comme il passait près d’elle, il fit un détour pour ne pas la frôler. Il marchait les yeux hagards, le bras allongé, la main agitée d’un tremblement convulsif, désignant le rouleau de parchemins.
    Il voulait parler.
    Il faisait un incroyable effort pour parler et ne parvenait à proférer que quelques sons rauques.
    Au moment où il atteignit Buridan, au moment où il touchait les papiers, il tomba tout à coup sur les genoux, puis s’abattit sur le flanc, comme foudroyé.
    *
    * *
    Buridan était demeuré immobile, frappé d’horreur.
    D’un geste machinal, il remit dans son vêtement le rouleau de parchemins puis, son regard se reportant sur la reine pétrifiée, il murmura :
    « Fatalité !… »
    La reine était effrayante à voir. C’était une morte demeurée debout par quelque phénomène d’équilibre nerveux. Rien ne bougeait en elle. Sur son visage de cire, pas un frisson. Seulement ses yeux agrandis vivaient…
    Ils vivaient de

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