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La Religion

La Religion

Titel: La Religion Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Collectif
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aigreur. « Et le pilote ?
    – Nous avons un compas. Je suis notre pilote.
    – Magnifique.
    – J’ai également identifié le fils de la comtesse. »
    Bors se remit à examiner le plateau avec une rage à peine voilée, puis il y plongea la main, comme si c’était un nid de scorpions. Les osselets noirs claquèrent en revenant au départ. « Ça ne m’intéresse pas, grogna-t-il.
    – Où est Carla ?
    – Elle dort, répondit Amparo.
    – Alors je vais prendre un bain », dit Tannhauser.
    Bors l’ignora et balança les dés dans le cornet de cuir. Irradiant de menace, il l’aplatit sur la table devant Nicodemus. « Lance, et sois damné, démon musulman. »
    Tannhauser vit Amparo s’alarmer, et il sourit. « Aie pitié de lui », dit-il. Bors était le meilleur joueur de backgammon de Messine, du moins le pensait-il.
    « Une fois de plus je me retrouve piégé au milieu des circoncis, dit Bors. Ici, dans le bastion de la foi catholique ! C’est contraire à l’ordre naturel. » Il regarda les dés rouler puis se figea comme un chat espionnant une souris mourante quand Nicodemus effectua un mouvement d’une ineptie flagrante. « Va prendre ton bain, dit Bors, et laisse les hommes à leurs affaires. »
     
    TANNHAUSER SE RENDIT dans sa cellule, se déshabilla, et prit une serviette pour aller au jardin. Une fois dans son bain, il aperçut comme un éclair d’ivoire et d’argent. Amparo était déjà immergée dans le tonneau sous les étoiles. Il s’arrêta. C’était un concept très nouveau et plutôt bizarre. Il n’était pas dans ses habitudes de partager son bain. Il était plus que content d’être savonné, frotté, huilé, massé, et ainsi de suite, du moins par une femme, mais se laver dans la même eau ? Le visage d’Amparo dépassait du bord cerclé de fer, angélique, pâle et adorable sous le clair de lune. Il était clair qu’elle n’avait aucune idée de la radicalité de cet acte, mais c’était dans une telle ingénuité que résidait beaucoup de son charme sans égal. Il ne serait pas très gentil de lui demander de s’en aller et encore pire de refuser de la rejoindre. Il s’approcha et tâta l’eau. Elle gardait encore la chaleur du jour. Son corps allait se détendre, sans être saisi de froid, et face à cette perspective le dilemme se fit plus critique. Puis la lumière argentée qui tombait sur son visage fut réfléchie par deux majestueux hémisphères blancs. Ils crevaient la surface de l’eau comme la récompense du héros dans quelque mythe ancien et érotique, et le dilemme fut balayé de son esprit comme une ombre d’un écran. La franchise du regard qu’elle dirigea vers ses parties qui s’engorgeaient rapidement acheva de ridiculiser sa pruderie, et, sans plus d’hésitation, il passa par-dessus le bord et s’installa à côté d’elle.
    Il avait souhaité ce bain pour relaxer ses membres et vider son esprit de toute excitation pendant un moment. La sveltesse immaculée de la chair laiteuse qui l’entoura totalement sabota d’un coup ces deux envies. Il se retint de ne pas jouir immédiatement et laissa ses mains courir sur ses cuisses sous l’eau.
    « Tu as détruit les canons turcs aujourd’hui », dit Amparo.
    Ce n’était pas un souvenir qu’il avait envie d’évoquer. Ses lèvres posées dans son cou, il grogna vaguement.
    « C’était terrible ? demanda-t-elle.
    – Terrible ? » marmonna-t-il, perplexe. Peut-être essayait-elle de l’apaiser. « Nous avons tué beaucoup d’hommes, dit-il. Mais tu n’as pas besoin de t’inquiéter de choses si terre à terre. » Il embrassa sa gorge. Il fit courir ses doigts dans ses cheveux. Un sein emplit sa main, comme de sa propre initiative, et il soupira du tréfonds de sa poitrine tandis que la béatitude le submergeait. Pourtant, il demeurait obscurément troublé par sa demande. Il n’attendait pas d’elle de tels sujets de discussion.
    « Amparo, dit-il, comment sais-tu pour les canons ?
    – C’est Orlandu qui me l’a dit. »
    L’excitation de Tannhauser disparut avec une brusquerie déconcertante. Il se leva et elle glissa de son perchoir entre ses cuisses. « Orlandu ? dit-il. Qui est Orlandu ?
    – Mon ami du port. Je t’en ai parlé, il pense que tu es un grand héros et il voulait te rencontrer. » Il se souvenait vaguement de cette histoire, mais il n’y avait pas vraiment prêté attention. Amparo poursuivit.

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