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La Religion

La Religion

Titel: La Religion Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Collectif
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arrivé à connaître le sexe faible qu’à un âge avancé. C’était un fait connu de lui seul qu’il avait vingt-six ans quand il avait perdu sa virginité. Il en résultait qu’il investissait les femmes d’un pouvoir et d’une sagesse qu’il les soupçonnait de ne pas mériter. Toujours est-il qu’il hésitait à apparaître moins que galant devant une comtesse, ou même sa servante.
    « Très bien, dit-il, un peu d’air fera du bien à ma santé. »
    Il lui adressa ce qu’il espérait être un charmant sourire, mais n’en obtint aucun en retour. Amparo se dirigea vers sa jument et sauta en selle avec une agilité admirable. Elle révéla un éclair de mollet musclé et, sous le corsage de sa robe, assez de mouvement pour lui confirmer ses espoirs sur la taille de ses seins. Elle le regarda d’en haut avec une patience exagérée. Tannhauser hésitait, peu habitué à être commandé ainsi. Bors apparut à la porte, essuyant du sang sur ses phalanges. Il détailla la fille en vert, puis lança un regard interrogateur à Tannhauser.
    « Je suis invité à rencontrer une dame, annonça Tannhauser. Une comtesse, rien que ça. »
    Bors émit un ricanement salace.
    « Suffit, dit Tannhauser en s’approchant de Buraq.
    – C’est ton père ? » demanda Amparo sur le ton de la conversation.
    Bors, dont le français était en fait supérieur à celui de Tannhauser, cessa de ricaner.
    C’était au tour de Tannhauser de rire. « Non. Mais il est certainement assez vieux et assez gras pour l’être.
    – Alors, pourquoi lui demandes-tu sa permission ? » fit Amparo.
    Tannhauser cessa de rire, stupéfait qu’elle ait fait cette interprétation.
    « Tu ferais mieux d’aller voir ta comtesse, dit Bors, avant que cette créature ne nous ridiculise tous les deux. »
    Tannhauser monta en selle. Avant qu’il ne puisse montrer le chemin, comme c’était son intention, la fille partit au petit trot, les sabots de sa jument claquant sur les pavés.
     
    ILS TRAVERSÈRENT DES RUES vidées par la chaleur vicieuse, qui puaient et bourdonnaient de fèces couvertes de mouches infestant leurs caniveaux. À la porte nord de la ville, ils passèrent des roues de chariots fixées en haut de grands poteaux et sur lesquelles étaient attachés les corps éviscérés de divers blasphémateurs, sodomites et voleurs, leur peau si desséchée que même les corbeaux et les asticots les dédaignaient désormais. Sur les piques dressées de chaque côté de la porte était plantée une collection de têtes écorchées. Laissant de telles horreurs derrière eux, ils entamèrent l’ascension des collines de Neptune, où l’air était nettement plus doux et traversé d’une grande variété de rapaces qui patrouillaient au-dessus du Monti Peloritani.
    Par quelques discrètes questions posées à la fille, Tannhauser se fit une impression de madame de La Penautier. Une jeune veuve solide et pleine de ressource qui menait un domaine en Aquitaine, entièrement seule. Du mari défunt, Amparo ne savait rien, car sa mort avait précédé son arrivée, mais la comtesse n’avait jamais montré le moindre signe de regret de son compagnon. Aucun chiffre précis ne pouvait être évoqué, mais il semblait bien que la dame n’avait pas encore trente ans et était dotée d’une étonnante beauté.
    Pour l’instant, il était heureux de remarquer qu’Amparo avait de longs doigts avec des ongles en amande et un cou aussi gracieux que celui d’un cygne. Sous la soie verte, foncée par la sueur sous ses bras, ses seins étaient apparemment encore plus gros qu’il ne l’avait cru, phénomène renforcé par sa constitution qu’il préférait désormais qualifier de svelte plutôt que maigre. Si elle le regardait à peine, c’était sans nul doute dû à la timidité.
    Tannhauser apprit avec soulagement qu’Amparo était espagnole et avait passé presque toute sa vie de petite fille à Barcelone. Le castillan lui donna une chance de corriger l’impression qu’il était un idiot. Il parla du port et de la magnifique cathédrale qu’on trouvait dans cette imposante cité, même s’il n’y avait jamais mis les pieds et n’avait acquis ces connaissances que par ouï-dire. À son enthousiasme, Amparo ne répondit que par du silence, et il se remit à poser des questions, auxquelles elle avait, au moins, toujours la politesse de répondre.
    Madame et elle avaient quitté leur village près de Bordeaux, mais

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