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La Religion

La Religion

Titel: La Religion Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Collectif
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Carlisle. »
    Il prononça le nom de son compatriote avec une ironie amusée. Il était vrai que le sobriquet de Bors était quelque peu extravagant, giflant la noblesse de naissance comme il le faisait ; mais il en était de même de « Tannhauser ». Ils avaient choisi leurs noms de guerre 2 devant une bouteille de brandy à Milan, alors qu’ils cherchaient à louer leurs lances pour Alva. Le trou boueux d’où venait Bors ne figurait sur aucune carte, mais était au moins situé près de Carlisle ; Tannhauser avait été volé à une ballade chevaleresque, une vieille légende de troubadours qui racontait l’histoire d’un chevalier tourmenté par des femmes, avec pour résultat d’être exilé de la cité de Dieu. Mais un nom possédait un pouvoir bien à lui, illégitime ou pas, et les leurs les avaient rendus fiers, alors et depuis.
    « Qu’est-ce qui vous ramène à Messine si tard ? demanda Tannhauser.
    – C’est vous, dit Starkey.
    – Si vous voulez plus d’hommes, j’ose dire que je pourrais en rassembler quelques-uns, mais beaucoup seront ivres, et la totalité issus de la lie de la terre… » Il s’arrêta devant l’évident manque d’intérêt qu’exprimait le visage de Starkey. « Mais j’oublie toutes les bonnes manières. Venez dîner avec nous à notre table.
    – Pardonnez-moi, Tannhauser, mais je n’ai pas le cœur à dissimuler. » Le malaise de Starkey était manifeste. « Je ne suis pas venu pour commercer mais pour demander une faveur.
    – Vous êtes avec des amis. Demandez et soyez maudit.
    – Je suis venu sur l’ordre urgent du grand maître pour vous implorer de faire cause commune avec la Religion, dans la guerre contre le Grand Turc. »
    Tannhauser cligna des yeux. Il jeta un œil vers Bors.
    Bors lissait ses moustaches et se léchait les babines.
    « En bref, dit Starkey, le grand maître veut que vous vous joigniez à nous.
    – À Malte ?
    – À Malte. »
    Tannhauser regarda Starkey avec une telle incrédulité et une telle appréhension que Bors se tapa les cuisses et rugit de rire. D’un rire si rauque et avec une telle jubilation que les marins qui roulaient les voiles latines et les débardeurs qui transpiraient sur les chariots s’arrêtèrent au beau milieu de leur ouvrage et les fixèrent, bouche bée.
    1  . Libre interprétation de « stone », mesure qui équivaut à 14 livres anglaises, soit pour Bors un poids de 126,9 kilos.
    2  . En français dans le texte.

MARDI 15 MAI 1565
    L’Oracle – La porte de Messine – Les collines de Neptune
    TANNHAUSER REVINT DE la Couronne d’une humeur acerbe. Starkey avait tenté toutes les persuasions possibles – morale, politique, financière, spirituelle et tribale – pour essayer d’obtenir son allégeance. Il lui avait promis gloire, richesse, honneur et la gratitude de Rome. Il avait supplié, cajolé et intimidé. Il avait invoqué le Summae de Thomas d’Aquin, l’autorité de saint Bernard de Clairvaux, et agité des exemples de héros anciens et modernes. Il avait tout fait, sauf accuser Tannhauser de manquer de courage. Mais Tannhauser avait répondu à ces subornations et toutes ces propositions par un refus absolu de prendre les armes pour la Religion. L’Iliade maltaise, telle que la présentait Starkey, allait devoir se passer de lui. Il n’avait pas tué un homme depuis des années et alors que sa conscience n’était généralement pas dérangée par de tels actes, cette pratique ne lui manquait nullement. Comme récompense pour les travaux de cette matinée, il se promit un bain une fois revenu au magasin. Bors chevauchait à ses côtés dans un silence vexé bien de son cru. Comme ils approchaient de l’Oracle, Bors désigna de la tête un cheval attaché à l’ombre devant les portes et dit : « Des ennuis. »
    Tannhauser remarqua que la splendide jument baie était richement sellée et caparaçonnée. En dehors d’une poignée d’exceptions, les clients de la taverne avaient autant de chances de posséder une telle bête que d’être élus au collège des cardinaux. Comme ils passaient devant les portes de l’Oracle pour se rendre aux écuries, Tannhauser pencha la tête pour regarder à l’intérieur et y découvrit un étrange tapage. Les rugissements provenaient d’une masse de vils ivrognes, serrés épaule contre épaule à la manière des spectateurs d’une bagarre. Il sauta immédiatement de sa monture, tendit les

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