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La Religion

La Religion

Titel: La Religion Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Collectif
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Ses phalanges devinrent blanches. Elle prit une profonde respiration. Il leva les yeux vers elle. Ses yeux si enfoncés semblaient des tunnels forés dans quelque abominable au-delà.
    « Je me suis demandé, dit-il, comment regagner l’affection d’une femme dont j’ai bafoué la fierté. Dont j’ai volé la liberté. Dont j’ai voué les amis les plus chers aux chaînes et à l’obscurité. »
    Carla sentit les larmes monter. Elle ravala la boule qu’elle avait dans la gorge.
    « À ces questions, je n’ai pas trouvé de réponses, dit-il. Car je suis enchaîné dans une noirceur plus épaisse qu’aucune autre. Si j’ai brisé le nœud de nombre d’intrigues, et si j’en ai débrouillé bien d’autres, celle-ci est au-delà de mon génie, car ses fils les plus enchevêtrés sont ceux de mes propres émotions. Leur force excède toute ligature et toute coercition. La guerre et son extase les ont même resserrés davantage. Colère, pitié et désir m’ont étranglé chacun à leur tour. L’amour m’a tant suffoqué que je m’éveillais en pleine nuit croyant ma dernière heure venue. Et maintes fois j’ai souhaité qu’il en soit ainsi. Mais cela ne s’est pas produit. Même sur le champ de bataille, même quand ton Allemand m’a tiré une balle d’assassin dans le dos, la mort m’a évité. Et donc les choses ne sont pas telles que je puis le vouloir, mais telles qu’elles sont. Et donc je suis venu m’abandonner à ta compassion. »
    Carla le quitta des yeux pour retrouver ses pensées. Elle avait prié, oui ; Mattias lui avait dit de demeurer fidèle à elle-même, quel qu’en soit le prix. Elle avait lutté avec cette énigme nuit et jour, car que signifiait-elle ? Qu’elle ne devait se soumettre aux exigences de Ludovico dans aucune circonstance ? Que tous devraient être consumés sur le bûcher de son propre honneur, et ce dans un monde qui empestait déjà le sacrifice et la mort ? Elle avait décidé que cela ne signifiait pas cela, mais que ce n’était qu’un choix parmi tant d’autres, et que Mattias, comme toujours, n’avait voulu dire que ce qu’il disait : qu’elle devait rester loyale envers sa plus haute conception d’elle-même, et pas envers une conception défendue par d’autres. Elle tourna les yeux vers Ludovico.
    « Ne peux-tu pas nous laisser vivre nos vies et trouver consolation en Dieu ?
    – As-tu trouvé une telle consolation ?
    – Oui, dit-elle. Je l’ai trouvée.
    – Et pourtant tu es revenue à Malte.
    – En dépit de tes accusations, je ne suis pas revenue te faire du mal.
    – Même…
    – Tu ne m’as pas répondu. »
    Il dit : « Tu n’as pas couché avec Tannhauser. Pas encore. »
    Comment savait-il cela ?
    Comme s’il avait lu ses pensées, Ludovico hocha la tête. « Il y a peu de choses que je ne sache pas. Il y en a encore moins que je ne ferais pas. Je ne t’abandonnerai pas à l’Allemand, même si je dois être damné pour cela. Mon péché est déjà mortel. Je ne peux le déraciner. Dieu voit la vérité dans mon cœur, et mon manque de contrition. Et donc, s’il le faut, je serai damné pour mes actes plutôt que pour mes pensées. »
    Si elle avait jamais douté de sa détermination, elle n’avait désormais plus aucune illusion.
    Il dit : « Entends-moi, Carla. L’horreur, même si elle me hante, n’a pas besoin de trouver sa proie. Ce que nous avons eu jadis ne mourra jamais. La résurrection est le cœur de notre foi, et l’amour l’est aussi, et l’une est au cœur de l’autre. Je t’aime. Plus que je n’aime Dieu. Ensemble, nous trouverons la paix. Amparo restera ta compagne. Nous retrouverons notre enfant. Et, avec le temps, tu redécouvriras la tendresse que tu éprouvais pour moi jadis.
    – Notre enfant ? dit-elle.
    – Orlandu est dans l’entourage d’Abbas bin Murad, aga des Bannières jaunes. Quand les renforts arriveront de Sicile, et que le Turc sera dans la plus grande confusion, mes chevaliers et moi, nous arracherons Orlandu à leur emprise.
    – Ainsi tu cherches à voler le rôle de Tannhauser en plus d’une manière. »
    Il tressaillit. « Je ne laisserai pas mon fils être envoyé à Constantinople pour devenir un infidèle. Je préférerais qu’il périsse plutôt que de perdre ainsi son âme. »
    Elle ne voulut pas débattre de ces considérations. Elle dit : « Les renforts sont en route ?
    – Quand l’armée de Toledo arrivera,

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