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La Religion

La Religion

Titel: La Religion Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Collectif
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compter.
    Zanoguerra exhortait les miliciens affolés à sortir des ruines, rassemblant leurs esprits avec des invocations du Christ, les pressant de donner leurs vies pour la Sainte Religion. C’est alors qu’une balle de mousquet le frappa en pleine poitrine et il tomba au milieu des morts. Comme les chacals du Prophète se précipitaient vers son cadavre, la panique s’empara de la milice qui commença à fuir ce couloir sanglant pour s’abriter entre les moulins. Un hourra exubérant jaillit de la multitude musulmane, et ils se rassemblèrent et recommencèrent à escalader la pente de gravats. Ludovico, Anacleto et les quelques Castillans qui restaient formèrent un cordon autour de leur commandant, une poignée de Maltais irréductibles se joignit à eux en travers de la brèche, et ils se mirent à chanter le Pater Noster, prêts à affronter leur fin :
     
    «  Pater Noster, qui es in caelis…
    … sanctificetur nomen tuum…
    Que ton règne arrive
    Qu’il en soit ainsi sur la terre comme au ciel
    Donne-nous aujourd’hui notre pain quotidien
    Et pardonne-nous nos offenses
    Comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés
    Éloigne-nous de la tentation
    Et délivre-nous du mal
    Amen
    Pater Noster, qui es in caelis…  »
     
    Les Algériens montaient la pente semée de rochers comme une vague furieuse et Ludovico regarda vers le bas. Il se rendit compte pour la première fois qu’une flèche dépassait de sa cuisse. Il n’avait aucun souvenir de son impact. Anacleto fit une entaille dans la flèche et la raccourcit en la brisant. Ludovico le remercia.
    « Mon Dieu… dit Anacleto, regardez ! »
    Ludovico se retourna. Les femmes réfugiées dans les tentes grimpaient derrière eux en foule. Elles avaient relevé leurs jupes jusqu’à la taille, elles ramassaient des armes sur les morts, et quand elles parvinrent aux remparts et se jetèrent contre l’ennemi au corps à corps, Ludovico sentit ses yeux s’emplir de larmes. Derrière ces amazones maltaises, la langue d’Auvergne, menée par sieur de Quinay avec une compagnie d’infanterie espagnole, avançait sur le pont de bateaux qui traversait la crique des Galères. Ludovico se replongea dans la mêlée et un épouvantable massacre commença, tout le long du rivage.
    Il fallut deux heures pour faire reculer Kandelissa et ses gazi jusqu’à leurs chaloupes. Ceux des musulmans qui se rendirent furent immédiatement exécutés sur le sable. Ceux qu’on trouvait à moitié noyés étaient poignardés dans l’eau peu profonde par les femmes maltaises. À la nouvelle que leur assaut côté rivage avait échoué, le cœur manqua aux assaillants côté terre. Les Italiens de Del Monte débarrassèrent les murailles des Algériens, puis sortirent par les portes et massacrèrent les traînards dans les ruines de Bormula. Le soleil coulait derrière le mont Sciberras en une fantaisie de teintes de rose et de safran, et tandis que Ludovico regardait la dernière barque des musulmans disparaître hors de portée, des troupeaux de vautours tournoyaient au-dessus de la plage engluée de cadavres. Dans les eaux entourant la péninsule, d’innombrables paquets humains sans vie dansaient avec les vagues, et des nageurs plongeaient vers eux pour les débarrasser de leurs joyaux, or ou argent. Des milliers d’Algériens ne reverraient jamais leur foyer. Mais le coût avait été élevé pour la Religion. Dans le douloureux épuisement de l’après-coup, Del Monte apparut près de Ludovico.
    « La bataille est une affaire monstrueuse, dit Del Monte en haussant les épaules, mais on finit par l’avoir dans la peau. »
    Ludovico le regarda. Il avait la tête qui tournait et sa vision se parsemait d’instants d’obscurité absolue. Il réussit à amener sa voix écorchée à un grognement audible. « Avec votre bénédiction, je souhaiterais faire ma profession en tant que chevalier de Saint-Jean. »
    Ses jambes lui manquèrent et Del Monte l’aida à se redresser. Ludovico reprit ses esprits. Il suivit le regard de Del Monte et vit que ses bottes étaient pleines jusqu’à ras bord de fluides épais et de sang coagulé. Del Monte appela un jeune chevalier et lui dit, ainsi qu’à Anacleto, d’emmener Ludovico à l’hôpital.
    « Quant à votre incorporation dans l’ordre, dit-il, laissez-moi faire. »
     
    DE LA MARCHE JUSQU’À l’hôpital, par le pont de bateaux qui bruissait et balançait de l’exode d’estropiés et

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