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La Religion

La Religion

Titel: La Religion Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Collectif
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grimpant la pente vers les ruines fumantes. Zanoguerra se retourna vers sa section.
    « L’heure est venue de périr pour notre sainte foi. »
    Zanoguerra les mena au pas de charge le long du chemin de ronde côté mer. Leur trajet traversait le chaos et était aussi glissant que le dallage d’un abattoir. L’angle et le poids des échelles d’assaut ennemies les rendaient difficiles à déloger du mur – voire impossible quand elles étaient chargées de douzaines d’hommes – et, tout le long des fortifications, musulmans et chrétiens haletaient au corps à corps, s’éclaboussant de sueur, pour la possession des murailles.
    Quelques pas au-devant d’eux, un milicien maltais marqua une pause tout en embrochant un musulman juste au bord du rempart. Il le tenait, transpercé en pleine poitrine et toussant du sang, pendant que ses camarades mahométans s’accrochaient à leur perchoir sur l’échelle d’assaut en dessous de lui. Le Maltais baissa ses braies d’une main, s’accroupit, et, à la vitesse d’un homme s’éclaircissant la gorge, il lâcha un gros étron fumant. Puis il remonta ses braies et reprit la torsion de la lance, l’enfonçant plus profond dans les poumons de sa victime. Comme Ludovico approchait, un autre Algérien grimpa par-dessus les épaules de son camarade empalé, qui s’accrochait obstinément des deux mains à la hampe de la lance pour empêcher qu’on ne la retire de sa poitrine. Le Maltais abandonna la lance, mais trop tard, car, au moment où il tirait sa dague, l’Algérien atteignit le créneau et le frappa à la gorge d’un coup de cimeterre. Le Maltais chargea l’Algérien aux genoux, le frappa de sa dague dans les cuisses, l’aine, le bas-ventre, l’amenant au sol, et il rampa sur lui entre les merlons, leurs têtes gigotant au-dessus du vide, au bord du plongeon vers la plage. Chacun d’eux grognait, ahanait, trempé du sang de l’autre et baignant dans celui du premier – toujours embroché, perché sur un barreau glissant, toussant toujours du sang et combattant toujours, qui arracha le casque du Maltais, lui tira les cheveux, lui arracha les yeux et glissa ses pouces dans la blessure ouverte sur son cou pour l’ouvrir davantage.
    Ludovico se pencha au-dessus du Maltais mourant et enfonça son épée dans la bouche de l’homme embroché. Il sentit le claquement de dents brisées et le craquement de l’épée quand elle pénétra crâne et colonne vertébrale. Sa propre épine dorsale frissonna à cette sensation. Il retira la lame dans une gerbe de vomi sanglant et guida sa pointe souillée sous le corps du Maltais pour l’enfoncer profondément dans les chairs du musulman épinglé en dessous. Anacleto se joignit à lui et enfonça son épée dans la mêlée. L’assemblage d’hommes entortillés se convulsa en un spasme frénétique et grotesque, et Ludovico recula, son pied détectant l’aplatissement humide de l’étron, puis les trois hommes, Algériens et Maltais confondus, passèrent par-dessus bord, et dégringolèrent dans le vide pour aller s’écraser sur la masse nauséeuse de corps en contrebas.
    Ludovico reprit son souffle. Dans sa poitrine, dans ses membres, dans sa gorge, s’élevait une extase sans nom, nantie de la force de la révélation. Il regarda Anacleto, qui hocha la tête juste une fois, et se détourna. Ludovico était désormais un tueur d’hommes. Ce savoir le transporta.
    Il leva son visage vers la lumière aveuglante et remercia Dieu.
    Ils poursuivirent leur charge.
    La troupe d’élite de Zanoguerra se heurtait aux Algériens sur la brèche, et laissait les ruines couvertes de cervelle, de membres et d’entrailles. Les voiles crevées des moulins à vent jetaient des bandes d’ombre intermittentes sur les combattants et Ludovico se jeta dans la mêlée. Ignorant les éclats des lames sur ses épaulières ou sa gorgetière, il frappait à deux mains de taille et d’estoc, enfonçait ses coudes couverts d’acier dans d’étroits visages bruns, et transperçait de toutes ses forces ceux qui étaient tombés, rampant à ses pieds. L’air étouffant et poussiéreux lui donna soudain un haut-le-cœur et il en appela à saint Dominique pour qu’il lui donne de la force. Anacleto semblait couvrir ses flancs de tous les côtés à la fois, piquant entre les cimeterres et frappant les assaillants de coups par en dessous, sauvant la vie de son maître plus de fois qu’il ne pouvait les

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