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La Religion

La Religion

Titel: La Religion Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Collectif
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pendant que les anticipations défilaient. Ludovico était parti. Ils tenaient Nicodemus debout entre eux, et la tête du jeune homme évanoui bringuebalait, et ils le portèrent ainsi sous la herse et jusque dans la casemate.
    Cinq arquebuses dépassaient des œillettes sur trois des pans extérieurs de cette structure sans toit. Si un massacre devait avoir lieu, mieux valait que ce soit ici que dans le passage obscur, car au moins ils pourraient contempler les étoiles tout en trépassant. Mais les scélérats retinrent leur feu. Tannhauser et Bors posèrent leurs lames et leurs mousquets sur le sol. Nicodemus reprit conscience, et Bors passa un bras autour de ses épaules. Ils pénétrèrent à nouveau dans la ville qu’ils venaient juste de quitter.
    Ludovico et sa cohorte de familiers les encerclaient. Le moine portait les habits de la Religion et, en conformité avec la folie grandiose qui illuminait son regard, il était désarmé. Pour la plus grande honte de leur ordre, trois chevaliers le flanquaient, ne portant que des moitiés d’armures. L’un était Bruno Marra, que Tannhauser connaissait vaguement ; le deuxième semblait appartenir aussi à la langue italienne ; le troisième était Escobar de Corro, que Tannhauser avait croisé à la pointe aux Potences.
    Des quatre qui restaient, deux étaient des gentilshommes aventuriers de Messine, Tasso et Ponti ; l’autre était un tercio espagnol nommé Remigio ; et le dernier n’était autre que le factotum de Ludovico, Anacleto.
    Le regard d’Anacleto était braqué sur Amparo et Tannhauser sentit son sang se glacer, mais une fois de plus il réprima la rage qui lui aurait fait tuer ce bâtard borgne sur-le-champ. Il songea à demander qui les avait trahis, mais cela ne servirait à rien ici. Le moine le lui ferait très certainement savoir quand cela l’arrangerait. De sa poche, Tannhauser tira la lettre que Starkey lui avait remise des semaines auparavant, et qu’il avait conservée à l’auberge pour un moment tel que celui-ci. Avec un moulinet qui démentait son manque de foi en son utilité, il la tendit à Ludovico.
    « Voici notre passe-porte pour Mdina, autorisé par frère Starkey. Il prouve que nous ne sommes pas des déserteurs. »
    Ludovico prit la lettre. Sans en briser le sceau, il la passa à Anacleto. « Je l’étudierai avec attention quand le moment viendra, dit Ludovico.
    – Te places-tu au-dessus de l’autorité du grand maître ? » dit Carla.
    Ludovico la regarda et inclina la tête. « Dans les affaires de l’Inquisition, le grand maître n’a aucune autorité. »
    Tannhauser lança un regard à Carla, car tout ceci était futile, mais elle l’ignora. Ses lèvres étaient exsangues et son mépris sans retenue. Tannhauser la voyait avec des yeux nouveaux. Il ne l’aurait pas su capable d’une telle colère.
    « Alors dis-moi, reprit-elle, si nous sommes arrêtés comme déserteurs ou comme hérétiques ? Ou alors, admettras-tu que la seule tricherie qui ait lieu ici t’appartient à toi seul ?
    – Ces questions, répondit Ludovico, seront elles aussi examinées en temps et en heure. Pour l’instant, il vaudrait mieux que plus rien ne soit dit. »
    Carla semblait prête à le défier davantage.
    Tannhauser dit : « Carla. »
    Elle le regarda et se mordit la langue. Ludovico fit un signe de tête à Escobar de Corro, qui écarta Tannhauser des autres. Tannhauser se retrouva entouré par les trois chevaliers. Il échangea un regard avec Bors pour le calmer. Nicodemus s’était à nouveau évanoui et l’Espagnol, Remigio, prit son autre bras. Les deux aventuriers italiens, qui avaient ramassé les armes à feu rendues, regroupèrent Carla et Amparo ensemble. Ludovico fit un signe à Anacleto, qui commença à faire avancer ceux qui l’entouraient dans la rue.
    Escobar de Corro poussa Tannhauser dans la direction opposée.
    Amparo le vit et s’arrêta. Elle se dégagea pour courir vers lui.
    Anacleto lui saisit le poignet et la tira en arrière. Amparo trébucha et tout ce que Carla réprimait de rage explosa. Elle gifla Anacleto, très fort, en plein dans son visage mutilé. Il recula en criant, et Bors regarda Tannhauser, le pressant de donner le signal d’y aller. Tannhauser fit discrètement non de la tête. La bouche d’Anacleto se tordait de douleur. Il commença à tirer son épée, faisant un pas vers Carla, et Tannhauser poussa soudain Bruno Marra d’un coup

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