La Religion
assassinat ?
– Votre fusil a été nettoyé, la meilleure poudre et les meilleures balles d’acier fournies.
– Mon pistolet ?
– Si vous le voulez. Votre cheval sera sellé et à votre disposition. La porte de Kalkara sera ouverte et le bastion ne sera pas gardé. Je vous le jure, sur mon honneur. Comme toujours, La Valette est peu soucieux de sa propre personne. Il est sans armure et parfaitement visible sur le tombeau de Philerme. Il restera à San Lorenzo jusqu’à la fin des laudes. Mettez-vous en place tant qu’il fait nuit. Quand il quittera l’église à l’aube, vous pourrez l’abattre à cent pieds et avoir quitté l’enceinte avant que les cris et les pleurs ne s’élèvent. À le voir, votre Buraq peut distancer n’importe quelle monture de la ville. Après cela, le choix est vôtre : la flotte turque à Marsamxett, ou votre petit bateau à Zonra. »
Cette mention délibérée de son bateau troubla Tannhauser. Cela avait dû être particulièrement dur pour Bors. Pour l’instant, il ne releva pas.
« Je vous recommande les mahométans, poursuivit Ludovico, qui, comme vous le disiez, vous traiteront en héros.
– Ces gages, dit Tannhauser, mon cheval, la porte ouverte…
– Ayez confiance. Je peux m’élever au-dessus de toute malveillance, surtout dans la réussite. Votre avenir parmi les infidèles est sans conséquence pour moi. Mais si vous veniez à être capturé, les tortionnaires s’en donneraient à cœur joie. Bien que ma parole prévale sur la vôtre, ce n’est pas une complication que je souhaite, et cela pourrait remettre en question Del Monte en tant que successeur. Dans l’éventualité de votre capture, mes hommes ont ordre de vous tuer, comme sous l’emprise de la colère, mais puisque vous avez prouvé que vous n’êtes pas facile à tuer, les incertitudes abondent. Donc votre échappée est autant dans mon intérêt que dans le vôtre.
– Mon épée, ma dague et ma cuirasse, au cas où j’aie à me battre pour m’enfuir ?
– Tout est prêt. Ainsi que des habits turcs.
– Mon opium et mes pierres précieuses ? »
Quelque chose changea dans l’expression de Ludovico, comme si c’était une question qu’il espérait. « Déjà emballés dans vos sacoches de selle. Les gages ne peuvent garantir la fidélité, mais ils y aident.
– La perspective de la prospérité me donnera des ailes », dit Tannhauser. Puis il ajouta : « Je veux Bors avec moi.
– Non, dit Ludovico d’un ton qui excluait toute négociation.
– Il est en vie ?
– Sain de corps, mais perturbé d’esprit.
– Alors je veux ta parole que tu le libéreras quand je serai parti.
– L’Anglais ne doit sa vie qu’à la possibilité d’être un second assassin, bien inférieur à vous, si jamais vous aviez refusé. Je lui accorderai une mort rapide, rien de plus. » Ludovico écarta les mains. « Si je faisais une fausse promesse, vous auriez des raisons de douter de celles qui sont sincères, et vous savez que Bors doit mourir. Il raconterait cette histoire, quelque part, devant la première cruche de vin. »
Tannhauser fit comme s’il réfléchissait à la question. Il dit : « Je ne veux pas que Bors souffre la damnation. Aura-t-il une chance de faire la paix avec Dieu ? »
Ludovico prit cela pour une preuve d’assentiment formel. « Je l’entendrai moi-même en confession, et je lui dispenserai la sainte communion, dit-il.
– Et les femmes ?
– Quand je quitterai cette salle, Carla partira à cheval avec moi pour Mdina. Puisque je chéris ses faveurs, et que j’ai la joie d’avoir obtenu son consentement à notre mariage, Amparo jouira de tout le luxe et toute la sécurité de notre maisonnée. Vous ne la reverrez plus jamais.
– Et Orlandu ? »
Ludovico le regarda pendant ce qui parut un long moment.
« Mon fils m’est très cher. Et pour Carla, il l’est plus encore. Bors m’a dit que vous l’aviez laissé aux bons soins des Bannières jaunes. Un certain général Abbas bin Murad. »
Il attendait confirmation. Tannhauser hocha la tête.
« La cavalerie de Mustapha protège la retraite vers les navires. Les Bannières jaunes seront parmi les derniers à embarquer. J’assurerai la libération d’Orlandu.
– Le garçon travaille avec les valets d’écurie, dit Tannhauser. S’il y a bataille, le régiment y prendra des chevaux pour remplacer ceux qui auront été tués. S’il
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