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La Religion

La Religion

Titel: La Religion Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Collectif
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toi et moi, nous irons à Mdina. De là, je rejoindrai les renforts et j’irai délivrer Orlandu.
    – Et Mattias ?
    – Je le laisserai libre de rejoindre les Turcs, et parmi eux il prospérera et il réussira. Il t’oubliera, comme tu l’oublieras aussi. Et à moins que tu ne me donnes une raison de le faire, je ne lui infligerai plus aucune malveillance ni blessure. Sa vie donc, comme celle d’Amparo, est entre tes mains. »
    Il se leva.
    « Tu as eu ma réponse, dit-il. Maintenant donne-moi la tienne, car je ne reviendrai plus te le demander. »
    Carla se leva aussi. Elle avait pris sa décision. Elle l’avait prise avant même qu’il n’entre dans la pièce car, en termes généraux, ses exigences étaient assez prévisibles.
    « Si ma reddition épargne Mattias et Amparo, c’est un prix que je payerai librement et pleinement, et je serai heureuse de le faire. »
    Ludovico prit une grande inspiration.
    « Quand les renforts arriveront, dit-elle, nous irons à Mdina. Et tout sera comme tu le souhaiteras. »
    1  . En français dans le texte.

SAMEDI 8 SEPTEMBRE 1565
    La cour de justice
    IL LUI AVAIT RENDU VISITE plusieurs fois par jour pendant plus de jours qu’elle avait comptés, et à chaque fois il arrachait ses culottes, lui écartait les jambes et la violait sur le matelas. Ces viols étaient brutaux et prolongés, parce qu’Anacleto avait du mal à jouir et semblait lui en tenir rigueur. Il était possédé par quelque chose dont elle savait que c’était le mal, quelque chose qui donnait à son œil unique une lueur particulière. Sa moitié de visage haletait et se contorsionnait au-dessus du sien, son haleine acide, ses doigts durs et pleins de rage. Quand il explosait finalement en elle, il criait : « Filomena. » Puis il rampait pour s’arracher à elle, grimaçant comme s’il s’extrayait d’une colline d’excréments, il se rhabillait en lui tournant le dos, et il partait. Ce prénom mystérieux était le seul mot qu’il prononçait.
    Amparo supportait ces assauts comme elle en avait enduré d’autres, dans les lointains de son passé. Tannhauser lui avait dit de tenir, et c’était toute la force dont elle avait besoin. Elle s’était préparée à pire. Elle avait connu pire. Anacleto était de dimension modeste. Quand elle l’entendait à la porte, elle crachait dans ses doigts et humidifiait ses intérieurs. Elle fermait les yeux et se soumettait. Elle serrait le peigne d’ivoire et d’argent dans sa main jusqu’à ce que sa paume saigne. Et pendant qu’Anacleto s’agitait entre ses jambes, elle pensait à Tannhauser, sa rose rouge sang. Même si ses épines avaient percé son cœur, il l’avait fait chanter. Et comme elle avait chanté… Et comme elle chanterait encore.
    Dents serrées, Amparo n’émettait pas un son. Pourtant, dans ce royaume en elle qui était plus vaste et plus complexe que le cosmos immense, et sur lequel rien n’avait d’emprise hormis son âme, elle chantait avec amour. Elle chantait. Elle chantait. Elle chantait. Quand Anacleto s’en allait, sa semence coulait entre ses jambes et cette humiliation la bouleversait plus que la douleur dans son ventre et les bleus sur ses bras. Mais en se lavant, elle se répétait que Tannhauser viendrait.
    Il viendrait et il l’emmènerait. Et elle chanterait à nouveau pour lui.
    Entre les viols, elle restait allongée, nue sur le lit, et elle se retirait en elle-même, très, très loin. La vieille Sicilienne lui portait à manger. La même harpie desséchée qui avait hanté les écuries pendant des semaines. Elle regardait Amparo avec dégoût, ses yeux chassieux aussi possédés, à leur manière, que l’œil unique d’Anacleto. Elle marmonnait sous son souffle et crachait des mots qui sonnaient comme des malédictions. Elle lui faisait le signe du mauvais œil. Puis la clé se tordait dans la serrure et la harpie était partie.
    Amparo mangeait peu. La journée, elle attendait que s’estompe la lumière sortie de la haute fenêtre, car Anacleto ne venait jamais dans le noir. La nuit, elle regardait les étoiles divaguer en traversant la minuscule tache de ciel qu’elle pouvait voir. Elle pensait peu à son épreuve. La cruauté faisait partie de la nature, comme un hiver glacial ; quelque chose à quoi il fallait survivre, puis oublier. Elle ne la laissait pas atteindre le plus profond de son cœur. Elle pensait à Nicodemus et à Bors, qui étaient devenus

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