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La Religion

La Religion

Titel: La Religion Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Collectif
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d’épaule, l’expédiant sur le côté. Ce faisant, il s’empara d’une dague à la ceinture du chevalier et s’avança.
    « Anacleto ! »
    La voix de Ludovico, pourtant toujours aussi égale, secoua Anacleto par sa force. Il se figea, fixant Carla avec une envie de meurtre dans son œil unique. Tannhauser s’arrêta aussi, mais assez près pour le tuer si besoin était. Anacleto remit son épée au fourreau. Amparo, muette de stupeur face à ce qu’elle avait presque déclenché, saisit la main de Carla. Ludovico regarda Tannhauser, la dague dans sa main. Tannhauser était assez près pour le tuer. L’idée lui traversa l’esprit.
    La voix de Ludovico se fit à nouveau entendre, plus basse. « Qu’allez-vous faire, capitaine ?
    – Où les emmènes-tu ? demanda Tannhauser.
    – Ils seront retenus sous ma juridiction à la cour de justice. Vous n’avez rien à craindre pour leur bien-être.
    – Et tes chiens, tu peux les contrôler ?
    – Vous avez ma parole.
    – Ludovico, s’il te plaît, dit Carla, laisse Mattias en notre compagnie.
    – Je viendrai, dit Tannhauser, craignant plus d’embarras. Soyez fortes et ne perdez pas courage. »
    Puis il se tourna vers Ludovico. « Où ces scélérats m’emmènent-ils ?
    – Un homme comme vous ne peut pas abandonner l’enfer sans avoir sondé son cercle le plus profond.
    – Ce serait dommage, oui », lui accorda Tannhauser. Le visage du moine était indéchiffrable. Et pourtant, un but se cachait derrière. Tannhauser dit : « Et toi et moi, nous nous rencontrerons là-bas ?
    – Nous nous rencontrerons là-bas, acquiesça Ludovico.
    – Très bien. » Tannhauser tendit sa dague à Marra sans même le regarder.
    Puis il tourna le dos à Ludovico et s’éloigna.
     
    LES TROIS CHEVALIERS ESCORTÈRENT Tannhauser à travers le cœur brisé de la ville. Le plus jeune chevalier, quand il le lui demanda, dit s’appeler Pandolfo de Siena, courtoisie qui lui valut un regard noir d’Escobar de Corro. Dans l’épuisement de l’après-bataille, et avec une population désormais si réduite, la ville n’avait jamais été aussi silencieuse. Seules des bandes de rats couinants, insouciants de leurs pieds, troublaient la tranquillité de leur passage. En dehors d’une mère aux yeux caves veillant ses enfants dans les ruines, ils ne croisèrent pas d’autres humains. Si Tannhauser avait été seul dans son malheur, cette marche aurait fourni l’opportunité de s’échapper, car le trio aussi était épuisé et donc négligent. Il aurait pu les massacrer tous trois avec leurs propres armes en moins de cent pas. Mais La Valette l’aurait-il soutenu ? Il ne le pensait pas. Tuer des frères ne le ferait pas vraiment apprécier, et le comportement de l’inquisiteur, légalement parlant, était irréprochable. Le bon sens lui dicta de se soumettre aux événements et d’attendre.
    Ils atteignirent le pont récemment détruit et qui, auparavant, enjambait la douve. Canal et front de mer étaient entièrement déserts. Une barque sans équipage les attendait. Ils montèrent à bord et les chevaliers, à l’aide de perches, firent passer Tannhauser de l’autre côté des eaux noires et immobiles, jusqu’au château Saint-Ange.
    Il plongea la main dans le glissement de l’eau et le sel piqua violemment ses coupures. Pandolfo et Marra tenaient les perches. Il aurait pu les pousser à l’eau en un éclair, et là leurs armures les auraient noyés. Quant à Escobar de Corro, il pouvait l’attaquer à mains nues. Il se contenta d’imaginer tout cela. La barque accosta et ils débarquèrent.
    À la lueur des torches, ils le menèrent à travers les entrées sombres et abandonnées du château. Vidée de toute sa pompe et de tout son tintamarre, la forteresse semblait une tombe monumentale. Ils traversèrent un labyrinthe de salles qui absorbaient le bruit de leurs pas dans un oubli brut, énorme et dénué d’écho, comme si leur destination était une sorte de nulle part et que personne ne l’atteindrait jamais. Des chuchotements étranges, ambigus et occultes bruissaient au-delà des limites de leurs torches, et Marra et Pandolfo échangeaient des regards de peur flagrante. Tannhauser calma sa propre peur, car elle était inutile. Ils descendirent un escalier, puis un autre, puis un troisième, et une fois de plus Tannhauser eut envie de bondir dans cette noirceur absolue, avant de les traquer et de les tuer

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