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La Religion

La Religion

Titel: La Religion Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Collectif
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bref.
    « Il fait jour ou nuit ?
    – Il nous reste deux heures avant le lever du soleil.
    – Et la cité tient toujours ?
    – Non seulement la ville tient, dit Ludovico, mais le siège est levé. »
    Tannhauser le fixa. Aucune nouvelle n’aurait pu être plus inattendue, et Ludovico ne pouvait avoir aucune raison de le tromper sur ça.
    « Hier matin, dit Ludovico, pas loin de dix mille soldats ont débarqué dans la baie de Mellieha. Ils ont établi leur campement sur les hauteurs de Naxxar.
    – Et les Turcs ? demanda Tannhauser.
    – À l’heure où nous parlons, ils ont démantelé leurs canons de siège et ils battent en retraite vers leurs navires.
    – Mustapha recule devant dix mille hommes ?
    – Notre grand maître a relâché un prisonnier musulman en lui faisant comprendre que les renforts étaient deux fois plus nombreux. »
    Tannhauser embrassa la situation. La Religion avait gagné. Et il avait tenté de s’échapper de l’île précisément au moment où cela n’aurait plus été nécessaire. Quand Ludovico remua, et que ses yeux captèrent la lumière, Tannhauser vit qu’ils étaient deux à percevoir l’ironie de la chose.
    « C’est vrai, je vous en donne ma parole, dit Ludovico, vous n’auriez pas pu choisir un plus mauvais moment pour vous enfuir.
    – Je pense, dit Tannhauser, que tu n’es pas venu ici simplement pour partager ces réjouissantes nouvelles ? »
    Ludovico jeta un regard vers le bas, juste derrière lui, puis se posa sur un fauteuil placé près du bord de la Gouve.
    « Si j’ai bien compris votre histoire, dit-il, vous êtes homme à abandonner le passé quand les circonstances le requièrent. Famille, pays, religion, empereur, cause. Même votre bien-aimé Oracle. »
    En terrain mouvant, Tannhauser ne savait pas comment réagir à cette affirmation.
    « Même Sabato Svi », dit Ludovico avec un sourire.
    La menace contenue dans cette insinuation faillit provoquer une réaction terrifiante. Mais son but serait mieux servi s’il laissait Ludovico croire qu’il était un mécréant.
    « Alors, Sabato n’a pas réussi à atteindre Venise ?
    – Il n’a même jamais quitté Messine et je crois qu’il le doit à un certain Dimitrianos. » La bouche se Ludovico se tordit de dégoût. « La dénonciation des Juifs a toujours été un sport populaire. »
    Tannhauser avait imaginé être désormais immunisé face à l’horreur et la pitié. Il ferma les yeux. S’il ne l’avait pas fait, il aurait peut-être fait le tour de la Gouve pour arracher les membres du moine noir, un par un. Ou il aurait sans doute révélé les profondeurs de son chagrin. Ni l’un ni l’autre ne l’auraient servi en quoi que ce soit.
    Pendant un moment, Ludovico le laissa à son deuil muet et silencieux. Puis il se lança : « Comme il vous faudra également oublier dame Carla. »
    Tannhauser rassembla avec difficulté l’insensibilité nécessaire. « Mon contrat de mariage avec Carla était en paiement de services rendus. Je me voyais très bien en comte. Cela n’a jamais été affaire de cœur.
    – Pour elle, cela l’est devenu.
    – Les femmes sont enclines au béguin, surtout envers leur protecteur. Le protecteur de l’enfant d’une femme exerce un charme encore plus puissant.
    – Je suis rassuré de vous entendre dire cela, souligna Ludovico. Cela reflète mes propres observations, mais, sur ces questions, vous êtes plus expérimenté que moi.
    – J’ai été une sorte de moine aussi, en mon temps.
    – Mais vous n’êtes jamais tombé amoureux ?
    – Je n’ai jamais été capable de jeter un pont sur cet abysse. Ma faiblesse penche vers la chair, pas l’esprit.
    – L’Espagnole, Amparo, vous aime à la folie.
    – Elle va bien ?
    – Comme Carla, elle profite d’une certaine courtoisie et d’un certain confort.
    – Je répugnerais grandement à apprendre qu’il lui a été fait le moindre mal, énonça Tannhauser.
    – Utilisez vos talents et aucune main ne la touchera, que la vôtre. »
    Il vint à l’esprit de Tannhauser que ses réponses contenaient le serpent du vague. Mais il ne percevait aucun mensonge. Mensonge ou pas mensonge, l’inquisiteur avait tous les atouts en main.
    « Pourquoi êtes-vous revenu dans le Borgo ? » demanda Ludovico.
    Ludovico s’attendait à ce que la question le décontenance. Tannhauser haussa les épaules. « J’avais laissé une petite fortune en

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