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La Religion

La Religion

Titel: La Religion Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Collectif
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l’aide de Dieu, je l’ai soigné et ramené à la vie. » Il ne servait à rien de flatter un homme de l’influence de Starkey, mais un petit coup de piété ne ferait pas de mal. « Maintenant, si Dieu le veut, j’espère le guider vers la vie éternelle aussi. C’est-à-dire le remettre entre les bras de notre mère l’Église, là d’où il vient. »
    Starkey semblait éprouver autant de plaisir que lui à entendre leur langue. « C’est une tâche colossale que vous entreprenez là.
    – Mattias a été enlevé par les musulmans quand il était enfant, et il a vu sa famille se faire massacrer dans l’affaire, je vous supplie donc de lui pardonner ses blasphèmes, qui sont nombreux, je dois l’admettre. Le Christ parle encore à son cœur, s’il voulait bien l’entendre. »
    Starkey le scruta et dit : « Je crois bien que vous êtes sincère. »
    Bors fronça les sourcils. Pour quel genre de crapule Starkey le prenait-il ? « En matière de religion, je suis toujours sincère.
    – Je ne doute pas que votre discussion porte sur des choses très intéressantes, dit Mattias en italien, mais j’ai aussi quelques affaires à évoquer.
    – Le sujet en était le salut éternel, dit Starkey. Votre salut.
    – Alors vous pouvez m’aider, dit Mattias. J’ai dans l’idée de me rendre à Mdina, mais dans le bazar j’ai appris que la cavalerie du maréchal Copier considérait fouineurs, éclaireurs ou porteurs d’eau comme les loups regardent des lapins. Je préférerais ne pas me faire couper en morceaux et j’ai besoin de plus de protection que ne m’en offre mon astuce.
    – Elle vous a assez bien servi jusqu’ici, répliqua Starkey.
    – Les Turcs ne sont pas aussi prompts à assouvir leur soif de sang, dit Mattias. C’est une race civilisée. Ils adorent parler. Les chevaliers en armure et casqués sont assez durs d’oreille, surtout quand ils voient un homme en turban.
    – Emmènerez-vous dame Carla avec vous ? » demanda Starkey.
    Cette question prit Bors par surprise, et il aurait flanché, mais Mattias réagit comme si aucune question n’était plus naturelle. « Pas aujourd’hui, même si tel est son souhait, car elle aimerait être auprès de son père dans ces sombres jours. Mais sans un “passe-porte” – pour elle et ses gardiens –, je ne serai pas autorisé à leur faire passer les remparts. Puis-je entendre cela comme une offre de nous délivrer un sauf-conduit ? »
    Gardiens, bon Dieu ! pensa Bors. Comme ça, tout simplement. Avec un passeport pour franchir la porte de Kalkara – et un bateau –, ils seraient tous partis.
    « Donc dame Carla n’a pas encore trouvé son fils », dit Starkey.
    Mattias avait eu l’intention que le haut commandement demeure dans l’ignorance en ce qui concernait cette affaire, de peur qu’il ne l’interprète pour ce qu’il était, un motif de tricherie. Mais une fois encore Mattias répondit sans sourciller.
    « Connaissez-vous le garçon, et savez-vous où il est ? »
    Là, ce fut plutôt Starkey qui sourcilla. Il secoua la tête. « Durant les années précédant l’élection de notre actuel grand maître, la conduite morale de l’ordre dégénérait. Les hommes ne sont que des hommes. De jeunes chevaliers rejoignaient l’ordre plein de fierté et de rêves de chevalerie, pour trouver une vie de jeûne et de privations, totalement coupée du monde. De saints vœux étaient prononcés, mais pas toujours suivis. On jouait aux dés, il y avait de la prostitution, de l’ivrognerie et même des duels. Seule la plus sévère discipline peut empêcher les jeunes gens de faire ce que font les jeunes gens. La Valette l’a imposée. Comme il le dit : “Nos vœux sont d’une conception inhumainement dure. Ils sont le marteau et l’enclume grâce auxquels notre force est forgée.”
    – Vous avez évité ma question, dit Mattias. Vous connaissez le garçon ?
    – Je ne sais absolument pas qui est le fils de dame Carla –, ni avec qui elle a fauté. » Il prit un air déconfit. « Est-ce un membre de l’ordre ?
    – Le fils de la comtesse est né la veille de la Toussaint », dit Mattias.
    Il avait décidé de ne pas révéler l’ascendance du garçon. Que l’inquisiteur, Ludovico, soit son père était une raison suffisante. L’affaire était déjà assez scandaleuse comme ça.
    « Je ne compterais pas trop sur le fait que le garçon puisse connaître sa date de naissance,

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